La montée de la violence armée déferle au Ghana : le nombre d’incidents signalés a plus que triplé entre le premier et le deuxième trimestre 2025. En réponse, les autorités ghanéennes font appel à une réglementation plus stricte des fusils et des fabricants.
« La hausse du nombre d’incidents liés aux armes et le type d’arme identifié sur les lieux des crimes indiquent une situation alarmante qui exige une approche exhaustive et un cadre juridique robuste et plus efficace pour les armes », a récemment déclaré la commission nationale du Ghana pour les armes légères et de petit calibre.
La commission signale 54 incidents concernant des fusils au deuxième trimestre, comparé à 15 au trimestre précédent, soit une augmentation de 260 %. Les responsables ont signalé des crimes armés dans 11 des 16 régions du Ghana. La région Ashanti, deuxième du pays en population, a recensé près de 40 % des incidents liés aux armes, suivie par la région Orientale et le Haut Ghana oriental. Ce dernier est situé en bordure du Burkina Faso et du Togo.
Les experts déclarent que la montée de violence meurtrière au Ghana est poussée par les trafiquants d’armes qui inondent le pays avec des armes de petit calibre, notamment celles provenant du Burkina Faso. Beaucoup de ces armes arrivent à Bawku dans le Haut Ghana oriental, où les divisions ethniques sont à l’origine des conflits locaux et de la violence entre les groupes de jeunes, selon les chercheurs d’ENACT.
Certaines armes trafiquées font partie des 200.000 armes fabriquées par les manufactures artisanales du Ghana chaque année. Bien qu’il soit illégal de produire des armes localement, le Ghana a l’une des industries d’armes artisanales les plus sophistiquées et des réseaux de trafic dans la sous-région. Beaucoup de ces armes sont transportées dans les pays voisins, et pourraient même franchir à nouveau la frontière ghanéenne plus tard pour alimenter les conflits.
« Ceci pose une menace sérieuse à la sécurité et la stabilité du pays, en encourageant le crime et prolongeant les conflits régionaux, ce qui sape le gouvernement et entrave le développement socio-économique », écrivent les chercheurs d’ENACT dans une analyse de la prolifération des armes au Ghana.
Selon ENACT, les armuriers illicites sont souvent des forgerons qui transmettent leurs connaissances à leurs descendants ou leurs apprentis. La fabrication des armes est plus lucrative que leur travail habituel consistant à fabriquer des ustensiles de cuisine. Il semble que d’autres armes et munitions des forces armées aient aussi été volées, selon les autorités ghanéennes.
Adam Bonaa, secrétaire exécutif de la commission ghanéenne des armes, a dit à Modern Ghana que son organisation œuvre avec d’autres agences de l’État, notamment les forces armées, pour déterminer l’origine des armes capturées sur les scènes de crime et « les arrêter ».
Mohammed-Mubarak Muntaka, ministre de l’Intérieur du Ghana, a recommandé que les agences d’État et le public collaborent pour traquer l’afflux des armes dans le pays. Il a promu l’emploi de la technologie de pointe pour déceler et prévenir les importations illégales.
Depuis 2019, le Ghana utilise un système de codage pour le suivi de la titularité des fusils par les civils et les soldats. En 2024, le Ghana a rejoint le programme onusien SALIENT (Saving Lives Entity) qui vise à affronter la violence armée et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre.
Les analystes déclarent que le Ghana devrait envisager d’octroyer des permis aux forgerons afin de suivre la production des armes illicites. En juillet, M. Bonaa a recommandé d’actualiser les lois ghanéennes sur les armes, qui remontent à 50 ans, après le décès d’un lycéen de la région du Nord, tué par balle perdue à l’occasion d’un festival voisin.
Le sous-ministre de l’Intérieur Ebenezer Okletey Terlabi a déclaré qu’une réglementation nationale des armes est nécessaire pour répondre aux vulnérabilités du système actuel au Ghana.
« Notre résolution doit être égale au degré d’urgence pour faire du Ghana un pays sûr, sans violence armée », a déclaré M. Terlabi dans une réunion pour examiner le projet de loi national sur les armes en juillet.