L’Algérie et l’Espagne ont annoncé le renouvellement de leur engagement à combattre les menaces communes. La collaboration entre les deux pays séparés par la mer Méditerranée se concentrera sur la lutte contre le terrorisme, la traite humaine et la contrebande des drogues tout en améliorant la cybersécurité, la protection civile, la sécurité routière et la gestion des catastrophes.
L’annonce a été faite à la suite d’une réunion du 20 octobre entre le ministre algérien de l’Intérieur Saïd Sayoud et le ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska à Alger. M. Sayoud a déclaré que la coopération « fructueuse » entre les deux pays a atteint « un haut niveau dans de nombreux domaines ».
« La réunion d’aujourd’hui est une opportunité renouvelée d’échanger des opinions et des points de vue sur ces menaces sérieuses, qui exigent que nous unissions nos efforts et œuvrions de façon collaborative pour trouver des solutions durables, conformément aux visions judicieuses et aux hautes directives des premières autorités de nos pays », a dit M. Sayoud dans un reportage de la chaîne de télévision algérienne AL24 News.
M. Grande-Marlaska a souligné que l’Algérie est un partenaire stratégique pour l’Espagne et que les défis affrontés par les deux pays exigent la coopération.
« Nous devons continuer à œuvrer ensemble et coordonner nos efforts et capacités pour confronter le phénomène croissant des réseaux criminels. Ceux-ci, en plus de trafiquer les gens en mettant leur vie en danger, ont intensifié leur participation au trafic de drogue », a-t-il déclaré dans un reportage de La Moncloa, site web officiel du gouvernement espagnol.
Depuis des années, les organisations criminelles utilisent des vedettes de grande puissance pour le trafic de drogue, en général la cocaïne et le haschich, entre l’Algérie et l’Espagne dans les deux directions. Ceci a accru la toxicomanie dans les deux pays.
Les deux ministres s’étaient rencontrés à Madrid la semaine précédant la réunion d’Alger. Les deux pays avaient convenu d’accélérer l’examen des demandes d’assistance judiciaire soumises par le ministère algérien de la justice et concernant la récupération des avoirs acquis par des moyens illicites.
Selon La Moncloa, la réunion de Madrid avait aussi traité de la collaboration en matière de sécurité routière. Une délégation algérienne s’était rendue à la Direction générale du trafic de Madrid à la fin septembre pour obtenir des informations sur la gestion du trafic en Espagne, car l’Algérie avait constaté une augmentation du nombre de victimes d’accidents de la route. Les ministres avaient aussi convenu de coopérer en matière de protection civile et de gestion des urgences.
Les réunions ministérielles ont mis en lumière l’amélioration des relations entre les deux pays. En 2022, l’Algérie avait mis fin à tous les accords d’échange internationaux, ainsi qu’à un traité d’amitié avec l’Espagne remontant à une vingtaine d’années, et avait rappelé l’ambassadeur algérien à Madrid. L’Algérie avait pris ces mesures lorsque l’Espagne avait soutenu la position marocaine concernant le territoire contesté du Sahara occidental. L’Algérie a rejeté les droits du Maroc au territoire.
Les relations entre les deux pays ont commencé à se décongeler en février 2025 lorsque le ministre de l’Intérieur algérien Ibrahim Mourad a visité l’Espagne pour parler avec M. Grande-Marlaska de la coopération entre les agences de sécurité et les institutions pertinentes. Selon la déclaration du ministère de l’Intérieur d’Algérie, la réunion s’est focalisée sur la lutte contre le crime transnational, notamment le trafic des armes, des munitions, des drogues et des précurseurs chimiques, et les crimes cyber et économiques.
Les ministres ont aussi parlé du rétablissement d’un accord de sécurité en vigueur depuis 2009, qui avait établi un comité conjoint de la sécurité servant de passerelle entre l’Agence de renseignement algérienne et le Centre national du renseignement espagnol pour combattre le terrorisme, selon un reportage de la plateforme médiatique espagnole Atalayar.
L’analyste politique Juan José Fernández a déclaré au quotidien espagnol El Periódico que les relations entre les deux pays n’avaient jamais été coupées. Selon lui, un tournant pour restaurer les relations s’est produit lorsque le touriste espagnol Joaquín Navarro avait été enlevé en janvier 2025 par des criminels dans l’intention de le vendre à l’État islamique dans le Grand Sahara. M. Navarro avait été libéré dans un délai de sept jours lors d’une opération que les autorités espagnoles avaient louée comme un testament de la coopération avec l’Algérie.
