Près de 40 personnes sont mortes le 27 juillet en début de journée lorsque les terroristes de la Province de l’État islamique en Afrique centrale ont attaqué une église catholique à Komanda, province de l’Ituri, République démocratique du Congo. L’attaque est le plus récent épisode de violence brutale pratiquée par le groupe, appelé aussi Forces démocratiques alliées.
Alors que le gouvernement de la RDC essaie de conclure une paix avec les rebelles du M23 dans la zone Est du pays, la Province de l’État islamique en Afrique centrale ou ISCAP a intensifié ses attaques contre les cibles civiles de la région. Comme à Komanda, ces attaques prennent souvent pour cible les civils non armés qui se réunissent pour des services religieux. À Komanda, les extrémistes ont attaqué les fidèles avec des fusils et des machettes, en faisant 38 morts et 15 blessés.
« [L’ISCAP] exploite plus ou moins le focus de l’armée congolaise et de la diplomatie internationale sur le M23 plus au Sud, sans trop attirer l’attention », a déclaré Onesphore Sematumba, analyste congolais de l’International Crisis Group, à l’Associated Press.
Selon une analyse d’ACLED (Armed Conflict Location and Event Data), l’ISCAP est essentiellement active dans la province de l’Ituri au Nord-Est de la RDC et dans les zones Nord de la province du Nord-Kivu. Les deux provinces sont situées en bordure de l’Ouganda, où le groupe avait été créé dans les années 1990. Les territoires de l’ISCAP et du M23 se chevauchent entre les communes de Lubero et Butembo au Nord-Kivu.
Alors que le M23 a des objectifs politiques et attaque les cibles civiles aussi bien que militaires, le but de l’ISCAP consiste à établir un état islamique gouverné par la charia, c’est-à-dire un califat.
L’opération conjointe Shujaa des forces armées congolaises et ougandaises en 2021 a chassé l’ISCAP de ses repaires et l’a fractionnée en plusieurs cellules dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.
Les terroristes de ces cellules ont attaqué à la bombe des églises, des marchés et des écoles. Ils ont aussi conduit des descentes dans les villages, enlevé les civils et pillé les récoltes commerciales des fermes pour les vendre. Le nombre d’attaques a augmenté au cours des derniers mois, et le nombre de victimes a augmenté aussi.
En réponse à la montée de violence de l’ISCAP, l’Ouganda a déployé 1.000 soldats de plus dans le territoire de la RDC sur la frontière ougandaise, en Ituri et au Nord-Kivu, en février dernier, pour un total de 5.000 soldats ougandais en RDC.
À mesure qu’ils se propagent dans l’Ituri et le Nord-Kivu, les extrémistes de l’ISCAP incendient entièrement des villages. Ils ont récemment commencé à exiger de l’argent de la part des communautés qu’ils attaquent. Cet argent finit par être envoyé au centre africain principal des opérations de l’État islamique en Somalie, où l’État islamique affronte une hausse de la pression exercée par les forces gouvernementales.
Entre-temps, l’ISCAP continue à recruter de nouveaux membres parmi les jeunes hommes et les commerçants souffrant de l’insécurité économique dans l’Est de la RDC. Dans bien des cas, les nouvelles recrues sont attirées par des promesses d’argent vite gagné ou de meilleures opportunités, selon les analystes.
En plus de pratiquer l’extorsion des civils pour gagner des revenus, l’ISCAP a eu recours à une série d’opérations illégales pour obtenir des fonds. Ses membres conduisent le trafic du bois, du cacao, des armes et des minéraux dans la région, selon un rapport de l’Institut français des relations internationales.
Les experts déclarent que l’ISCAP exploite le focus de l’armée congolaise sur le M23 pour développer ses opérations.
« L’expansion potentielle [de l’ISCAP] au sein de la crise au sens large de la RDC continue à présenter une menace sérieuse, à court terme aussi bien qu’à long terme », écrivent les analystes du Soufan Center.