L’Inde et dix pays africains ont conduit un exercice naval, le premier de ce type dans l’océan Indien. Cet événement de six jours, appelé Engagement maritime clé Afrique-Inde (AIKEYME), a pris fin le 18 avril. L’exercice, coanimé par la Marine indienne et les Forces de défense du peuple tanzanien, a été organisé à Dar es Salam.
L’Afrique du Sud, les Comores, Djibouti, l’Érythrée, le Kenya, Madagascar, le Mozambique, la République de Maurice et les Seychelles ont aussi participé à l’exercice, qui a inclus des phases portuaires.
Lors de la cérémonie d’ouverture d’AIKEYME, Stergomena Lawrence Tax, ministre de la Défense et du Service national de Tanzanie, a mis en lumière le but d’établir une structure durable de sécurité maritime, y compris par l’innovation et la mise en commun des informations.
Le Dr Tax a aussi réaffirmé l’engagement de la Tanzanie pour parrainer AIKEYME dans les années futures, cet exercice devant être conduit tous les deux ans. Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité de la collaboration pour combattre les crimes en mer, notamment le trafic de drogues, la pêche illégale et la piraterie. L’an dernier, la Marine indienne a arrêté 35 pirates somaliens, trois mois après le détournement d’un vaisseau au large des côtes de Somalie. Tous les 17 membres d’équipage du vaisseau ont été secourus.
« Au cours des dix dernières années, la Marine indienne a renforcé ses partenariats avec les marines et les agences des pays riverains de l’océan Indien [IOR] pour améliorer la sécurité maritime conformément à la vision SAGAR [Security and Growth for All in the Region] du gouvernement », a déclaré le vice-amiral Tarun Sobti, chef d’état-major adjoint de la Marine indienne, au quotidien indien The Economic Times à la fin mars.
La phase portuaire d’AIKEYME, avec des sessions d’entraînement conjointes pour le personnel de la Marine indienne et la Marine tanzanienne, a couvert le contrôle des dommages, la lutte contre l’incendie, le sens marin, les armes de petit calibre et les procédures de bateau. Elle a inclus des exercices de dessus de table et de poste de commandement, et une exposition du secteur de la défense dans laquelle 22 sociétés indiennes ont présenté des technologies de pointe, notamment des systèmes de surveillance et de communication.
La phase marine a inclus le sens marin, les missions de recherche et sauvetage, les procédures de visite, abordage, fouille et saisie, le tir avec des armes de petit calibre et les opérations d’hélicoptère.
En plus d’AIKEYME, l’Inde a pour la première fois rebaptisé le Sunaya, bâtiment de la Marine indienne, avec le nom de Sagar, bâtiment de l’océan Indien, pour un déploiement de six semaines dans la région Ouest de l’IOR, à partir du 5 avril. En plus des marins indiens, l’équipage a inclus 44 marins des Comores, du Kenya, de Madagascar, des Maldives, du Mozambique, de la République de Maurice, des Seychelles, du Sri Lanka et de Tanzanie.
Le Sunaya a conduit une surveillance conjointe des zones économiques exclusives de plusieurs pays participants et a fait des escales à Dar es Salam, Nacala (Mozambique), Port-Louis (République de Maurice), Port Victoria (Seychelles) et Malé (Maldives).
AIKEYME indique une expansion de la coopération militaire dans le but de renforcer la sécurité maritime et de lutter contre l’influence croissante de la Chine dans la région.
Harsh Pant, directeur du programme des études stratégiques à l’Observer Research Foundation de New Delhi, déclare à African Business : « Travailler avec l’Afrique sur les priorités régionales et gérer certains des défis régionaux de l’espace maritime devient plus vital pour l’Inde. Mais je pense aussi que cela est conforme aux objectifs plus vastes de politique étrangère de l’Inde, qui sont focalisés sur l’hémisphère Sud. »
Au cours des dernières années, l’Inde a œuvré pour renforcer ses liens de sécurité avec les pays africains. L’Inde a accueilli son premier conclave des chefs d’état-major d’armée de terre Inde-Afrique en mars 2023, ainsi que son deuxième exercice de formation sur le terrain Afrique-Inde à Pune. Depuis décembre 2024, la Marine ou la Garde côtière indienne a conduit des exercices bilatéraux avec Madagascar, la République de Maurice et les Seychelles. Elle a aussi fourni des systèmes radar de surveillance du littoral à la République de Maurice et aux Seychelles et elle a conduit des relevés hydrographiques conjoints avec elles. L’Inde a établi des stations de surveillance dans le Nord de Madagascar, la République de Maurice et les Seychelles pour suivre l’activité maritime et renforcer la sécurité dans l’océan Indien occidental, y compris le golfe d’Aden et le canal du Mozambique.
Les exportations du secteur indien de la défense vers les pays africains insulaires sont pour la plupart des donations de matériel ancien ou excédentaire, notamment des vaisseaux patrouilleurs côtiers, des hélicoptères légers de pointe et des aéronefs de patrouille maritime Dornier-228. L’Inde fournit aussi des lignes de crédit liées à la défense pour aider les pays africains à acquérir le matériel de défense indien. La République de Maurice et les Seychelles, par exemple, ont reçu chacune des lignes de crédit de 100 millions de dollars, selon un rapport de l’Institut international pour les études stratégiques.
L’Inde a aussi aidé à fonder des académies de la défense en Éthiopie, au Nigeria et en Tanzanie, ainsi qu’un centre militaire de jeu de guerre en Ouganda. Ses formateurs ont visité le Botswana, le Lesotho, l’Ouganda, la République de Maurice, les Seychelles, la Tanzanie et la Zambie.
Lorsque le Premier ministre indien Narendra Modi s’est rendu au Nigeria en novembre 2024, le président du Nigeria Bola Tinubu et lui-même se sont engagés à renforcer la collaboration en matière de contre-terrorisme, mise en commun des renseignements et sécurité maritime.