PERSONNEL D’ADF
Dans la guerre civile en cours au Soudan, les Émirats arabes unis (EAU) font l’objet d’un examen plus poussé sur leur rôle pour armer les Forces de soutien rapide (FSR).
Depuis le début de la guerre en 2023, les experts des Nations unies et d’autres sources officielles mentionnent des « allégations crédibles » de transferts importants d’armes et de fournitures militaires entre les EAU et deux voisins orientaux du Soudan : la Lybie et le Tchad. Les observateurs déclarent que ces armes sont transportées de l’autre côté de la frontière et alimentent la guerre au Soudan. Les Forces armées soudanaises disent qu’elles ont saisi des munitions, des véhicules et des systèmes d’armement d’origine émirienne des mains des FSR.
Le gouvernement soudanais a déclaré le 28 décembre : « Il est nécessaire que les EAU cessent de fournir des armes et des mercenaires à la milice et lui ordonne de déposer ses armes ; la paix sera alors établie. »
Selon les données de vol et les images satellitaires, des dizaines d’avions cargos (correspondant à au moins 86 vols) originaires des EAU ont atterri sur une petite piste d’atterrissage à Amdjarass (Tchad), à environ 50 km de la frontière soudanaise. Certains experts et diplomates onusiens soupçonnent que ce terrain d’atterrissage est un moyen pour les EAU d’envoyer des armes de l’autre côté de la frontière pour qu’elles soient utilisées dans le conflit.
Un enquêteur de l’ONU est l’un des trois experts d’armes qui ont dit à Reuters qu’il était improbable que les piles de cageots identifiées dans un clip vidéo non publié filmé à Amdjarass contiennent des articles d’aide humanitaire. Le contenu était « très probablement des munitions ou des armes, d’après la forme et la couleur des caisses », a-t-il déclaré en ajoutant que les images des caisses aux proportions longues et effilées sur une palette montrent qu’elles contenaient probablement des armes.
Justin Lynch, analyste principal de la plateforme de surveillance Sudan Conflict Observatory, a examiné l’analyse de Reuters concernant les vols atterrissant à Amdjarass.
Il déclare : « La logistique fait gagner les guerres et les EAU ont utilisé ce réseau d’avions pour faciliter systématiquement le transfert des armes aux FSR. Les armes émiriennes fournies aux FSR ont altéré l’équilibre des forces dans le conflit soudanais en prolongeant la guerre et augmentant le nombre de décès chez les civils. »
Les EAU nient qu’ils fournissent des armes aux FSR ; ils prétendent avoir envoyé 159 vols d’assistance et fourni plus de 10.000 tonnes de nourriture et d’articles médicaux au Soudan grâce à l’aérodrome d’Amdjarass. Plus récemment, les EAU ont déclaré qu’ils ne « transféreront aucune arme aux FSR… à l’avenir ».
La guerre entre les FSR et les Forces armées du Soudan a dévasté le pays. Plus de 20.000 personnes ont été tuées et environ 9 millions se sont enfuies de leur foyer ; approximativement 25 millions, soit près de la moitié de la population soudanaise, ont un besoin urgent d’assistance humanitaire.
L’or est un facteur clé qui permet aux deux belligérants de faire la guerre. Les EAU en sont un bénéficiaire principal, étant devenus un centre de blanchiment de l’or trafiqué sur le marché international et recevant la quasi-totalité de l’or exporté en contrebande du Soudan.
Le journaliste Khalil Yusuf Charles basé à Istanbul écrit dans une tribune pour le site web d’actualité Middle East Monitor le 23 décembre : « Les analystes et les experts qui suivent le conflit disent que, même si les promoteurs étrangers de la guerre cessaient leur soutien, le commerce de l’or est si lucratif que les belligérants soudanais pourraient financer eux-mêmes le conflit. Ceci est un excellent exemple du brouillard de la guerre : des alliances pour et contre, qui alimentent le conflit dans leur propre intérêt et remplissent les poches des deux parties alors que le Soudan est en flammes. »