PERSONNEL D’ADF
Les autorités somaliennes se sont engagées à réprimer la pêche illégale pratiquée par les vaisseaux étrangers dans les eaux territoriales du pays et à protéger les moyens de subsistance des 70.000 personnes qui travaillent dans le secteur de la pêche.
L’annonce du gouvernement a été faite à la fin octobre, plusieurs semaines après l’extension de la zone territoriale de la Somalie dans l’océan Indien par la Cour internationale de justice. Cette décision a réduit la taille des zones océaniques qui appartenaient précédemment au Kenya.
Après des années de réduction des attaques de piraterie en Somalie, les flottes de pêche, principalement originaires de l’Iran et du Yémen, mais de plus en plus de la Chine, ont fait de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (IUU) un défi majeur qui coûte au pays des millions de dollars par an.
« La pêche illégale en Somalie est une catastrophe nationale et l’un des plus grands désastres affectant les ressources de Somalie », a déclaré le procureur général somalien Suleiman Mohamed Mohamud dans un rapport publié par le site web somalien d’actualités Garowe Online.
Bien que la Somalie ait promis de mieux surveiller son littoral de 3.333 km, les experts déclarent que le pays fait face à des défis de capacité.
Ian Ralby, expert en sécurité maritime et auteur de nombreux articles sur les questions de pêche, a déclaré à ADF : « La plupart des états font des efforts insuffisants sur ce point, et certainement la Somalie, avec ses capacités régionalisées ponctuelles qui varient de façon incohérente d’une région à l’autre, ne possède pas la capacité nécessaire pour contrôler toute la zone économique exclusive de son énorme littoral. Cela ne l’empêche pas d’adopter de nouvelles lois ou une nouvelle politique, mais cela l’empêche évidemment de pouvoir les mettre réellement en application. »
La Somalie doit aussi surmonter la corruption de ses officiels des pêches pour que toute nouvelle loi soit respectée, comme le suggère une étude de juillet 2021 conduite par la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale).
M. Ralby, président-directeur général d’I.R. Consilium, est d’accord. Il déclare que la corruption menace l’intégrité globale du secteur des pêches et conduit souvent à des entreprises de pêche étrangères qui battent un « pavillon de complaisance » pour éviter les autorités et les amendes liées à la pêche illégale.
« Il y aura des navires de pêche étrangers qui versent des paiements pour être enregistrés en Somalie. Ils peuvent battre pavillon somalien et il peut même exister une société symbolique basée en Somalie qui détient et gère le vaisseau, mais le propriétaire bénéficiaire est basé ailleurs. Ceci se produit souvent avec la complicité de divers hauts fonctionnaires. »
L’afflux récent des navires de pêche chinois en Somalie a conduit à des plaintes d’abus de la part des marins indonésiens employés à bord des chalutiers chinois.
En août, quatre employés indonésiens ont sauté d’un vaisseau de pêche chinois dans les eaux somaliennes après avoir dit qu’ils avaient été battus et laissés sans nourriture. Trois d’entre eux ont flotté dans l’océan pendant des heures jusqu’à ce qu’ils soient récupérés par ce même bateau. Le quatrième s’est noyé. Des marins ghanéens et kényans ont émis récemment des plaintes similaires à bord des vaisseaux de pêche chinois.
Les matelots indonésiens ont déclaré à l’Environmental Justice Foundation (EJF, Fondation pour la justice environnementale) que les navires chinois pêchent habituellement en Somalie sans autorisation et utilisent un équipement illégal tel que des filets de chalut.
Les matelots ont aussi affirmé que les chalutiers chinois attrapaient des espèces protégées ou menacées telles que les requins-baleines, les dauphins et les tortues, et qu’ils ont été forcés d’arracher les ailerons des requins avant de jeter le reste du corps par-dessus bord, pratique que l’EJF caractérise de « barbare et gaspilleuse ».
La Chine détient la flotte de pêche en eaux distantes la plus grande du monde et elle est le premier contrevenant du monde pour la pêche IUU, selon l’Indice de pêche IUU.