La division somalienne de l’État islamique a bâti un vaste réseau d’options financières visant à fournir au groupe peut-être 360.000 dollars par mois, malgré les tentatives gouvernementales de perturbation de ce flux de financement.
Le centre somalien de documentation financière (FRC) a suivi plus de 100 transactions liées au financement des terroristes en 2024 mais les experts déclarent que ce chiffre représente probablement une fraction seulement du nombre total de transactions. Certaines d’entre elles étaient liées à des achats de biens immobiliers au Kenya.
Amina M. Ali, directrice du centre, écrit dans le tout dernier rapport : « Malgré les défis auxquels nous faisons face, nous nous sommes engagés à continuer nos efforts. Alors que nous allons de l’avant, le FRC continue à innover et renforcer nos défenses contre les crimes financiers. »
Le centre dépend des rapports fournis par les banques, les autres institutions financières et les civils concernant toute opération de financement ou de blanchiment d’argent liée au terrorisme.
En ce qui concerne l’EI en Somalie, les autorités somaliennes luttent contre un ennemi qui a plusieurs têtes : selon les Nations unies, l’EI en Somalie gagne plus de 4 millions de dollars par an auprès de plusieurs sources, notamment l’extorsion, la taxation illégale, le vol du bétail, le trafic d’armes, la cryptomonnaie et même une forme numérique du hawala.
Jusqu’à cette année, tout cet argent passait entre les mains d’Abdiweli Mohamed Yusuf, trésorier de fait de l’EI en Somalie. Il a été capturé au Pount en juillet.
Le hawala est un système informel de transfert d’argent d’un lieu à un autre sans utiliser les systèmes bancaires internationaux. Il est employé depuis longtemps par les terroristes pour transférer l’argent sans alerter la police. Parmi toutes les méthodes de financement des opérations de l’EI en Somalie, le hawala numérique est la plus récente. Ce système utilise l’appli de téléphone mobile Sifalo Pay plutôt que les intermédiaires humains qui interviennent traditionnellement au départ et à l’arrivée des transactions.
« Bien qu’il soit commode pour des millions de Somaliens ordinaires, ce système a aussi été exploité par les criminels et les financiers terroristes », a récemment écrit le Horn Observer.
Le réseau du hawala numérique de l’EI en Somalie a été révélé récemment lorsque les forces de sécurité du Pount ont chassé les combattants de Daech de leur bastion dans les montagnes Cal Miskaad à l’extrême Nord du pays. Dans les grottes où vivaient les combattants, les autorités du Pount ont découvert une mine de documents liés aux opérations financières de l’EI en Somalie. Le groupe est devenu un acteur clé dans le flux de financement international de l’État islamique qui finance les groupes terroristes dans toute l’Afrique. Pendant leur enquête, les autorités du Pount ont appris que Daech avait ordonné à des agents de Djibouti, d’Éthiopie et de Somalie d’utiliser Sifalo Pay pour blanchir des millions de dollars en moins de six mois.
La lutte contre les opérations financières de l’EI en Somalie dépasse les frontières somaliennes. En août, la Banque nationale d’Éthiopie a identifié quatre autres applis qui, selon elle, sont devenues des outils permettant à l’EI en Somalie et à d’autres groupes terroristes de transférer l’argent. La banque exhorte ses clients à ne plus employer ces applis parce qu’elle craint qu’ils ne soient considérés comme des terroristes potentiels et que leur argent ne soit confisqué. Envoyer ou recevoir de l’argent par des intermédiaires non autorisés est illégal en vertu des lois éthiopiennes.
La banque déclare : « Il est vivement recommandé au public de transférer des fonds exclusivement par l’intermédiaire de ces institutions sous licence pour assurer la sécurité, la conformité et la protection contre les conséquences juridiques. »