Une nouvelle étude identifie l’Afrique de l’Ouest comme l’une des régions les plus affectées du monde par les abus des employés sur les vaisseaux participant à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN).
Cette étude conduite par le Centre pour les solutions d’océan de l’Université de Stanford a utilisé des sondages anonymes envoyés à des experts des entreprises de fruits de mer, des institutions de recherche et des organisations des droits humains, combinés à des données de suivi des vaisseaux par satellite organisées par Global Fishing Watch, pour identifier les régions à haut risque.
Les Açores, l’Argentine, les îles Falkland et le Pérou sont les autres régions les plus sensibles, selon l’étude.
Son auteur principal, Elizabeth Selig, directrice adjointe du Centre pour les solutions d’océan, a déclaré sur le site web de l’université : « La surveillance en haute mer pose un défi naturel, aussi ces données offrent une première étape cruciale pour aider les parties prenantes à comprendre où conduire des examens plus approfondis. Nous espérons que ces résultats pourront aider à informer une mise en application stratégiquement développée, à focaliser les investissements dans l’aide de développement et à augmenter la traçabilité, en vue finalement de réduire la probabilité que les fruits de mer associés à des abus de travail ou à la pêche illégale soient vendus sur les marchés. »
L’étude révèle que les gouvernements qui contrôlent mal la corruption et qui ont des vaisseaux chinois dans leurs eaux territoriales courent un risque plus élevé d’abus des employés lié à la pêche INN.
Les indicateurs de gouvernance mondiaux définissent un mauvais contrôle de la corruption comme « la mesure dans laquelle le pouvoir public est exercé pour des gains privés, y compris les formes petites et grandes de corruption, ainsi que la “capture” d’un état par des élites et des intérêts privés » et « la mesure dans laquelle le pouvoir public est exercé pour des gains privés ».
La Chine régit la flotte de pêche en eaux distantes la plus grande du monde et cible l’Afrique de l’Ouest depuis des dizaines d’années. Selon l’Indice de pêche INN, la Chine est le pire contrevenant de la pêche illégale. Elle emploie un éventail de tactiques de pêche illégales, par exemple des vaisseaux qui battent un « pavillon de complaisance », lorsqu’une société paie pour que ses vaisseaux battent le pavillon d’un pays particulier alors que le propriétaire bénéficiaire est situé ailleurs.
Les vaisseaux chinois sont aussi bien connus pour utiliser un équipement illégal, pêcher dans les eaux protégées, renverser en pleine mer les bateaux de pêche artisanaux beaucoup plus petits et maltraiter les membres d’équipage africains.
Les pêcheurs ghanéens et kényans qui travaillent à bord des vaisseaux chinois ont parlé publiquement du mauvais traitement par les capitaines et les équipages des navires. Ils travaillent souvent pendant de longues heures dans des conditions déplorables, sont privés d’eau et de médicaments et menacés couramment de violence, et ils sont forcés à rester à bord après l’expiration de leur contrat sans gagner d’argent supplémentaire.
L’étude de Stanford a découvert que les vaisseaux qui restent dans les ports pendant des périodes plus courtes sont plus aptes à commettre des abus d’employés. Plus leur présence au port est courte, moins il est possible pour les autorités portuaires d’avoir le temps d’intervenir ou pour les employés d’accéder aux services du port.
Jessica Sparks, associée du Centre pour les solutions d’océan de Stanford et directrice associée du Labo des droits de l’université de Nottingham, a déclaré sur le site web de l’université : « Les ports sont des lieux rares où on peut identifier et répondre aux abus de travail. Nous devons nous assurer que ces politiques et pratiques permettent aux pêcheurs d’accéder à des agents de confiance et des services portuaires pour qu’ils puissent signaler leur condition en toute sécurité. »
L’étude de Stanford a découvert que, après l’établissement de l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’état du port (PSMA) en 2016, moins de vaisseaux présumés constituer un risque de pêche INN ont visité les ports dans les pays qui avaient ratifié l’accord. Le PSMA requiert des normes d’inspection, des échanges de données et l’entrée ou le refus d’entrée des ports pour les chalutiers battant pavillon étranger.
Parmi les 70 pays qui ont ratifié le PSMA, 24 sont des pays africains.
« Les mesures du ressort de l’état du port sont très prometteuses mais elles doivent être mises en œuvre efficacement et, idéalement, exhaustivement entre les régions, pour que les vaisseaux ne puissent pas échapper à la surveillance en se rendant au port d’un pays voisin, déclare le Dr Selig sur le site web de l’université. Nous avons besoin d’une ratification régionale et d’une mise en œuvre efficace. »