En récompensant les dénonciateurs, en renforçant les poursuites judiciaires et en remettant en question la croyance dans la magie noire, le Nigeria intensifie sa croisade contre la traite des êtres humains. Selon les responsables de la lutte contre l’esclavage et les officiels du gouvernement, cet effort est soutenu par une aide financière britannique de plusieurs millions de livres.
Des milliers de femmes et de jeunes filles nigérianes sont attirées vers l’Europe chaque année et entreprennent la traversée dangereuse de la mer entre la Libye et l’Italie, où elles sont livrées à l’industrie du sexe, selon un rapport des Nations unies. Le nombre de femmes et de jeunes filles nigérianes qui arrivent en Italie par bateau a augmenté à plus de 11.000 en 2016, comparé à 1.500 en 2014, et au moins quatre sur cinq sont forcées à se prostituer, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Pour combattre cette augmentation, l’Agence nationale pour la prohibition de la traite des personnes (NAPTIP) du Nigeria intensifie ses efforts pour attraper les trafiquants et aider les victimes. Elle est soutenue par une enveloppe financière de 9,8 millions de dollars annoncée par le service d’aide étrangère de la Grande-Bretagne.
« Nous entreprenons des campagnes plus agressives pour créer la sensibilisation », déclare Julie Okah-Donli, directrice de la NAPTIP. « Nous incluons toutes les écoles et les zones rurales parce que c’est là qu’ils prennent les jeunes filles. »
L’agence récompense aussi les dénonciateurs avec une portion des gains des trafiquants.
« Depuis que le programme a été adopté en octobre, plus de 50 personnes sont venues nous voir avec des informations », déclare Mme Okah-Donli. Le don le plus récent que la Grande-Bretagne a fait au Nigeria vient à la suite d’une promesse faite en septembre 2017 selon laquelle ses dépenses sur les projets mondiaux de lutte contre l’esclavage et la traite vont doubler, à un montant de 211 millions de dollars.
Le gouvernement de l’État d’Edo, l’un des points principaux d’origine pour les femmes victimes de la traite, et la NAPTIP travaillent aussi pour éduquer les gens, afin qu’ils n’aient pas peur de la magie noire. Les victimes de la traite craignent que des rites de sorcellerie pratiqués par des prêtres spirituels puissent blesser ou tuer ces victimes ou des membres de leur famille si elles désobéissaient aux trafiquants.