Les forces de sécurité du Nigeria ont réorganisé et refocalisé leurs efforts sur les frontières du Nord et de l’Ouest du pays au cours des dernières semaines. Des chefs militaires nouvellement désignés tournent leur attention vers une menace émergente dangereuse.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), organisation terroriste la plus meurtrière d’Afrique de l’Ouest, a revendiqué la responsabilité de sa première attaque connue au Nigeria, dans laquelle un soldat a trouvé la mort et des munitions, de l’argent et des équipements ont été saisis le 29 octobre dans l’État de Kwara, près de la frontière de l’Ouest du Nigeria avec le Bénin.
Le jour suivant, le président Bola Tinubu a ordonné à ses chefs militaires nouvellement nommés de confronter les nouveaux groupes armés dans le centre Nord, le Nord-Ouest et certaines zones du Sud du Nigeria.
Il a déclaré après une cérémonie à la villa présidentielle : « Nous ne devons pas permettre à ces nouvelles menaces de s’envenimer. Nous devons être décisifs et proactifs. Frappons à la tête ces nouveaux serpents. … Les Nigérians s’attendent à des résultats, pas des excuses. »
« Je vous conseille d’agir ensemble en équipe. Comparez les notes, échangez les informations efficacement et faites le suivi proactivement pour assurer un processus transparent. Travaillez avec les autres agences de sécurité et infligez une fois pour toute une défaite à cet ennemi. Nous devons les nettoyer, les balayer. Je vous promet de fournir tout l’appui dont vous avez besoin pour ce travail. »
Le GSIM est un affilié d’Al-Qaïda qui s’est manifesté en provenance du Nord du Mali et cherche à établir un califat dans toute l’Afrique de l’Ouest. Son entrée au Nigeria complique plus encore les choses pour les Forces armées du Nigeria, qui se battent depuis 2009 contre Boko Haram et contre plusieurs autres groupes terroristes dissidents.
Le politologue nigérian Folahanmi Aina déclare que l’attaque dans l’État de Kwara était stratégique, compte tenu de son lieu dans le centre du Nigeria et sa proximité du Territoire de la capitale fédérale, siège du pouvoir fédéral.
Il écrit dans un article du 14 novembre pour The Conversation Africa : « Étant donné la force et les capacités du GSIM, le groupe représente aujourd’hui une menace existentielle pour le Nigeria, qui fait déjà face à de multiples menaces de sécurité. Mais le groupe peut être rapidement repoussé si les mesures correctes sont en place. »
Les experts déclarent que les terroristes du GSIM avaient déjà commencé à s’installer au Nigeria en 2021 dans la forêt de Kainji, qui chevauche la frontière du Bénin et inclut certaines zones des états nigérians de Kwara et Niger.
« Il est probable que le GSIM a opérationnalisé des cellules de soutien arrière au Nord-Ouest du Nigeria pour ouvrir un deuxième front au Bénin », écrit le 18 juin le chercheur Liam Karr dans le Dossier Afrique du Projet des menaces critiques.
Les militants du GSIM conduisent des attaques au Bénin depuis avril, notamment près de la frontière avec le Nigeria. Le groupe est actif depuis plusieurs années sur des routes de contrebande aux frontières de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Sénégal, du Togo et maintenant du Bénin.
Le 12 juin, le GSIM a attaqué un avant-poste militaire dans la localité béninoise de Basso, à moins de 5 km de la frontière nigériane. Le 12 juillet, le GSIM a affiché une vidéo prise du côté nigérian de la frontière avec le Bénin, en indiquant son intention d’établir une katiba ou brigade dans le pays le plus peuplé d’Afrique de l’Ouest et d’intensifier ses attaques contre ses voisins du littoral.
Le chercheur Taiwo Hassan Adebayo de l’Institut pour les études de sécurité a déclaré à l’Africa Report : « Les signes avant-coureurs existent depuis longtemps et se multiplient à mesure que le groupe étend sa portée vers le golfe de Guinée. Plusieurs états nigérians ont des frontières poreuses et mal gardées avec le Bénin et le Niger. Malheureusement, les mesures prises sont rares. »
« Le Nigeria doit agir rapidement avant que le problème n’empire. Le GSIM peut semer le chaos en faisant appel aux réseaux de groupes armés. »
Le Dr Aina pense que le Nigeria a amélioré ses efforts de contre-terrorisme avec des approches militaires et non militaires. Toutefois, beaucoup de travail reste à faire pour empêcher le GSIM de gagner du terrain.
« Une première étape consisterait à renforcer la sécurité et la gestion des frontières en utilisant des technologies de pointe, notamment la technologie de reconnaissance faciale et les drones, afin de les ajouter au renseignement humain sur le terrain, dit-il. L’établissement de postes militaires provisoires dans la région du centre Nord du Nigeria pour permettre un déploiement rapide fournirait des bastions offensifs contre l’avancée et l’expansion des groupes armés dans la région du centre Nord. »
