Le gouvernement somalien veut accroître la taille de ses forces armées à 100.000 soldats pour stopper le groupe terroriste des Chebabs, qui contrôle certains secteurs de ce pays de la Corne de l’Afrique. Un chercheur qualifie la menace terroriste actuelle de « crise qui s’aggrave ».
Le ministre de la Défense Ahmed Moallim Fiqi déclare que son pays nécessite une armée beaucoup plus grande pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale, selon le reportage de l’agence de presse somalienne Garowe Online du 9 novembre.
La Somalie lutte contre le groupe terroriste depuis près de vingt ans et elle est aidée par la mission de soutien et stabilisation de l’Union africaine en Somalie. Les opérations de maintien de la paix ont commencé cette année, lorsque la nouvelle mission remplaça la mission précédente de transition de l’Union africaine en Somalie. Les objectifs de la mission actuelle sont la stabilisation du pays, l’assistance à la lutte contre les Chebabs et, finalement, le transfert de toutes les responsabilités de sécurité au gouvernement somalien.
Bien que la mission de l’UA reste importante, selon M. Fiqi, le pays doit bâtir son propre système de défense indépendant.
« La vraie sécurité sera obtenue uniquement lorsque les soldats somaliens, et non pas des soldats étrangers, seront responsables pour protéger notre peuple et nos frontières », déclare le ministre.
Les Chebabs sont l’un des affiliés les plus puissants d’Al-Qaïda, et ils exploitent la capacité gouvernementale et les crises humanitaires de la Somalie en lançant « des attaques systématiques contre les forces gouvernementales, les gardiens de la paix étrangers et les civils », selon le Center for Preventative Action (CPA). Comme d’autres groupes terroristes actifs en Afrique, les Chebabs ont pour but de détruire le gouvernement fédéral et d’imposer une interprétation rigide de la charia.
Le groupe terroriste avait atteint son point culminant en Somalie en 2011 lorsqu’il contrôlait certaines zones de la capitale de Mogadiscio et le port de Kismaayo. Les forces somaliennes œuvrant avec les gardiens de la paix de l’UA ont chassé les Chebabs de la capitale et d’autres zones.
Pour revitaliser leur insurrection, les Chebabs ont annoncé qu’ils avaient rejoint Al-Qaïda en février 2012 et se sont regroupés, en lançant une série d’attaques en Afrique de l’Est. Le groupe a intensifié ses attaques en Somalie depuis lors, en exploitant les échecs des contre-offensives soutenues internationalement et la faiblesse croissante des capacités du gouvernement somalien, selon un rapport du CPA.
LES ESTIMATIONS VARIABLES DES EFFECTIFS
On estime que les Forces armées somaliennes ont actuellement des effectifs de 30.000 à 40.000 soldats.
L’indice de classement de la puissance militaire indique que la Somalie possède aussi des effectifs paramilitaires de 10.000, y compris des unités spéciales de police et des milices de clan.
Les journalistes et les chercheurs déclarent que la menace des Chebabs en Somalie est particulièrement intense. Dans un rapport de novembre 2025 publié par le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, le chercheur Matt Bryden dit que la Somalie fait face à « une crise qui s’aggrave concernant une insurrection djihadiste ascendante, une opération de soutien de paix chancelante, une polarisation politique interne et une concurrence géopolitique régionale ».
Selon le chercheur, le gouvernement somalien contrôle uniquement Mogadiscio et quelques localités voisines. Il écrit que, sans changement de cap dramatique, le gouvernement fédéral de Somalie fera face à l’effondrement et à la prise de contrôle de la capitale par les Chebabs.
« Il peut être toujours possible pour la Somalie d’éviter la catastrophe et de reprendre la voie de la reprise, mais c’est principalement un défi politique plutôt que militaire. Les Chebabs peuvent être vaincus uniquement par une action militaire sur de multiples fronts, avec l’objectif stratégique de démanteler leurs bastions dans la vallée du Jubba et le Sud-Ouest de la Somalie. »
Les chercheurs remarquent aussi que les Forces armées somaliennes (FAS) ont tiré les leçons de leur expérience dans la lutte contre le terrorisme.
Le classement de la puissance militaire déclare en 2025 : « L’armée somalienne est en plein milieu d’un processus de reconstruction à long terme : un réseau sécuritaire fragmenté se transforme peu à peu en force nationale de défense efficace. Bien qu’elles soient loin d’avoir atteint la parité des forces conventionnelles avec les puissances régionales, les FAS deviennent de plus en plus actives dans les opérations de contre-insurrection, stabilisation urbaine et reconquête territoriale. »
Il dit que le pays enregistre de vrais progrès, bien que les forces armées restent peu pourvues en personnel :
« Son classement actuel reflète à la fois sa capacité conventionnelle limitée et son évolution en cours, en reconnaissant que les forces de défense somaliennes, bien que manquant de ressources, sont engagées dans des combats en temps réel avec un élan institutionnel croissant. »
