L’intensification des attaques par les terroristes liés à l’État islamique dans la province mozambicaine du Cabo Delgado a forcé des dizaines de milliers de civils à s’enfuir de chez eux au cours des dernières semaines. Elle a aussi contribué à un plus long déploiement des soldats rwandais.
Le ministre mozambicain de la Défense nationale Cristóvão Artur Chume et son homologue rwandais Juvénal Marizamunda ont signé un accord sur le statut des forces à Kigali le 27 août pour prolonger la présence des Forces rwandaises de défense (FRD) engagées dans la lutte contre le groupe appelé État islamique au Mozambique (ISMP).
Le général Cristóvão a déclaré lors d’une réunion antérieure en août pour renforcer la collaboration sécuritaire entre les parties : « Notre menace commune dans la région demeure le terrorisme. »
En septembre, l’ISMP a conduit des attaques dans six districts, depuis Balama au Sud-Ouest du Cabo Delgado jusqu’à Mocímboa da Praia dans le Nord-Ouest, selon le projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data).
ACLED a déclaré dans une mise à jour du 17 septembre : « L’attaque de l’ISMP contre les civils dans la localité de Mocímboa da Praia le 7 septembre est la deuxième incursion de ce type depuis septembre 2021, ce qui indique un risque élevé d’attaques futures contre la ville. Selon un rapport, les combattants ont fait du porte-à-porte pour identifier les victimes. »
L’attaque effrontée de l’une des plus grandes localités du Cabo Delgado, centre crucial du commerce et des transports sur la côte du canal du Mozambique, fait partie d’une série d’actes coordonnées de la part des militants de l’ISMP.
Le 12 septembre, le major-général André Rafael Mahunguane, commandant des Forces armées du Mozambique (FADM), a conduit une étude avec le major-général Emmy Ruvusha, commandant de la Force opérationnelle conjointe rwandaise, dans le chef-lieu provincial de Pemba.
Les responsables de la défense rwandais ont déclaré : « La réunion a été organisée dans le but d’évaluer la situation sécuritaire prédominante au Cabo Delgado et d’échanger des points de vue sur cette dernière, en se concentrant sur les progrès enregistrés par les FRD et les FADM pour stabiliser les zones les plus au Nord, qui sont plus affectées par le terrorisme. Les deux parties ont convenu d’intensifier les opérations conjointes afin de maintenir la paix et la stabilité dans la région. »
L’ISMP a lancé des attaques doubles dans l’extrême Nord et l’extrême Sud du Cabo Delgado en juillet. Un groupe de 60 combattants s’est dirigé vers le Sud dans les districts d’Ancuabe et de Chiúre, sans rencontrer de résistance de la part des forces mozambicaines. C’était la quatrième incursion de l’ISMP dans les districts du Sud depuis le début 2024.
ACLED a écrit dans sa mise à jour du 7 août : « Les mouvements continuels et les attaques de l’ISMP dans le Nord de la province indiquent que l’avancée vers Chiúre était une action tactique plutôt qu’une fuite. En plus de défier l’armée mozambicaine, une campagne de propagande soutenue liée à l’opération a maintenue l’attention du public tournée vers l’ISMP en tant que force dans le Nord du Mozambique. »
La situation est complètement inversée par rapport aux gains enregistrés au début 2024, lorsque les forces rwandaises avaient aidé à chasser la plupart des militants hors du Cabo Delgado. On signale que les effectifs de l’ISMP avaient chuté d’un maximum de 2.500 combattants à environ 280, selon les Nations unies.
Environ 1.000 soldats et policiers rwandais ont été déployés au Cabo Delgado pour la première fois en juillet 2021 pour aider à contrôler l’insurrection qui terrorise la province septentrionale du pays depuis 2017.