Trois milices pro-gouvernementales du Faso, y compris les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), ont attaqué la ville de Solenzo dans l’Ouest du pays le 10 mars. Cette attaque meurtrière de deux jours a causé la mort de plusieurs dizaines de civils. Comme dans plusieurs autres attaques commises par les forces de sécurité du Burkina Faso, leurs alliés et les groupes terroristes, des enfants se trouvaient parmi les victimes.
Le Conseil de sécurité (CS) des Nations unies a récemment publié un rapport qui se concentre sur les enfants et le conflit armé au Burkina Faso entre le 1er juillet 2022 et le 30 juin 2024. Le CS signale 2.483 infractions graves concernant 2.255 enfants, y compris 1.310 garçons, 750 filles et 195 enfants de sexe non identifié. Plus de 220 enfants ont été victime d’une maltraitance répétée.
Les infractions graves incluent l’assassinat ou la mutilation des enfants, les enlèvements et le recrutement dans les groupes terroristes, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Ces deux groupes utilisent typiquement les enfants dans les combats
« J’exhorte tous les combattants dans les conflits du Burkina Faso à mettre fin immédiatement aux infractions graves, à relâcher immédiatement tous les enfants qu’ils détiennent et à respecter le droit humanitaire international et les droits de l’homme internationaux », a déclaré Virginia Gamba, représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, dans le rapport.
Selon ce rapport, les groupes armés étaient responsables pour 1.610 infractions, y compris 501 cas liés aux forces de défense et de sécurité et aux milices pro-gouvernementales. 372 autres infractions n’ont pas pu être attribuées à un groupe particulier. Certains décès d’enfant ont été dus à des incidents de tir croisé entre des contrevenants non identifiés. Un total de 920 enfants ont été tués et 466 mutilés, y compris 190 tués ou mutilés par des engins explosifs improvisés ou des vestiges de guerre explosifs. Une fillette est morte après avoir été violée et 20 enfants sont morts lorsqu’ils ont été brûlés vifs.
Les autorités burkinabés ont organisé une formation pour les forces de défense et de sécurité et pour les VDP concernant la protection des droits de l’enfance pendant les opérations militaires. Mme Gamba a accueilli cette mesure et a exhorté les forces à « prendre des précautions concrètes de prévention pour protéger les enfants pendant les opérations militaires, y compris lors des attaques contre les campements des groupes armés où les enfants associés à ces groupes pourraient être présents ».
Selon le rapport, 257 enfants (255 garçons et 2 filles) âgés de 10 à 17 ans ont été recrutés et utilisés par les groupes terroristes, y compris 193 par le GSIM et 44 par l’EIGS. Le recrutement et l’utilisation des enfants par les groupes terroristes ont atteint un point culminant au quatrième trimestre 2023.
Les facteurs conduisant au recrutement et à l’emploi des enfants « incluent l’enlèvement, la persuasion par les chefs locaux, les membres de la famille ou les parents, l’incitation avec des promesses de gain pécunier de la part des groupes armés, et la vengeance », selon le rapport.
Dans la plupart des cas, les enfants recrutés ont été utilisés dans les combats. En novembre 2023, 111 enfants recrutés par le GSIM ont été tués par des frappes aériennes exécutées par les forces burkinabés pendant une contre-offensive dans la région du Sahel.
« J’exhorte vivement toutes les parties du conflit à ne pas cibler les civils, notamment les enfants, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de nuire aux enfants dans la conduite de leurs opérations, et de respecter strictement leurs obligations en vertu du droit international », a déclaré Mme Gamba dans le rapport.
Pendant la période du rapport, 25 garçons ont été détenus dans une prison de haute sécurité de Ouagadougou, capitale du pays, pour leur association présumée avec les groupes armés. Six d’entre eux ont été détenus pendant plusieurs années. Ils ont tous été arrêtés pendant des opérations militaires.
L’ONU a aussi relevé 79 attaques contre des écoles et 53 contre des hôpitaux. En date de juin 2024, 21 % des écoles du pays avaient fermé leurs portes, affectant ainsi 844.203 enfants. On estime que 6,3 millions de personnes, y compris 3,4 millions d’enfants, nécessitent une protection et un soutien de nutrition et de santé. Plus de 2 millions de personnes, pour la plupart des enfants, ont été déplacées pendant la période du rapport.
Le gouvernement du Burkina Faso n’a pas actualisé le nombre de déplacés internes depuis mars 2023, mais les diplomates et les responsables humanitaires estiment que ce chiffre est aujourd’hui entre 3 et 5 millions, selon un rapport du Centre d’études stratégiques de l’Afrique.