L’État islamique au Mozambique est l’un de plusieurs groupes terroristes africains qui utilisent l’enlèvement des enfants comme un outil de guerre.
Les Nations unies et plusieurs groupes de la société civile mozambicaine déclarent que les terroristes, appelés aussi EI-Mozambique, ont pris pour cible les enfants dans une série d’enlèvements au cours des derniers mois, ce qui a coïncidé avec une intensification des attaques dans la province du Cabo Delgado au Nord du pays.
« La hausse des enlèvements d’enfants au Cabo Delgado intensifie les horreurs du conflit au Mozambique », déclare le 24 juin Ashwanee Budoo-Scholtz, directrice adjointe pour l’Afrique chez Human Rights Watch (HRW).
En mai et juin, HRW a interviewé neuf personnes au Mozambique, y compris des résidents du Cabo Delgado, des journalistes, des activistes de la société civile et un responsable onusien. Ils ont tous exprimé leurs inquiétudes concernant la hausse du nombre d’enlèvements.
« Récemment, 120 enfants ou plus ont été enlevés », déclare à HRW Abudo Gafuro, directeur exécutif de l’organisation nationale Kwendeleya qui surveille les attaques et fournit un soutien aux victimes.
Un grand nombre de groupes extrémistes violents sur le continent emploient des tactiques similaires, en particulier Boko Haram au Nigeria. Ces groupes, qui cherchent souvent désespérément à recruter, ciblent fréquemment les enfants à des fins d’entraînement, de lavage de cerveau et d’accroissement de leurs effectifs. Les enfants enlevés par EI-Mozambique ne sont pas en général détenus contre rançon. Selon des reportages, ils sont employés comme enfants soldats ou ouvriers, ou bien forcés au mariage, dans le cadre d’une stratégie d’endoctrinement et de contrôle territorial.
La vague d’enlèvements a commencé en janvier dernier quand EI-Mozambique a enlevé quatre jeunes filles et trois jeunes garçons lors de l’attaque du village de Mumu, dans le district de Mocímboa da Praia. Le groupe d’insurgés a libéré deux enfants par la suite lorsqu’il a battu en retraite, mais cinq manquent toujours.
En mars, EI-Mozambique a enlevé six enfants à Chibau pour transporter les biens pillés au village, quatre d’entre eux ayant été libérés le jour suivant. Le 3 mai, le groupe armé a enlevé une fille à Ntotwe (district de Mocímboa da Praia). Le 11 mai dans le village de Magaia (district de Muidumbe), les insurgés ont enlevé six filles et deux garçons et tué trois filles de 17, 14 et 12 ans.
Augusta Iaquite, coordinatrice de l’Association des femmes juristes du Cabo Delgado, déclare à HRW : Lorsque les combattants de l’EI « pénètrent ou attaquent certaines zones, ils enlèvent en général les enfants. Ils les capturent pour les entraîner et, plus tard, pour les transformer en combattants. »
Bien qu’un certain nombre d’enfants soient toujours portés disparus, ceux qui rentrent chez eux ont des difficultés pour se réintégrer dans leurs communautés.
« Le pays nécessite une stratégie claire sur les mesures à prendre lorsqu’un enfant revient, en particulier un enfant qui a été secouru », déclare à HRW Benilde Nhalivilo, directrice exécutive du Forum de la société civile pour les droits de l’enfant.
Les groupes de défense des droits recommandent que les autorités mozambicaines soutiennent les victimes avec des soins médicaux et de santé mentale, et qu’elles lancent des programmes de réintégration qui assurent leur bien-être.
Mme Budoo-Scholtz déclare : « Le gouvernement du Mozambique doit prendre des mesures concrètes pour protéger les enfants et empêcher les groupes armés de les utiliser comme outils du conflit. Il est nécessaire d’assurer qu’il existe des mesures de réintégration robustes pour que les enfants ne soient pas encore plus sujets à l’ostracisme lorsqu’ils rentrent dans leur communauté. »
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) demande le retour des enfants enlevés au Cabo Delgado et s’engage à offrir des soins psycho-sociaux et axés sur le traumatisme tout en renforçant sa surveillance de protection des enfants et ses systèmes d’alerte précoce dans la province.
L’Unicef déclare : « Ceci est un rappel tragique des dangers extrêmes affrontés par les enfants dans les communautés affectées par les conflits. Chaque enfant a le droit de vivre en sécurité, à l’abri de la violence et de la peur. Ces enfants ne sont pas seulement des statistiques. Ce sont des filles et des fils, des étudiants, des leaders futurs. Leurs souffrances doivent prendre fin et les auteurs de ces crimes odieux doivent être tenus responsables. »