LES ÉQUIPAGES DES CESSNA 208 UTILISENT DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR SAUVER DES VIES
PERSONNEL D’ADF
Le Festival annuel de l’Aïr à Iférouane, au Niger, a attiré les foules de l’ensemble de la région septentrionale du pays. Les participants à cet événement ont célébré la riche culture touareg par la musique, le chant et la danse.
Deux hommes en route pour le festival n’y sont jamais arrivés. Leur SUV a sauté sur une ancienne mine terrestre à environ 13 h, le 22 février. La déflagration a transpercé le SUV, dont l’un des deux occupants a perdu un pied dans l’explosion. L’autre occupant du véhicule a subi un traumatisme causé par l’impact.
Heureusement, deux avions militaires de transport nigériens Cessna 208 se trouvaient sur une piste à proximité du festival. Certains de leurs membres d’équipage avaient suivi pendant plusieurs mois une formation intensive à l’évacuation médicale (CASEVAC) dans le cadre de la préparation à l’exercice Flintlock 2014. Leur formation, leur rapidité et leur aptitude à transporter les blessés en avion vers un hôpital d’Arlit pourraient bien avoir sauvé une vie.
« Lorsque nous avons entendu parler de ce qui s’était passé, de l’explosion, nous avons préparé le Cessna. Il est fait pour les évacuations médicales », a raconté le commandant Sidio Ka Ismael Ka, le pilote qui a ramené les deux patients à Arlit.
Généralement, le Cessna 208 peut transporter 10 personnes, y compris les membres de l’équipage. Toutefois, ces deux avions, don des États-Unis au Niger, peuvent chacun recevoir deux brancards, si les membres d’équipage enlèvent quelques sièges.
Une fois que les deux blessés ont été embarqués dans l’avion, le commandant Ka et les deux membres d’équipage se sont immédiatement mis au travail. Ils ont enlevé les sièges, attaché un brancard au moyen de sangles et suspendu un sac pour perfusion intraveineuse pour le blessé grave. L’un des deux mécaniciens navigants, le sergent-chef Ibrahim Moussa, a appliqué un garrot autour de la jambe du blessé pour arrêter l’hémorragie. Le second passager a été capable de rester assis en position verticale pendant les 30 minutes du vol. Le blessé grave a subi une intervention chirurgicale et a survécu.
Cette réaction réussie était l’aboutissement d’une formation qui a commencé en 2013. Les États-Unis ont formé environ 30 personnes, notamment des médecins, des infirmiers, des intervenants en situation d’urgence et des membres d’équipage. Les Nigériens ont appris à piloter les Cessna 208 et reçu une formation médicale. Ils ont appris le rassemblement au sol pour le transport et la mise en place des équipements médicaux sur l’avion. D’août à décembre 2013, chacun des trois sessions a offert aux stagiaires de 60 à 80 heures de formation et 20 heures de vol. Les Nigériens forment à présent leurs propres équipages, membres du personnel médical et sapeurs-pompiers.
Les équipages se sont entraînés en vol de jour et en vol de nuit. Vers la fin 2013 et le début de l’année 2014, les Nigériens ont validé les compétences qu’ils avaient acquises au moyen d’une série de simulations d’exercices d’évacuation des blessés. Ils ont également suivi une formation au commandement et au contrôle. Le lieutenant-colonel Alvin Scott de l’U.S. Air Force Special Operations Command (Haut Commandement des Opérations spéciales de l’Armée de l’Air des États-Unis) a déclaré que l’objectif était d’institutionnaliser les capacités du Niger sur le plan de l’évacuation médicale.
« La formation que nous avons suivie a développé d’exceptionnelles compétences tactiques à l’arrière de l’appareil. Toutefois, nous sommes encore en train de mettre au point et de travailler sur les documents d’orientation au niveau national qui doivent voir le jour pour s’assurer que le programme sera viable à long terme », a expliqué le lieutenant-colonel Alvin Scott.
Les capacités en matière d’évacuation médicale présentent de multiples avantages pour le Niger. En février 2014, l’un des équipages de Cessna a récupéré un soldat qui avait été blessé dans une zone reculée à environ deux heures de vol au nord-est d’Agadez. Ils l’ont transporté à Niamey. Une telle aide est de nature à rehausser le moral parce qu’elle montre aux militaires que le gouvernement national a la volonté et les capacités de s’occuper des siens.
Pendant la même mission, l’avion a récupéré une femme enceinte atteinte de paludisme, démontrant ainsi qu’il est également possible d’aider les civils. Ultérieurement, cette capacité pourrait devenir une source de revenu pour le pays. Par exemple, si une entreprise étrangère exerçant une activité au Niger a besoin de transporter ses employés dans des hôpitaux ou de les évacuer de sites dangereux, les Cessna et les équipages formés sont disponibles.
Divers éléments de la formation à l’évacuation médicale ont été abordés tout au long de l’exercice Flintlock. À Agadez, les Nigériens ont pratiqué le transport de brancards remplis de sacs de sable sur des buttes de terre représentant des obstacles. Pendant un service de consultations externes dans le village de Gofat, des Mauritaniens et des Nigériens ont pratiqué le transport des patients jusqu’aux hélicoptères et depuis les hélicoptères mais aussi se sont efforcés de mettre en place une coopération multinationale.
Le Dr Cheikh Aboubacar, chirurgien en chef dans l’armée de l’air nigérienne, à Niamey, a observé les militaires pratiquer le maniement des brancards à Agadez. Il a dit qu’il était satisfait de la manière dont la formation a contribué à renforcer les capacités des Nigériens en matière d’évacuation médicale.
« Je pense que cette formation nous procure certaines capacités de prendre en charge tout d’abord la totalité de nos soldats, puis d’autres blessés qui ont besoin d’avoir accès à l’évacuation médicale dans l’ensemble du Niger. »