PERSONNEL D’ADF
Quatre missions de maintien de la paix des Nations unies en Afrique œuvrent pour discréditer les campagnes de désinformation visant à saper leur crédibilité.
Les missions qui combattent les campagnes sont la MONUSCO en République démocratique du Congo (RDC), la MINUSCA en République centrafricaine (RCA), la MINUSMA au Mali et la MINUSS au Soudan du Sud. La mission du Mali prévoit de prendre fin avant le début de l’an prochain.
L’ONU note que ces initiatives offrent un moyen de combattre les mensonges qui provoquent la colère et la violence. Elle surveille comment la mésinformation, la désinformation et les discours haineux peuvent nuire à la santé, la sécurité et la stabilité, et entraver les progrès vers des objectifs de développement durable. L’ONU qualifie de mésinformation les informations fausses ou inexactes, telles que les rumeurs non justifiées qui sont transmises d’une personne à une autre. La désinformation est intentionnelle et elle est propagée typiquement à grande échelle par un acteur malveillant. Elle inclut un contenu malintentionné tel que des duperies, des hameçonnages et de la propagande. Elle sème la peur et les soupçons chez la population.
Les missions de maintien de la paix se rendent compte de ce problème depuis un certain temps. Dans un rapport de 2022 pour l’International Peace Institute, l’éditeur et chercheur Albert Trithart signale « qu’un barrage croissant de désinformation » cible les missions de maintien de la paix des Nations unies. « Ceci inclut de fausses allégations selon lesquelles les Casques bleus trafiquent des armes aux groupes armés, soutiennent les terroristes et exploitent les ressources naturelles, écrit-il. Cette désinformation complique la tâche des opérations de maintien de la paix pour mettre en œuvre leur mandat et menace la sécurité des gardiens de la paix. »
Les responsables déclarent que les problèmes de désinformation de la MONUSCO remontent à 2019, lorsque des campagnes sur les réseaux sociaux ont pris pour cible leurs efforts de maintien de la paix.
Les missions essaient d’éduquer le public sur les campagnes de mésinformation et de désinformation. En juin dernier, la MONUSCO a organisé une journée de sensibilisation pour une centaine d’étudiants de l’université chrétienne bilingue du Congo à Beni, dans la province du Nord-Kivu. Cette sensibilisation s’inscrit dans le cadre des activités organisées par la mission dans tout le pays pour combattre la désinformation.
Les responsables de l’ONU déclarent qu’il faut répondre à ce problème.
Le secrétaire général António Guterres a déclaré dans un briefing stratégique au mois de juin, selon un reportage de defenceWeb : « Il est évident que nous ne pouvons pas agir comme si de rien n’était. La capacité de dissémination à grande échelle de la désinformation pour discréditer des faits scientifiquement établis pose un risque existentiel pour l’humanité et met en danger les institutions démocratiques et les droits humains fondamentaux. »
L’ONU déclare que les missions utilisent des smartphones et des applis d’édition avec des approches innovantes pour développer une « armée numérique » visant à combattre la mésinformation et la désinformation sur les réseaux sociaux et au-delà.
Bintou Keita, chef de la MONUSCO, déclare selon un reportage de defenceWeb : « Une guerre fait rage sur les réseaux sociaux, la radio et les chaînes d’actualité traditionnelles. La lutte contre la désinformation meurtrière a été apprise avec difficulté sur ce nouveau champ de bataille, mais la mission est désormais proactive sur les plateformes des réseaux sociaux et autres pour aider à enrayer sa propagation. »
Les initiatives de la MONUSCO contre la désinformation incluent le recrutement des experts du numérique, le développement des produits multimédia et la sensibilisation, en particulier auprès des jeunes branchés sur les réseaux sociaux, dit Mme Keita.
Avec ces outils, la MONUSCO essaie de « renforcer sa capacité de surveillance et sa présence sur les plateformes numériques afin de ne pas toujours adopter un mode réactif, mais plutôt préventif », déclare-t-elle.
Dans son rapport, M. Trithart écrit que les campagnes de désinformation se sont développées rapidement et que les missions de maintien de la paix tentent toujours de ne pas être distancées.
« Elles ont besoin d’une plus grande capacité et coordination pour surveiller et analyser la désinformation à la fois en ligne et hors ligne. Elles ont besoin de processus d’approbation plus rationalisés qui leur permettent de répondre plus rapidement à la désinformation. À plus long terme, elles ont aussi besoin de passer à des approches préventives, notamment en reformulant proactivement les récits concernant l’ONU et en contribuant à un environnement informationnel plus sain par un soutien aux journalistes locaux. »
Saidath Swaleh, étudiante en science de l’information et de la communication de RDC, a demandé que des sanctions soient imposées contre les marchands de désinformation. Elle a déclaré aux responsables de l’ONU que « nous devons punir ceux qui propagent délibérément les infox ».