Les policiers somaliens formés en Turquie se battent en première ligne dans la lutte du pays contre les Chebabs, en dirigeant des unités de contre-terrorisme et d’opérations spéciales contre le groupe qui contrôle de vastes territoires dans le centre et le Sud de la Somalie.
Vers la mi-octobre, plus de 300 membres de la force de police nationale somalienne sont rentrés au pays après plusieurs mois de formation en contre-terrorisme, sécurité publique et leadership à l’Académie de police turque d’Ankara. Le programme fait partie d’un accord bilatéral visant à améliorer la sécurité intérieure de la Somalie et le combat contre l’extrémisme violent.
Le général de brigade Ahmed Ali Nur, commissaire de police adjoint de Somalie, déclare au magazine African Impact : « Ce partenariat reflète notre engagement commun envers une Somalie plus sécurisée et plus stable. La formation a doté nos officiers d’aptitudes modernes de police, de discipline et de confiance pour protéger plus efficacement les citoyens. »
La Turquie entraîne aussi les forces spéciales de l’armée somalienne. En avril 2024, elle a convenu de relancer le programme d’entraînement de la police après sa suspension il y a quelques années. Deux mois auparavant, les deux pays avaient conclu un pacte de défense et de coopération économique visant à améliorer les relations bilatérales et la stabilité régionale.
Le colonel de gendarmerie turc Tansu Utku, conseiller interne à l’ambassade turque de Mogadiscio (capitale de Somalie), a déclaré que l’expertise turque de mise en application des lois avait été instrumentale pour reconstituer les institutions de police somaliennes, après la restauration du gouvernement fédéral en 2012.
« Le transfert de l’expérience acquise pendant des années par les agences de police affiliées à notre ministère de l’Intérieur aux agences de police des pays amis et alliés contribue fortement à la sécurité à l’échelle mondiale et régionale », a-t-il dit à l’agence Anadolu.
Selin Kaya, porte-parole du ministère de l’Intérieur de Turquie, a déclaré au magazine African Impact que cette coopération est « un partenariat érigé sur le respect mutuel et la vision partagée », en ajoutant que la Turquie reste engagée à soutenir la lutte actuelle de la Somalie contre le terrorisme et le crime organisé.
Une carte publiée par Critical Threats Project le 17 avril montre que les Chebabs ont restauré leur contrôle de plusieurs zones clés, notamment El Buur, El Dhere, Mahas et Adan Yabaal dans les régions de Galguduud, Mudug et Hiiraan. Ces gains permettent aux Chebabs de joindre à nouveau leurs zones de soutien dans le centre et le Nord de la Somalie, et de menacer les routes clés reliant Mogadiscio à l’intérieur du pays.
Le 21 avril, la Turquie a déployé au moins 400 soldats à la base militaire de Camp TurkSom, selon le reportage du site somalien d’actualité Hiiraan Online. Les troupes font partie d’un plus grand contingent de 2.500 soldats dont le déploiement a été approuvé par la Turquie en juillet 2024. Les forces turques aideront à construire un site de test pour le tir des roquettes et fourniront notamment un soutien aérien et une formation militaire aux soldats somaliens.
« Le déploiement turc vise à aider à “améliorer les défenses de la ville” et à “protéger les installations vitales” », a déclaré Rashid Abdi, directeur de la recherche au groupe de réflexion Sahan Global, à Hiiraan Online.
À la fin mai, la Turquie a déployé 500 soldats de plus, y compris 300 commandos et 200 pilotes de drone, à Camp TurkSom. Ce campement qui avait été ouvert en 2017 a depuis lors entraîné environ 16.000 soldats somaliens, y compris des unités d’élite telles que les commandos Gorgor et la police paramilitaire Haramad.
Selon Somali Magazine, un aspect crucial du déploiement est l’introduction du drone Akinci fabriqué par la Turquie, doté d’un équipement de vision nocturne et d’une autonomie de 24 heures. Le drone aidera à traquer et frapper les cibles chebabs, en particulier pendant la nuit lorsque le groupe est plus actif. Les responsables déclarent qu’un nombre additionnel de drones pourraient être déployés et qu’un soutien d’artillerie pourrait être fourni si nécessaire.
Bien que les chebabs aient une réputation de résilience, les forces somaliennes et internationales ont enregistré récemment des succès contre le groupe. Le 27 octobre, une frappe aérienne de précision dans la localité de Bu’ale au Jubaland a tué Mohamud Abdi Hamud, connu aussi sous le nom de Jacfar Gurey, membre fondateur du groupe terroriste qui était devenu son directeur du renseignement.
L’opération qui l’a tué a démontré « une grande coordination et unité d’effort entre le gouvernement fédéral de Somalie et ses partenaires internationaux dans la lutte en cours contre les Chebabs, afin d’assurer la sécurité, la stabilité et la paix durable pour le peuple somalien », a déclaré le ministère de la Défense de Somalie.