PERSONNEL D’ADF
La Marine d’Afrique du Sud, jadis la plus puissante du continent, est maintenant en difficulté après des années de restriction budgétaire qui l’ont forcée à renoncer à la maintenance et au recrutement qu’elle nécessitait.
Le nombre d’heures en mer enregistré par la Marine a chuté de plus de 75 % depuis 2018, pour atteindre à peine plus de 2.700 heures cette année. Le service mal financé a un déficit de personnel de 3.000 personnes pour des effectifs opérationnels planifiés à plus de 9.500. La Marine a été forcée d’annuler une mission de circumnavigation du continent africain lorsque le SAS Amatola, navire principal, a été déclaré impropre à la navigation.
La Marine d’Afrique du Sud, autrefois la marine la plus puissante de l’Afrique subsaharienne, peut aujourd’hui à peine accomplir sa mission primaire, consistant à surveiller et protéger la vaste zone économique exclusive (ZEE) du pays. La ZEE de 1,8 million de km carrés d’Afrique du Sud est plus vaste que le territoire du pays et contient certaines des eaux les plus sensibles de la planète.
« Sur ce point, je dois être honnête et dire que la Marine du Sud-Afrique a seulement une idée très basique de ce qui se passe dans notre ZEE à tout moment », a déclaré récemment le vice-amiral Monde Lobese, chef d’état-major de la Marine, lors du festival de la Marine en Afrique du Sud.
La Marine n’est pas la seule. L’Armée de l’air d’Afrique du Sud a cloué au sol un grand nombre de ses chasseurs de pointe et ses hélicoptères à cause des problèmes de maintenance non budgétisés. Les sites web du département de la Défense sont restés inactifs depuis plus d’un an. Le budget de la Défense d’Afrique du Sud est environ 0,7 % de son produit national brut, soit le tiers de la moyenne mondiale.
La baisse des capacités de connaissance du domaine maritime de l’Afrique du Sud la rendent vulnérable aux incursions des navires de pêche illégaux, des trafiquants de drogue et autres criminels de la mer. Les difficultés sont devenues plus grandes lorsque les entreprises internationales de transport maritime se sont réacheminées autour du Cap de Bonne-Espérance pour éviter les attaques potentielles des rebelles houthistes du Yémen dans la mer Rouge. Les traversées des eaux d’Afrique du Sud ont augmenté d’environ 60 % depuis le début des attaques de missile en mer Rouge l’an dernier.
L’amiral Lobese note que la perte de revenu estimée à 340 millions de dollars à cause de la pêche illégale pourrait permettre d’acquérir quatre navires patrouilleurs côtiers multi-missions.
Au cours des dernières années, les plus grand défis affrontés par la Marine sud-africaine semblent concerner l’entretien de ses navires. En 2021, le département de la Défense signalait qu’il disposait de la moitié des fonds nécessaires pour les remises en état. Avec 63 % de son budget actuel de 244 millions de dollars affecté au personnel, le financement des opérations et de la maintenance de la Marine continue à être insuffisant. Pour satisfaire à tous ses besoins, la Marine nécessiterait un budget de près de 500 millions de dollars, selon l’amiral.
L’Afrique du Sud avait élargi dramatiquement ses forces armées dans les années 1990, en ajoutant quatre frégates et trois sous-marins. Le SAS Amatola a subi une seule remise en état complète depuis cette date. Au cours des dix dernières années, l’Afrique du Sud a pu mettre partiellement au radoub seulement deux de ses navires principaux : le SAS Amatola, de nouveau, et le sous-marin SAS Manthatisi. Parmi les trois frégates et deux sous-marins restants, la frégate SAS Isandlwana est la seule à être en ce moment remise en état dans un chantier de radoub de Durban.
Selon l’amiral Lobese, certains des problèmes d’entretien de la Marine peuvent être tracés au dysfonctionnement du chantier Armscor. La Marine sous-traite la maintenance des navires à ce chantier depuis près de 20 ans. Au cours des dernières années, le chantier a commencé à délocaliser ses projets, ce qui a conduit à une hausse des coûts et des échéanciers non respectés.
L’amiral Lobese a déclaré lors d’une cérémonie de remise des prix en mars dernier : « En tant que chef d’état-major de la Marine, j’ai atteint ma limite de patience concernant leur incapacité de réparer les navires de la Marine de Sud-Afrique. Tous les pays où je me suis rendu ont des chantiers de radoub qui sont des multiplicateurs de force pour leur marine. »
En réponse aux questions d’un parlementaire, la ministre de la Défense et des Anciens combattants Angie Motshekga a récemment blâmé les années de réduction budgétaire qui ont sapé l’état de préparation pour la situation paralysée de la Marine. Elle a dit que le département de la Défense avait réaffecté une grande partie de la maintenance à ses propres ateliers pour conserver ses forces dans un état aussi actualisé que possible.
« Nous contactons continuellement le département national du Trésor pour obtenir davantage de fonds. »