Les autorités ghanéennes s’engagent à punir les ressortissants chinois qui pratiquent l’extraction aurifère illégale car le gouvernement essaie de réduire les dommages environnementaux et sociaux provoqués par l’extraction de petite échelle appelée « galamsey ».
« Les lois du Ghana traiteront durement les ressortissants chinois engagés dans l’extraction illégale », a déclaré le Dr Hannah Louisa Bissiw-Kotei, administratrice du Fonds de développement des minerais du Ghana, lors d’un briefing médiatique récent.
Dans l’intervalle, les autorités chinoises essaient de faire dévier les accusations selon lesquelles les Chinois engagés dans l’extraction aurifère au Ghana, en déclarant que ce sont les Ghanéens et leur gouvernement qui pratiquent l’extraction aurifère illégale et provoquent les dommages associés.
Les observateurs déclarent que de nombreux Chinois arrêtés dans les sites de galamsey sont des gens qui ont un faible niveau d’instruction et qui proviennent des régions rurales de la Chine, ce qui suggère l’existence d’un système organisé pour les recruter et les amener au Ghana. Entre 2008 et 2013, plus de 50.000 Chinois sont entrés au Ghana pour pratiquer l’extraction aurifère illégale.
La répression en cours du galamsey a permis d’arrêter des dizaines de Chinois au cours des derniers mois.
Vers la fin juillet, les autorités de la force opérationnelle ghanéenne NAIMOS (secrétariat national de lutte contre les opérations minières illégales) ont arrêté onze Chinois et saisi un bulldozer et d’autres équipements miniers dans la région des Savanes.
En juin, quatre Chinois ont été arrêtés, menottés et emmenés d’un site minier à Atatam, dans la région d’Ashanti, selon une vidéo diffusée par GhanaWeb.
Une descente précédente de galamsey à Bui Sobinso avait abouti à l’arrestation de quatorze Chinois.
Le Dr Bissiw-Kotei a déclaré à la fin juin dans un programme de radio local qu’elle avait été contactée par quelqu’un qui essayait de la convaincre de libérer des Chinois emprisonnés, en laissant supposer qu’on lui avait offert un pot-de-vin qu’elle avait refusé.
« J’ai indiqué clairement que ce ne serait pas possible, a-t-elle dit. Ils ont semé la destruction et doivent faire face aux conséquences. »
Le galamsey a de longs antécédents au Ghana mais il s’est transformé en crise avec l’arrivée de dizaines de milliers de Chinois et la hausse du cours de l’or à plus de 107 dollars le gramme (3.300 dollars l’once). Dans la région d’Ashanti, l’extraction par le biais du galamsey empoisonne les sources d’eau potable en injectant du mercure, dénude les forêts et érode le sol.
Les changements du paysage endommagent aussi ou détruisent les terres arables utilisées pour la culture du cacao, l’une des plus importantes exportations du pays.
« Les paysages jadis vierges ont été détruits par l’extraction illégale », a déclaré Mohammed Hotor à la World Cocoa Foundation l’an dernier. M. Hotor est un membre du conseil traditionnel Dinkyiea et un préposé aux achats pour l’association locale Cocoa Merchants Ltd.
« Les activités de galamsey ont laissé des cicatrices profondes sur la terre », a dit M. Hotor, dont la communauté essaie de restaurer un ancien site minier dans l’espoir de l’utiliser de nouveau pour la culture du cacao.
Les ruisseaux et les rivières pollués par les activités de galamsey contiennent du mercure, des sédiments et autres contaminants entraînés vers l’aval en direction du golfe de Guinée. Dans le golfe, les poissons sont contaminés, ce qui met en danger la vie et les moyens de subsistance des pêcheurs artisanaux dans les eaux du littoral ghanéen.
« Les gens sont prêts à détruire la terre, détruire les plans d’eau, détruire les communautés, détruire les moyens de subsistance », a déclaré le Dr Bissiw-Kotei, entourée d’excavatrices au site d’Atatam, devant les journalistes.
L’arrestation des Chinois a fait monter les tensions entre le Ghana et la Chine. Tong Defa, ambassadeur de Chine au Ghana, a blâmé les Ghanéens pour les dommages de galamsey, en les accusant d’être des ingrats, étant donné tout ce qu’a fait la Chine au Ghana. Il a aussi déclaré que les personnes arrêtées étaient des travailleurs migrants qui essayaient simplement de gagner leur vie.
Toutefois, les multiples arrestations de la ressortissante chinoise Aisha Huang suggèrent quelque chose d’autre.
Désignée « reine du galamsey », elle avait été arrêtée précédemment en 2017 pour extraction aurifère illégale et avait été déportée en vertu d’une suspension de condamnation. Lorsqu’elle était retournée au Ghana, elle avait été arrêtée à nouveau et emprisonnée. En 2022, les médias avaient indiqué qu’elle possédait deux passeports chinois avec des identités différentes.
À la fin 2023, elle a commencé une peine de prison de quatre ans et a été condamné à une amende de 4.000 dollars pour sa participation à l’extraction aurifère illégale. Sa condamnation a été prononcée en vertu d’une ancienne loi qui imposait une peine de cinq ans pour les ressortissants étrangers pratiquant le galamsey. En 2019, cette a loi a été révisée et la peine a été augmentée à un minimum de 15 ans.
Les autorités ghanéennes déclarent qu’elle sera déportée une fois de plus à la fin de sa peine de prison.