En Afrique, les terroristes utilisent l’intelligence artificielle (IA) pour produire des vidéos de propagande et propager la désinformation contre les agences gouvernementales. Toutefois, les gouvernements tournent cette technologie contre les terroristes pour prédire et dissuader leurs activités.
À mesure que l’IA devient une composante croissante du terrorisme et du contre-terrorisme sur le continent, l’Union africaine (UA) a proposé une série de mesures conçues pour guider l’usage de l’IA par les pays dans les secteurs de leur société.
« En exploitant les technologies de l’IA, les gouvernements et les agences de sécurité peuvent améliorer les renseignements et la surveillance et perturber les efforts de propagande », a écrit l’analyste Abraham Ename Minko pour le Global Network on Extremism and Technology (GNET) peu après l’adoption de la mesure par l’UA en 2024.
La stratégie continentale de l’UA sur l’intelligence artificielle propose « une approche centrée sur les personnes, axée sur le développement et inclusive », qui s’articule autour de cinq domaines d’action :
- Exploiter les avantages de l’IA pour les populations africaines
- Aborder les risques associés à l’utilisation croissante de l’IA
- Accélérer les capacités des états membres de l’UA en matière d’IA
- Favoriser la coopération régionale et internationale afin de développer ces capacités
- Stimuler les investissements publics et privés dans l’IA
L’analyste Brenda Mwale note que cette liste ne fait pas spécifiquement appel à l’emploi de l’IA pour le contre-terrorisme.
« Toutefois, l’adoption croissante de l’IA dans divers secteurs de la région suggère qu’un potentiel existe pour l’appliquer aux efforts de contre-terrorisme », a-t-elle écrit récemment pour GNET.
Les sympathisants de l’IA déclarent que les systèmes peuvent traquer les terroristes, mettre en lumière les activités financières suspectes et signaler les efforts de radicalisation sur les réseaux sociaux, entre autres.
Les systèmes IA peuvent aussi aider les agences de sécurité à prédire les cibles potentielles du terrorisme et se préparer aux menaces futures. Les systèmes IA peuvent examiner de grandes quantités de données numériques pour découvrir les signes précoces d’instabilité dans les régions et les pays.
« Les outils IA sont utilisés pour cartographier les intérêts et les doléances des différentes parties aux conflits. Ces outils peuvent aujourd’hui assister les médiateurs des processus de paix pour qu’ils choisissent des solutions efficaces », a déclaré le président de la Commission de l’UA Mahmoud Ali Youssouf aux membres du Conseil de paix et de sécurité de l’UA en début d’année.
La stratégie IA de l’Union africaine n’est pas contraignante, ce qui veut dire que les pays africains peuvent décider d’adopter les recommandations ou de les ignorer entièrement, remarque le Dr Mwale.
Le manque de capacité IA dans de nombreux pays signifie aussi que les consignes pourraient être difficiles à appliquer. Et le manque de consignes spécifiques pour le contre-terrorisme veut dire que les pays pourraient avoir des difficultés pour intégrer efficacement l’IA dans leur stratégie de contre-terrorisme, ajoute-t-elle.
« Bien que la stratégie continentale de l’UA sur l’intelligence artificielle promette l’innovation et l’identification des domaines prioritaires pour les mesures stratégiques sur le continent, il existe un besoin de dispositions détaillées liées à la sécurité sur la façon d’adresser le risque de l’IA, notamment des protections adéquates sur l’utilisation de l’IA », écrit-elle.
Dans ce contexte, ceux qui sont chargés de mettre en œuvre la stratégie IA de l’Union africaine pourraient considérer le modèle offert par le Ghana ou le Kenya. Ces deux pays sont devenus des chefs de file dans le développement de stratégies liées à l’IA qui utilisent la technologie dans plusieurs disciplines, selon Fredrick Ogenga et Aaron Stanley.
Ils écrivent pour le Wilson Center que l’emploi correct de l’IA en Afrique, comme dans d’autres régions du monde, que ce soit à des fins de contre-terrorisme ou autres, est une composante essentielle du maintien de la confiance entre les citoyens et leur gouvernement.
« La stratégie continentale de l’UA sur l’intelligence artificielle marque un jalon important pour le continent et sera cruciale pour faire avancer les stratégies nationales. »