PERSONNEL D’ADF
Après trois années de conflit interne dans la République centrafricaine, l’Union africaine déploie fin 2013 la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA). Son mandat consiste à « aider à protéger les civils, à stabiliser le pays et à restaurer l’autorité de l’état sur le territoire, ainsi qu’à créer des conditions facilitant la fourniture de l’aide humanitaire ».
Les chercheurs Mor Djandame Mbow et Issaka Souaré déclarent que la MISCA a appliqué « une norme très élevée à son propre personnel, y compris le personnel militaire, dans ses relations avec les civils ». Elle a notamment conduit une investigation de son personnel après la disparition forcée de quelques civils.
En 2014, les Nations unies ont intégré 6.000 personnes de la MISCA dans la Mission multi-dimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA). À la fin 2017, cette force de 14.076 personnes compte 10.246 soldats et 2.020 policiers.
L’ONU avait confié à la MINUSCA la tâche de « protéger les civils en première priorité ». Ses autres tâches étaient l’assistance humanitaire ; la promotion et la protection des droits humains ; le soutien pour la justice et l’état de droit ; et les processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement.
En mai 2017, la sécurité commence à se dégrader dans la partie Sud-Est du pays, avec une augmentation sur quatre mois des attaques contre les civils, les professionnels de l’assistance humanitaire et le personnel de la MINUSCA. L’ONU demande une investigation de ces attaques, et les résultats sont publiés début 2018 par le Groupe APO, société africaine de relations médiatiques. Ces résultats ouvrent une fenêtre sur les problèmes auxquels font face les gardiens de la paix pour protéger les civils.
L’investigation conclut que la MINUSCA a une stratégie bien établie de protection des civils. Elle a des mécanismes d’alerte précoce qui fonctionnent bien. Mais l’investigation montre que les préparations n’ont pas fonctionné en tant qu’actions préventives. Il y avait aussi des lacunes dans la planification civile/militaire/policière et dans les opérations sur le terrain. Certains policiers et soldats comprenaient mal le concept de protection civile.
Sur une note positive, l’enquête indique qu’il n’existe aucune preuve que la MINUSCA ait traité avec partialité un groupe armé ou une communauté quelconque.
Le brigadier-général à la retraite Fernand Amoussou du Bénin a dirigé l’investigation et a recommandé que la MINUSCA examine sa protection des civils « pour assurer que sa réponse opérationnelle soit mieux alignée avec son engagement politique et le soutienne mieux, et que les composantes civiles de la mission y participent de façon plus proactive », selon le rapport.
Le général Amoussou a aussi déclaré que l’ONU et la MINUSCA devraient travailler avec les pays qui contribuent des soldats et des policiers pour assurer qu’ils aient une bonne compréhension des exigences de la protection civile, « en mettant l’accent sur le rôle des commandants et des cadres supérieurs ».