Le déferlement des excavatrices et des camions à benne qui creusent de profonds sillons en terrasse dans et autour des collines, des flancs de montagne et des voies navigables se voit fréquemment au Zimbabwe. Pour les habitants locaux, les cicatrices des grosses opérations minières industrielles rappellent fréquemment le coût subi par l’environnement.
La colère des Zimbabwéens a augmenté régulièrement au cours des dernières années, avec des accusations selon lesquelles les sociétés d’extraction chinoises commettent des crimes graves, allant de l’assassinat au viol, aux évictions forcées, à la contamination et la perte d’habitat, parfois avec peu ou pas du tout de conséquences légales.
Tendai Mbofana, journaliste et défenseur des droits de l’homme, a récemment sonné l’alarme en diffusant le 21 octobre la vidéo d’une opération minière chinoise près de sa résidence de Redcliff. La vidéo qui a été largement partagée sur les chaînes médiatiques zimbabwéennes montre des machines lourdes en train de creuser à côté du réservoir de Cactus Port Dam, ce qui incite M. Mbofana à mettre en garde contre une menace sérieuse sur l’écosystème le long de la rivière Kwe Kwe.
« Je ne peux penser actuellement qu’à un seul mot pour décrire ces activités minières chinoises à Redcliff : c’est épouvantable. C’est répréhensible, a-t-il dit au journal The Public Eye. Nous ne pouvons certainement pas nous appeler un état indépendant, souverain et autonome quand nous permettons à des étrangers de venir dans notre pays et de faire essentiellement tout ce qu’ils veulent. »
Les sociétés appartenant aux Chinois contrôlent, selon des estimations, 90 % de l’industrie minière au Zimbabwe, comme l’indique le Centre pour la gouvernance des ressources naturelles (CNRG), organisme qui cherche à soutenir les communautés affectées par l’extraction minière. Il a signalé que des minerais d’une valeur de plusieurs milliards de dollars par an sont extraits par les sociétés minières chinoises. En 2023, la valeur des minerais extraits était de 2,79 milliards de dollars.
L’organisme a déclaré le 14 octobre : « Au cours des dix dernières années, le CNRG a conduit des efforts pour investiguer et documenter les effets écologiques, sociaux et économiques des mines au Zimbabwe. Nos recherches … révèlent régulièrement que de nombreuses opérations minières étrangères, notamment celles financées par les capitaux chinois, ont lieu dans des environnements [sensibles], contournent la loi, manquent de transparence et donnent des pots-de-vin aux officiels pour réduire leur supervision. »
Mbofana déclare que l’extraction minière à Redcliff détruit le paysage et empoisonne les sources d’eau qui approvisionnent les fermes commerciales et les cultivateurs de subsistance en aval.
« Cactus Port Dam est un réservoir très important pour Redcliff, dit-il. La Kwe Kwe est vitale pour l’agriculture, la flore et la faune aquatiques, mais tout cela est menacé par ces activités chinoises. Nous allons rester en rade avec des terres inutilisables et des montagnes qui ont été mutilées. »
La vidéo de M. Mbofana a déclenché des critiques cinglantes de la part des citoyens et des activistes écologiques et de la société civile, qui disent que les entreprises chinoises pillent les ressources naturelles du pays avec peu de supervision ou de responsabilité.
Rodreck Kudakwashe, commentateur social prolifique de Harare, a affiché sur X le 21 octobre : « Ce ne sont pas des investissements ; c’est du terrorisme écologique au grand jour. Les Chinois dérobent systématiquement les ressources du Zimbabwe et hypothèquent notre avenir sous le prétexte du développement économique. »
Mbofana annonce dans un article du 22 octobre sur le site web NewsHawks basé à Harare « une explosion massive pendant la nuit, qui a secoué les maisons autour de Redcliff et rempli l’air d’une poussière suffocante. Ce n’est pas un incident isolé. Les résidents disent que ces explosions sont devenues des cauchemars réguliers. »
« Si les mines continuent sans contrôle, la contamination et l’envasement détruiront inévitablement les moyens de subsistance d’une multitude de cultivateurs et menaceront la sécurité alimentaire des familles qui vivent de l’agriculture de petite échelle. Une fois que le réservoir et la rivière seront contaminés par les déchets miniers, la récupération exigera des générations, ou ne se produira jamais. »
Le journaliste Marcus Mushonga, se référant à l’extraction chinoise du lithium dans le district zimbabwéen de Bikita, déclare que le modèle chinois des ressources en échange de l’infrastructure sonne des alarmes concernant l’exploitation, la souveraineté et la durabilité.
« Dans toute l’Afrique, les opérations minières chinoises ont été liées à la destruction de l’environnement, aux infractions du droit au travail et au mépris des communautés locales », écrit-il dans un article du 22 octobre pour l’agence de presse sud-africaine Centre for African Journalists.
« Au Zimbabwe, le partenariat entre l’État et les entités chinoises, souvent décrites comme opaques et irresponsables, a conduit à la dépossession de nombreuses communautés et la dégradation des écosystèmes. »
