Le contre-amiral António Duarte Monteiro, chef d’état-major des Forces armées du Cap-Vert, s’est exprimé à Praia le 5 mai 2025 lors de la cérémonie d’ouverture de la 14ème session d’Obangame Express, exercice maritime multinational auquel participent les pays du golfe de Guinée. C’est la première fois que le Cap-Vert accueille l’exercice. Les remarques de l’amiral ont été modifiées pour des raisons de longueur et de clarté.
Malgré les progrès enregistrés au cours des dernières années, les défis de sécurité affrontés dans le golfe de Guinée et la région du littoral médio-atlantique sont devenus de plus en plus multidimensionnels et interconnectés. En plus des menaces bien connues telles que la piraterie, le trafic des stupéfiants, des armes et des êtres humains, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, de nouveaux risques ont émergé, notamment le cybercrime maritime, le détournement illégal du pétrole, l’exploitation illégale des ressources sous-marines et l’utilisation croissante des technologies de drone à des fins illicites. Ces menaces, souvent orchestrées par des réseaux transnationaux sophistiqués, exigent une réponse robuste et structurée basée sur la sécurité coopérative, qui nécessite une coordination entre de multiples états et organismes internationaux.
Au sein du contexte régional et transatlantique, du fait de son emplacement géostratégique dans la région du littoral médio-atlantique, au croisement des routes maritimes internationales majeures et à cause de sa vaste zone économique exclusive, le Cap-Vert fait face à des défis de sécurité considérables. En adoptant une perspective holistique et intégrée concernant les menaces et la structuration de son cadre sécuritaire national, le Cap-Vert a travaillé en étroite collaboration avec ses partenaires régionaux et internationaux pour assurer la protection et la stabilité de nos océans.
La série d’exercices Obangame Express, enrichie par les contributions des pays et des organisations internationales partenaires, a servi de plateforme précieuse pour renforcer l’interopérabilité, mettre en commun les meilleures pratiques et développer les capacités des nations participantes, pour leur permettre de confronter les défis urgents du secteur maritime, en particulier dans notre région.
Obangame Express 2025, qui a lieu dans le golfe de Guinée, n’est pas seulement la démonstration des capacités militaires ; il n’est pas non plus uniquement un échange de connaissances.
Il incarne aussi un esprit de solidarité, une convergence d’efforts et, surtout, une preuve de la puissance de l’unité parmi des nations à la poursuite d’un objectif commun : contribuer à la paix et la prospérité pour assurer l’exploitation durable et équilibrée des ressources vivantes et inanimées.
Du point de vue de la sécurité, nous vivons dans un monde de changements constants, où les défis et les menaces pesant sur la sécurité maritime deviennent de plus en plus complexes et diffus.
En outre, on sait très bien que la criminalité maritime et ses auteurs ne reconnaissent pas et ne respectent pas la démarcation des frontières géographiques et politiques. Ceci accroît encore plus les défis posés par ces phénomènes transnationaux, puisque les menaces peuvent être originaires de la terre, dans un pays distant, matérialisées en crimes commis par le biais d’un autre pays, sous l’égide d’un pays tiers, et perpétrés par les ressortissants d’autres nationalités.
Ainsi, le besoin de coopérer régionalement et internationalement est fondamental pour améliorer la sécurité maritime ; c’est aussi la voie recommandée pour confronter les menaces transnationales. Le Code de conduite de Yaoundé reste un exemple resplendissant de la façon dont les pays de notre région, en collaboration et en coopération avec les partenaires internationaux, peuvent œuvrer ensemble pour combattre la criminalité maritime.
Si nous nous engageons dans une coopération régionale et internationale dynamique, je suis convaincu que nous réussirons à assurer une plus grande sécurité dans notre domaine maritime ; ce sera un élément fondamental pour le développement de nos pays, nos sous-régions et notre continent, en vue de contribuer finalement à la sécurité et la stabilité mondiales.
Il est donc essentiel d’optimiser les capacités des forces maritimes africaines ; d’améliorer la connaissance situationnelle maritime dans nos zones de juridiction ; et de promouvoir l’interopérabilité, la résilience et l’état de préparation opérationnelle, basé sur les principes de coopération, de mise en commun des connaissances et d’un entraînement conjoint pour assurer la sécurité maritime dans son sens le plus large.
