La Somalie a inauguré une stratégie nationale conçue pour riposter aux engins explosifs improvisés (EEI), les armes les plus meurtrières employées par le groupe terroriste des Chebabs.
L’effort est envisagé depuis 2023, lorsque des experts avaient conduit une évaluation de base des capacités anti-EEI du pays. La nouvelle stratégie, annoncée lors d’un événement à Mogadiscio, fournit un cadre pour créer des unités additionnelles d’élimination des munitions explosives pour l’Armée nationale somalienne (SNA) et améliorer la collaboration inter-agences.
Awes Hagi Yusuf Ahmed, conseiller somalien à la sécurité nationale, déclare : « Ceci est un jalon historique pour notre pays. Nous n’avions jamais eu de structure nationale unifiée pour riposter à la menace des EEI. Cette stratégie représente un changement décisif des mesures réactives à une approche proactive, axée sur le renseignement et ancrée dans la titularité de la nation. »
La stratégie aidera les responsables somaliens à adopter rapidement les nouvelles lois et règlements, en particulier ceux qui sont nécessaires pour contrôler l’accès aux produits chimiques utilisés dans la fabrication des bombes. Elle établira un système électronique national de suivi pour les matériaux précurseurs employés dans les bombes.
Elle fait aussi appel à un centre anti-EEI national et des stratégies pour améliorer la sécurité des frontières, perturber les réseaux financiers des terroristes et éduquer le public sur les menaces.
Ahmed Moallim Fiqi, ministre somalien de la Défense, déclare : « Ce n’est pas seulement un effort militaire. C’est une mission pangouvernementale et pansociétale pour sauver les vies somaliennes et sécuriser notre avenir. »
Les explosifs continuent à massacrer les Somaliens. En 2024, plus de 600 explosions par EEI ont tué ou blessé plus de 1.400 personnes. Au cours des dix dernières années, 61 % des victimes étaient des civils somaliens, selon le groupe Action on Armed Violence. En 2024, la Somalie était le cinquième pays du monde le plus affecté par les EEI.
La lutte contre les EEI et les autres armes asymétriques est compliquée par la collaboration entre les Chebabs et les rebelles houthistes du Yémen, soutenus par l’Iran. Les autorités avertissent que les Houthis prévoient de fournir aux Chebabs des drones, des composants explosifs et des armes légères. Le groupe terroriste obtient aussi du matériel de fabrication de bombe auprès de plusieurs sources dans le pays, notamment les munitions capturées sur le champ de bataille et les produits chimiques employés dans l’industrie de la construction et dans l’agriculture.
« Nous sommes engagés dans une guerre acharnée contre un ennemi qui préfère employer les mines. Ces dispositifs ralentissent notre avancée, et il est crucial de les déjouer pour libérer d’autres zones », a déclaré en mai Omar Ali Abdi, ministre somalien d’État pour la Défense, lors d’une cérémonie de transfert des équipements de protection et des kits de formation pour les soldats.
Les Nations unies ont montré la voie pour aider la Somalie à améliorer son expertise anti-EEI. Le service de lutte anti-mines de l’ONU (UNMAS) a formé et équipé 61 équipes d’élimination des munitions explosives (EOD) et a conduit des classes de formation des formateurs pour assurer que les connaissances soient réparties dans l’ensemble des forces armées. UNMAS a aussi entraîné 21 équipes EOD de la force de police somalienne.
James Swan, représentant spécial des Nations unies pour la Somalie, déclare que la nouvelle stratégie nationale est le fruit du « leadership somalien, développé avec détermination et anticipation ».
« Maintenant, le défi concerne une mise en œuvre soutenue. Nous sommes confiants que cette stratégie, avec une résolution nationale continue et un soutien coordonné et focalisé des partenaires internationaux, pourra renforcer les capacités somaliennes pour atténuer la menace des EEI, protéger le peuple somalien et renforcer la paix et la sécurité. Ceci est une étape importante. »