PERSONNEL D’ADF
L’Éthiopie et les Nations unies ont ouvert une plaque tournante du transport humanitaire à l’aéroport d’Addis-Abeba pour acheminer le matériel et les professionnels de l’aide humanitaire en Afrique dans la lutte contre le Covid-19.
Ce dispositif, auquel participe l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’appuie sur des services de transport de fret fournis par Ethiopian Airlines. Il pourrait aussi compenser partiellement les grosses pertes enregistrées par la plus grande ligne aérienne d’Afrique du fait de la pandémie, selon un reportage de l’Agence France-Presse.
Un envoi initial de 3.000 mètres cubes de matériel, pour la plupart des équipements de protection personnelle pour le bénéfice des professionnels de la santé, sera distribué au cours de la semaine prochaine, selon Steven Were Omamo, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Éthiopie.
« C’est une plateforme vraiment importante dans la réponse au Covid-19, parce que son objectif est de nous permettre d’assurer le transport de façon rapide et efficace, afin d’adresser les besoins à mesure qu’ils se manifestent », déclare M. Omamo.
À bord du vol affrété de la ligne Ethiopian Airlines se trouvent 1 million de masques faciaux, de gants, de lunettes de protection, de respirateurs et autre équipement essentiel, selon les Nations unies.
« Nous avons constaté maintes fois que nos professionnels de la santé sont victimes des maladies contagieuses, et parfois trouvent la mort, lorsqu’ils travaillent dans les hôpitaux », déclare Matshidiso Moeti, directeur régional de l’OMS en Afrique. « Ceci est inacceptable. Cet équipement de protection personnelle assurera leur sécurité. L’OMS s’est engagée à protéger ceux qui se trouvent en première ligne des soins de santé. »
Il y a suffisamment de matériel pour protéger les professionnels de la santé qui traitent plus de 30.000 patients sur le continent, déclare Elisabeth Byrs, porte-parole du PAM.
« C’est de loin le plus grand envoi de matériel depuis le début de la pandémie. Cela va assurer que les habitants de certains pays ayant des systèmes de santé parmi les plus vulnérables puissent recevoir des tests et des traitements, et que les professionnels de la santé qui se trouvent en première ligne soient correctement protégés », déclare Mme Byrs.
Le point d’entrée d’Addis-Abeba est l’une des huit plaques tournantes mondiales de l’aide humanitaire, établies pour faciliter l’acheminement du matériel d’aide pour lutter contre le Covid-19, selon le PAM. En Afrique, les autres plaques tournantes se trouvent au Ghana et en Afrique du Sud.
L’Afrique n’a pas été touchée par le Covid-19 aussi durement que certaines autres régions, mais les experts s’inquiètent d’un influx de cas qui pourrait accabler les systèmes de santé. En date du 14 avril, il y avait 15.249 cas confirmés de Covid-19 sur le continent, ayant provoqué 816 décès, selon les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies.
Les dirigeants se préoccupent aussi du coût économique sur le continent.
Une étude de l’Union africaine avertit que 20 millions d’emploi, dans les secteurs formel et informel, étaient en péril.
Ethiopian Airlines a annoncé qu’elle se préparait à faire face à des pertes de revenu à la hauteur de 550 millions de dollars entre janvier et avril, selon un reportage de l’AFP. Pour adoucir cet impact, la compagnie aérienne compte sur les opérations de fret, de maintenance et d’affrètement.
Toutefois, Ethiopian Airlines souhaite toujours jouer « un rôle majeur » dans la lutte de l’Afrique contre le Covid-19, et la plaque tournante de transport humanitaire sera active au moins jusqu’à la fin mai, déclare Fitsum Abadi, directeur général des services de fret et de logistique de la société.
Mais M. Fitsum reconnaît que les opérations de fret ne compenseront jamais la perte de la majorité du transport de passagers enregistrée par la ligne aérienne.
« Cette division ou cette unité commerciale est la deuxième unité commerciale produisant le plus de revenus, mais elle ne peut pas compenser la totalité des pertes auxquelles la ligne aérienne fait face, déclare-t-il à l’AFP. Nous aidons donc la ligne à traverser cette période difficile, pas aussi sainement que nous l’aimerions, mais dans une situation tout de même saine. »