PERSONNEL D’ADF
La République démocratique du Congo (RDC) a rejoint officiellement la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) le 29 mars en tant que septième état partenaire de ce block régional.
Moins d’un mois plus tard, la CAE a voté pour établir une force militaire régionale afin de gérer le problème omniprésent des groupes armés qui tourmentent l’Est de la RDC depuis des dizaines d’années.
La CAE a voté pour « accélérer l’établissement [et le déploiement urgent] d’une force régionale pour aider à contenir et, si nécessaire, combattre les forces négatives », selon sa déclaration du 21 avril.
Les dirigeants ont convenu que tous les groupes armés présents en RDC doivent être désarmés et « participer inconditionnellement au processus politique pour résoudre leurs doléances. S’ils manquent à le faire, tous les groupes armés congolais seraient considérés comme des forces négatives et seraient sujets à des actions militaires dans la région. »
Plus de 100 groupes armés sont actifs dans les forêts denses de l’Est de la RDC le long de la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda.
Environ 70 groupes armés ont accepté un cessez-le-feu dans la province du Sud-Kivu en juillet 2021 mais la violence dans la région reste un sujet épineux pour les pays de la CAE. Au cours des dernières années, le Burundi, l’Ouganda, la RDC et le Rwanda se sont accusés mutuellement de soutenir des forces rebelles dans l’Est de la RDC.
Le Kenya et l’Ouganda ont déjà des soldats qui luttent contre les rebelles dans l’Est de la RDC. Le Rwanda souhaitait envoyer des soldats en 2021 mais les politiciens de la RDC ont rejeté cette offre. Dans le cadre du nouvel accord de la CAE, les soldats rwandais feront partie de la force régionale.
La Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, l’une des plus grandes forces de maintien de la paix des Nations unies, est aussi en RDC depuis plus de vingt ans, mais jusqu’à présent elle n’a pas freiné les groupes rebelles violents qui, selon ses estimations, ont tué des milliers de personnes et en ont déplacé des millions.
Bien que les groupes armés avec lesquels elle a demandé à négocier n’aient pas été identifiés par la CAE, des rapports locaux ont reconnu la CODECO et M23, entre autres.
La CAE exige que les autres groupes ayant des liens avec des pays étrangers, notamment les Forebu (insurgés du Burundi), les Maï-Maï, le Front démocratique pour la libération du Rwanda et le Congrès national pour la défense du peuple, quittent la RDC.
Les Forces démocratiques alliées qui ont des liens avec l’État islamique sont considérées comme un groupe terroriste par la RDC et l’Ouganda. Elles ne faisaient pas partie des groupes armés qui ont été invités à l’ouverture des pourparlers de paix le 22 avril à Nairobi (Kenya).
Personne n’était venu à cette réunion pour des « raisons de logistique » mais les représentants de 24 groupes armés ont participé à une autre réunion le 27 avril.
Le président Uhuru Kenyatta du Kenya qui a conduit la réunion et s’est exprimé devant les participants en tant que président de la CAE a déclaré : « Sans déposer les armes et nouer un contrat national indissoluble pour sécuriser la RDC, les fruits de la prospérité que vous méritez, provenant des riches donations, resteront incertains. »
« Sans œuvrer vers l’unité et la cohésion entre tous les habitants de la République démocratique du Congo, chaque section séparée restera à jamais perdante. La RDC mérite de revendiquer et d’affirmer sa place légitime en Afrique et dans le monde. Ceci n’est que le premier pas vers cet objectif réalisable. »
Bien que le dialogue ait été productif, certains critiques sont restés insensibles.
Akilimali Chomachoma, commentateur politique du Nord-Kivu, a déclaré que l’Est de la RDC reste un bourbier à cause du manque de gouvernance.
Il a dit au journal The EastAfrican : « 50 % de ces groupes se sont rendus volontairement aux FARDC [forces armées de la RDC] pour bâtir la paix. Mais ils se sont regroupés après l’échec du processus DDR [désarmement, démobilisation, réintégration]. Les centres de cantonnement où ils allaient rester pendant trois semaines ont fini par les détenir pendant deux mois en moyenne, sans nourriture ni installations sanitaires. »
« Tous ces groupes armés sont retournés dans les forêts et les localités qu’ils contrôlaient parce que l’armée ne s’est pas déployée dans ces zones pour renforcer la sécurité. L’échec du processus de désarmement et démobilisation a facilité la croissance rapide des groupes armés. »
D’autres experts pensent que les négociations sont un pas dans la bonne direction.
Angela Muvumba Sellström, chercheuse principale au Nordic Africa Institute, déclare que les chefs rebelles feraient bien de tenir compte du front uni présenté par la CAE.
Elle a dit à The EastAfrican : « Les groupes armés devraient choisir l’option d’une solution politique négociée ; leurs options pour la continuation de leurs activités [armées] s’amenuisent. »
« Il y a aussi un grand nombre de développements politiques et sécuritaires parallèles et liés au cours des derniers mois qui suggèrent que ce [dialogue] pourrait être un tournant majeur. »