PERSONNEL D’ADF
Virginia Gamba a récemment sonné l’alarme concernant l’augmentation du recrutement des enfants africains par les armées des états et les groupes non étatiques, en particulier au Mali, au Mozambique, en République démocratique du Congo, en Somalie et au Soudan.
Elle est Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour le sort des enfants en temps de conflit armé. Elle a déclaré le 32 décembre 2024 : « Les cris de ces enfants font écho à travers les zones de conflit mais, trop souvent, le monde reste silencieux. »
« Leur douleur est une tache sur notre conscience collective. Nous devons faire mieux, parce que chaque fois que nous remettons à plus tard, un autre enfant devient simplement un autre numéro sur la longue liste de victimes des conflits armés et des violations dans les rapports sur le sort des enfants en temps de conflit armé. »
En 2023, 8.655 enfants ont été recrutés et déployés dans les conflits armés, selon le tout dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le sort des enfants en temps de conflit armé, publié en juin 2024.
L’ONU a vérifié une « hausse particulièrement forte » de recrutement des enfants, principalement par les groupes armés non étatiques, et a réparti les chiffres correspondant à plusieurs pays africains.
République centrafricaine : 103 cas, notamment 23 cas d’enfants utilisés par les forces gouvernementales et pro-gouvernementales dans des rôles de soutien.
République démocratique du Congo : 1.861 enfants, y compris 326 jeunes filles, ont été recrutés et déployés par des groupes armés non étatiques. Les Nations unies ont loué « l’absence continuelle de cas vérifiés de recrutement et d’emploi par les forces armées de la République démocratique du Congo et la police nationale congolaise. »
Mali : 691 cas, notamment 79 cas d’enfants employés dans des rôles de soutien par les forces de sécurité maliennes. Les Nations unies expriment leurs inquiétudes concernant le niveau de recrutement des enfants et exhorte la junte militaire à criminaliser leur emploi.
Nigeria : 680 enfants, y compris 431 jeunes filles, ont été enlevés, recrutés et utilisés par les groupes terroristes.
Somalie : 658 enfants ont été recrutés et utilisés, notamment 559 par le groupe terroriste des chebabs, 23 par les forces gouvernementales régionales et 15 par les forces de sécurité gouvernementales.
Soudan du Sud : 152 cas, notamment 65 enfants recrutés et utilisés par les Forces de défense du peuple sud-soudanais.
Soudan : 209 cas, y compris 87 par les Forces de soutien rapide. L’ONU signale 112 cas vérifiés d’enfants employés dans des fonctions de combat.
Le rapport onusien a aussi noté que 169 jeunes garçons avaient été recrutés, principalement par les groupes terroristes, au Burkina Faso et 40 enfants avaient été recrutés et utilisés par des groupes armés dans la province mozambicaine du Cabo Delgado.
Naomi Haupt, anthropologiste et chercheuse à l’université sud-africaine de l’État-Libre, déclare que les groupes qui recrutent les enfants violent leurs droits et les lois humanitaires internationales.
Elle écrit dans un article du 7 janvier pour l’Institut d’études de sécurité de Pretoria : « Les mineurs rejoignent en général les groupes armés par l’enlèvement ou la coercition. Ils sont recrutés comme combattants, vigies, bagagistes, espions, cuisiniers et esclaves sexuels. Les fillettes sont particulièrement vulnérables ; elles sont forcées de travailler comme espionnes, cuisinières et combattantes. Certaines sont forcées d’épouser des combattants. »
Naomi Haupt dit aussi qu’il existe des coûts économiques majeurs pour les pays où les enfants combattants sont utilisés, en décrivant d’importantes difficultés qui entravent le développement national à long terme.
« L’absentéisme scolaire se traduit par la perte de capital humain et la réduction de la productivité, ce qui contribue à la stagnation économique à long terme, la réduction de la participation de la main d’œuvre, des taux de pauvreté plus élevés et une réduction des investissements étrangers dus à l’instabilité en cours. Les pays sont aussi sujets à des coûts plus élevés des services sociaux liés aux soins de santé et des besoins juridiques des ex-enfants soldats, en plus de l’instabilité sociale provenant des défis liés à la réintégration. »
Naomi Haupt exhorte les pays africains à réaffirmer leur engagement visant à protéger les enfants et soutenir les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration.
La Convention relative aux droits de l’enfant a été ratifiée dans 196 pays ; 173 ont ratifié le protocole optionnel de la convention qui interdit le recrutement des enfants de moins de 18 ans dans les conflits armés.
Les Comores, la Guinée équatoriale et Sao Tomé-et-Principe sont les seuls pays africains qui n’ont pas signé. Le Liberia, la Somalie et la Zambie ont signé l’accord mais ne l’ont pas ratifié.
Malgré plusieurs conflits apparemment insolubles sur le continent, où les enfants continuent à être déployés, Mme Gamba reste optimiste.
« Alors que nous entrons dans 2025, choisissons la compassion plutôt que l’indifférence et la paix plutôt que la guerre. Prouvons-leur que leurs souhaits ont de l’importance, qu’eux-mêmes ont de l’importance. Ensemble, nous pouvons réécrire l’histoire de ces enfants, sans peur ni perte, mais avec les soins et l’espoir. »