Demandez aux experts une solution aux myriades de défis de sécurité en Afrique, et il est probable que beaucoup d’entre eux recommanderont une amélioration de la coopération, de la formation et du professionnalisme parmi les forces armées du continent. Pour de nombreux militaires et agents de la sécurité, la réalisation de cet objectif passe par l’un des nombreux centres d’excellence de l’Afrique.
Depuis peut-être 25 années, l’Afrique est sujette à une explosion du nombre d’établissements conçus pour aider ses chefs militaires à comprendre les questions de sécurité et à y répondre : depuis l’intelligence artificielle (IA) et le contre-terrorisme à la sécurité maritime et la responsabilisation des sous-officiers.
Les centres d’excellence sont des plateformes de connaissances spécialisées conçues pour développer le leadership, l’expertise et les meilleures pratiques dans des secteurs spécifiques. En Afrique, ces centres sont actifs au niveau national, régional ou continental. Certains, comme le conseil de coopération des commissaires de police d’Afrique de l’Est, ont passé plusieurs décennies à aider leurs membres à collaborer en matière de sécurité. D’autres, tels que l’unité de recherche sur l’intelligence artificielle d’Afrique du Sud, ouverte en 2024, étudient les conséquences militaires de l’IA.
Quel que soit leur âge ou leur thème, leur but collectif consiste à améliorer la sécurité en perfectionnant la qualité et les capacités des soldats et du personnel de sécurité.
Le major-général Davidson Forleh, chef d’état-major des Forces armées du Liberia, déclare à ADF à l’occasion de la récente conférence au sommet des chefs africains de la défense à Nairobi : « Le professionnalisme est très important. Auparavant, l’armée était considérée comme un genre de bête sauvage. »
La réforme de l’armée du Liberia à la suite des guerres civiles des années 90 s’appuyait sur le type de formation disponible auprès des institutions telles que le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), le Centre du contre-terrorisme de l’Union africaine et le Centre international de formation du maintien de la paix Kofi Annan pour bâtir des forces armées qui sont devenues des modèles de professionnalisme et de service public.
« Qu’elles affrontent le terrorisme, la sécurité maritime, l’amélioration des missions de maintien de la paix en Afrique ou d’autres thèmes, beaucoup de solutions adressant ces défis nationaux de la sécurité exigent des réponses qui doivent dépasser l’action cinétique », déclare à ADF Catherine Kelly, experte de la démocratisation et la gouvernance au CESA, dans une interview.
Les centres d’excellence ne sont pas conçus pour se substituer aux académies militaires ou aux universités de la défense, dit-elle. Ils complètent plutôt le travail de ces institutions en fournissant aux chefs l’opportunité de partager des idées avec leurs collègues, dont beaucoup affrontent les même problèmes. Les experts civils offrent une perspective des problèmes et des solutions axée sur la recherche académique.
Le général Forleh déclare que les relations bâties par les chefs lorsqu’ils participent à un centre d’excellence se traduisent souvent par une meilleure coopération entre les pays et les forces armées du monde réel. Il mentionne les efforts du Liberia avec la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire pour patrouiller les eaux littorales communes dans l’Ouest du golfe de Guinée.
« Les relations bilatérales qui sont alignées à des objectifs régionaux ne sont pas seulement nécessaires ; elles sont essentielles », dit-il.
Et surtout, l’enseignement et les expériences propres aux centres d’excellence élargissent le professionnalisme croissant des forces armées africaines alors que les leçons apprises par les chefs de haut rang se répandent parmi leurs subordonnés, selon le Dr Kelly.
« Si les valeurs et l’éthique que le professionnalisme assume ne sont pas inculquées par les chefs des forces armées africaines, elles auront difficilement un effet dans les rangs subordonnés des services de sécurité, dit-elle. Les centres d’excellence aident les chefs actuels et émergents à étudier comment ils feront face aux causes fondamentales de certains des défis de sécurité principaux qu’ils affrontent. »
La croissance des centres d’excellence reflète une évolution en cours dans l’état d’esprit et la mission des chefs militaires d’Afrique, et en particulier au Liberia, déclare le général Forleh.
« La nouvelle armée est différente de celle du passé, dit-il. Nous avons transformé la totalité des forces armées en une force au service du bien. »