Au cours des derniers mois, les Forces armées soudanaises (FAS) ont reconquis des territoires cruciaux qui avaient été saisis par les Forces de soutien rapide (FSR), en partie grâce à une nouvelle arme critique ajoutée à leur arsenal : les drones turcs.
En octobre, les forces armées du Soudan ont reçu deux Bayraktar TB2 supplémentaires, fabriqués en Turquie, pour un total de huit.
Les FAS ont utilisé ces drones pour attaquer des convois de ravitaillement et des unités d’artillerie des FSR dans l’État d’Al-Jazirah, notamment l’attaque du pont de Baka près de Wad Madani. Les drones ont été utilisés dans les attaques de l’État de Khartoum à la fin 2024 alors que les forces armées avançaient pour reconquérir certaines parties de la région de la capitale.
Les drones ont accéléré l’avancée de l’armée dans les territoires au Nord de Khartoum, ainsi qu’à El Obeid, capitale de l’État du Nord-Kordofan. Cette ville est une plateforme de transport entre la base des FSR au Darfour et leurs forces à Khartoum.
Les drones turcs, y compris les TB2, sont devenus populaires auprès des armées africaines grâce à leur prix modéré, leur longue autonomie et leur capacité de transporter des charges d’explosifs.
Selon l’armée soudanaise, l’introduction des drones turcs a refaçonné le champ de bataille.
Un responsable militaire soudanais a déclaré au Middle East Eye : « Au début de la guerre, nous avons perdu de nombreuses bases militaires et affronté des défis considérables. Avec l’arrivée des drones, la supériorité des FSR a pris fin. Nous avons maintenant un soutien aérien qui égale notre résilience sur le terrain. »
Depuis la fin 2023, la Turquie a vendu à l’armée soudanaise des drones à hauteur de plus de 120 millions de dollars, selon un reportage du Washington Post. Le matériel inclut huit TB2 et des centaines d’ogives. Les drones turcs s’ajoutent aux drones iraniens Mohajer-6 que les FAS utilisent depuis la fin 2023.
Les FSR ont riposté en accroissant leur emploi des drones, souvent contre des sites civils tels que les hôpitaux.
Les analystes déclarent que l’emploi des drones, notamment les Bayraktar TB2, dans les zones urbaines à haute densité de population a conduit à une hausse du nombre de victimes civiles.
« Les civils innocents du Soudan continuent à subir la dévastation de leur foyer, leur vie et leur communauté à cause de ces armes utilisées sans discrimination », signale Drone Wars, groupe de recherche et de plaidoyer, dans une analyse récente.
Les chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine signalent que plus de 60.000 civils ont été tués dans l’État de Khartoum depuis le déclenchement du conflit entre les FAS et les FSR en avril 2023. Plus de 20.000 de ces décès sont directement liés à la violence, bien que le nombre de ceux liés aux attaques de drone demeure incertain.
Les décès civils montent en flèche depuis le début 2025, alors que les FAS avancent pour reconquérir davantage de territoire qui avait été saisi par les FSR.
Au cours d’une seule semaine au début février, les responsables des Nations unies ont enregistré plus de 275 morts dus aux frappes aériennes, y compris des attaques de drones à Khartoum et dans le Darfour du Nord, le Darfour du Sud, le Nord-Kordofan et le Sud-Kordofan. Ce chiffre est le triple du nombre total de décès civils enregistrés la semaine précédente.
Seif Magango, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré : « La forte hausse des décès civils souligne les risques graves affrontés par les civils alors que les belligérants et leurs alliés continuent à ne pas les protéger. Les attaques sans discrimination, ainsi que les menaces et les attaques directes contre les civils, doivent cesser immédiatement. »