En frappant une torche, le président William Ruto du Kenya a incendié un énorme amas d’armes à feu à l’académie de leadership de la police nationale dans la localité de Ngong le 13 juin. Les armes avaient été rendues dans le cadre des programmes d’amnistie ou saisies dans des opérations de sécurité.
L’événement a aussi marqué le 20ème anniversaire du Centre régional sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), organisation partenaire financée par l’ONU qui coordonne les efforts de désarmement dans quinze pays des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique. Le Kenya est un chef de file du contrôle des ALPC sur le continent et a éliminé près de 40.000 armes à feu illégales au cours des vingt dernières années. Une nouvelle initiative de l’ONU essaie de responsabiliser encore plus le concept du contrôle des ALPC conduit par la communauté.
« Une arme à feu en mauvaises mains n’est pas seulement une arme puissante, c’est aussi un assaut direct contre la sécurité de nos citoyens, la stabilité de notre société et la paix que nous avons œuvré si consciencieusement pour bâtir, a dit le président. Nous ne permettrons pas à la violence de prendre racine dans nos communautés. »
« Je félicite à la fois nos agences de sécurité et les citoyens responsables, notamment les chefs religieux et communautaires, dont l’esprit civique et le patriotisme ont rendu possible ce jalon national. Grâce à leurs efforts, la sécurité de nos familles, nos communautés et notre pays s’est améliorée. »
L’instabilité politique et sociale tourmente les Grands Lacs et la Corne de l’Afrique depuis des décennies, en créant une opportunité pour le déferlement des armes légères et de petit calibre illicites. Cette prolifération a exacerbé les conflits et entravé les interventions visant à restaurer la paix et la sécurité.
L’Institut des Nations unies pour la recherche et le désarmement (UNIDIR) a récemment lancé l’initiative du Contrôle des armes conduit par la communauté (CLAC) pour intégrer les mesures de contrôle des armes dans les efforts de paix et de réduction de la violence armée au niveau de la communauté.
« L’initiative cherche à soutenir les acteurs locaux pour la conception conjointe des mesures spécifiques au contexte qui lient le contrôle des armes à des améliorations tangibles dans la sécurité et le développement communautaires, en encourageant la confiance, la transparence et la responsabilité partagée entre les communautés et les institutions de l’État », a écrit le chercheur principal de l’UNIDIR Fiifi Edu-Afful dans un article du 13 octobre.
Il affirme que les programmes de désarmement du sommet vers la base ne sont pas aussi durables que les efforts locaux.
« Dans certains cas, les civils gardent leurs armes pour garder la perception d’autodéfense, écrit-il. Dans d’autres, ils se méfient de la protection de l’État ou craignent d’être laissés vulnérables aux attaques par les forces de sécurité d’État et les entités armées non étatiques s’ils rendent leurs armes. La compréhension de ces échecs exigent une étude, au-delà des cadres nationaux, des dilemmes locaux de sécurité qui forcent les communautés à considérer les armes comme essentielles à la survie. »
La nouvelle initiative œuvre pour compiler une trousse à outils d’options afin de soutenir les communautés en gérant les armes tout en empêchant la prolifération, les abus et la souffrance humaine. Il suggère ci-dessous certains outils potentiels :
- La gestion des armes et des munitions au niveau communautaire, notamment l’enregistrement, la tenue des registres et le stockage sécurisé
- Des mécanismes de développement de la confiance et la foi dans le contrôle des armes parmi les communautés, y compris des lignes téléphoniques d’assistance et le partage des informations sur les stocks d’armes
- L’alerte précoce, la prévention et la réponse afin de faire face aux mouvements des armes avec des surveillants communautaires pour les flux d’armes illicites, ainsi que l’intégration du contrôle des armes dans la médiation des conflits locaux
Les chefs communautaires et religieux, les aînés, les femmes et les jeunes devraient être inclus dans le processus de prise de décision et soutenus par une assistance technique, juridique et financière de l’État et des partenaires internationaux.
« Le temps est venu d’écouter plus attentivement ceux qui vivent en première ligne de la violence armée ; il est temps de les responsabiliser pour qu’ils soient les architectes d’une communauté plus sûre et plus juste. Une approche de contrôle des armes menée par la communauté peut bâtir sur des expériences communautaires existantes pour concevoir et diriger des stratégies innovantes visant à réduire la violence armée, au-delà des approches traditionnelles de désarmement et de démobilisation de la boîte à outils de pacification et de construction de la paix. »
