La nouvelle mission de l’UA en Somalie aura un mandat spécifique mais affrontera des défis énormes
On anticipe que la nouvelle mission de soutien et stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM) sera très différente des missions précédentes de l’UA dans le pays. Alors que précédemment les missions avaient des difficultés avec leurs rôles multiples parfois conflictuels et les attentes dont elle faisait l’objet, l’AUSSOM aura un rôle plus spécifique, selon l’Institut d’études de sécurité (ISS).
Par exemple, la mission de transition de l’Union africaine en Somalie (Atmis) avait eu moins de trois ans pour aider l’armée nationale somalienne (SNA) à vaincre le groupe terroriste des chebabs, alors que l’AUSSOM aura cinq ans pour achever sa mission. On anticipe aussi que l’AUSSOM transférera progressivement les responsabilités de la sécurité aux forces somaliennes et retirera son personnel à la fin 2028.
L’institut écrit : « La priorité de l’AUSSOM consistera à renforcer les opérations des forces de sécurité somaliennes et d’augmenter leurs capacités. Contrairement aux missions précédentes, elle a le mandat explicite de protéger les civils sujets à des menaces immédiates de violence physique. »
La mission possédera des effectifs de 11.911, y compris 85 civils et 680 policiers, selon le site web indépendant d’actualités Security Council Report. Ces effectifs sont inférieurs à ceux de ses prédécesseurs, la mission de l’Union africaine en Somalie ou AMISOM avec un maximum de 22.000, et l’Atmis avec un maximum de 19.626.
Selon l’institut, le succès de la nouvelle mission dépend de la transition en bon ordre entre l’Atmis et l’AUSSOM, et de son efficacité pour aider à mettre en œuvre le Plan de développement du secteur de la sécurité de Somalie, un plan de six ans adopté l’an dernier avec une approche exhaustive pour vaincre les chebabs.
En outre, écrivent les chercheurs, « la capacité opérationnelle de l’AUSSOM doit coïncider avec son mandat. Un financement adéquat est nécessaire, ainsi qu’un personnel qualifié et des ressources telles que les hélicoptères d’assaut. L’efficacité de la coordination avec divers partenaires et parties prenantes sera aussi cruciale. »
Autre différence : il est probable que l’Éthiopie ne fera pas partie de la mission à cause des tensions avec la Somalie concernant un accord maritime que l’Éthiopie a conclu avec le Somaliland en janvier dernier.
Le ministre somalien de la Défense Abdulkadir Mohamed Nur déclare dans un reportage de Voice of America : « Je peux dire que l’Éthiopie est jusqu’à présent le seul gouvernement qui, à notre connaissance, ne participera pas à la nouvelle mission de l’UA parce qu’elle a enfreint notre souveraineté et notre unité nationale. »
Certains critiques, notamment l’ex-président somalien Sharif Sheikh Ahmed, pensent que la SNA ne sera pas capable à elle seule de maîtriser les chebabs lorsque les forces internationales partiront. La Somalie a demandé maintes fois à ce que les retraits de troupes soient reportés.
M. Ahmed déclare dans un reportage du journal kényan Nation : « Si le processus de lutter contre les chebabs est correct, pourquoi l’armée perd-elle ses batailles ? Réalisez-vous que les forces armées aujourd’hui ne disposent pas d’un seul bataillon qui puisse se battre ? La façon dont l’armée est gérée est mauvaise. »
M. Nur n’est pas d’accord avec l’évaluation de M. Ahmed, en particulier parce que ses commentaires ont été formulés moins d’une semaine après l’élimination de plus de 80 combattants chebabs par la SNA et les forces paramilitaires du Jubaland dans la région de Jubbada Hoose.
Dans le reportage de Nation, M. Nur a déclaré : « Je dis à tous les Somaliens, où qu’ils soient : saisissons nos victoires difficilement gagnées. En deux ans seulement, nous avons libéré de vastes territoires, formés une armée formidable et réussi à prendre le contrôle de nombreuses bases précédemment détenues par l’Atmis. »
Bien que M. Nur dise que les capacités des chebabs sont exagérées par les critiques de l’armée, le groupe s’est avéré résilient. Le 13 novembre, les chebabs ont revendiqué la responsabilité d’un attentat à la bombe au bord de la route, qui a tué deux agents de la sécurité et un civil et blessé trois autres dans la capitale de Mogadiscio.
Au début novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a aussi commencé un retrait planifié des opérations de l’ONU en Somalie, qui durera deux ans. La mission, précédemment appelée mission d’assistance des Nations unies en Somalie, s’appelle aujourd’hui la mission d’assistance transitionnelle des Nations unies en Somalie. Selon Horseed Media, son mandat consistera à faciliter des élections libres et équitables, renforcer l’État de droit, réformer le secteur de la sécurité et rationaliser les efforts de l’ONU en Somalie.