PERSONNEL D’ADF
L’État islamique a doublé sa présence en Somalie au cours des derniers mois grâce à l’afflux des combattants étrangers, dont beaucoup sont originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient, selon les Nations unies.
L’équipe onusienne de surveillance des sanctions pour la Somalie estime que Daech-Somalie a maintenant entre 600 et 700 combattants dans le pays. Cette expansion a permis à Daech d’intensifier ses opérations et faire concurrence aux chebabs qui sont affiliés à Al-Qaïda, le rival de Daech. Daech-Somalie a capturé des territoires précédemment détenus par les chebabs dans les montagnes au Nord de la Somalie.
Les combattants sont originaires de l’Éthiopie, du Maroc, de la Syrie, du Soudan, de la Tanzanie et du Yémen. Dans la plupart des cas, ils entrent en Somalie par l’État du Pount dans le Nord du pays, qui a une frontière commune avec l’Éthiopie et qui est situé à 300 km du Yémen, de l’autre côté du golfe d’Aden. La Province du Yémen de l’État islamique, créée en 2014, est engagée dans la guerre civile du Yémen depuis 2015.
L’expansion de l’État islamique en Somalie coïncide avec la proéminence croissante de ce groupe dans l’organisation générale de Daech. Daech-Somalie est aussi devenu une source cruciale de financement pour les opérations de Daech en Afrique.
Les analystes Caleb Weiss and Lucas Webber écrivent pour le Centre de lutte contre le terrorisme à West Point : « Bien qu’elle soit relativement limitée à l’intérieur de la Somalie comparé à ses rivaux, les chebabs d’Al-Qaïda, la Province de Somalie de l’État islamique a une présence internationale bien supérieure à sa taille et elle est devenue l’une des branches mondiales les plus importantes de l’État islamique. »
Daech-Somalie a été créé en 2015 lorsque des combattants chebabs se sont séparés du groupe terroriste pour rejoindre Daech. Après des revers militaires lors de combats contre les forces étatiques et fédérales, Daech-Somalie a fait des progrès en intensifiant sa présence dans la région de Bari, État du Pount, et elle a attiré des combattants étrangers, selon le rapport de l’ONU.
Daech-Somalie a maintenant pris pied dans les districts de Balidhidin, Hunbays, Iskushuban et Qandala, région de Bari, selon l’ONU. Dans Bari se trouve la ville portuaire de Boosaaso, utilisée par Daech-Somalie aussi bien que par les chebabs pour importer des combattants et du matériel. Les deux groupes organisent des opérations d’extorsion au port ; jusqu’à présent, aucun n’a pu saisir complètement le contrôle des installations.
L’analyste Liam Karr a écrit cette année pour l’Institut pour l’étude de la guerre : « La petite taille de Daech et le fait qu’il soit basé dans des zones plus reculées l’empêchera d’exercer le niveau de contrôle physique nécessaire pour extirper les réseaux financiers des chebabs. »
En août, les autorités du Pount ont intercepté cinq drones kamikazes censés être entrés dans le pays par Boosaaso, à destination des combattants de Daech-Somalie ou des chebabs dans le Sud de la Somalie. À l’époque, les autorités ont qualifié la saisie de frappe importante contre les terroristes dans le pays.
Le port de Boosaaso est une source majeure de financement pour Daech-Somalie, en lui fournissant chaque mois des centaines de milliers de dollars grâce aux opérations d’extorsion, malgré la pression persistante des chebabs, selon l’ONU. Daech-Somalie utilise une partie de ces ressources pour soutenir les groupes terroristes dans la République démocratique du Congo et au Mozambique.
Dans le cadre de ses efforts pour recruter des combattants étrangers pour la Somalie, la division médiatique de Daech crée des vidéos de propagande dans les langues éthiopiennes principales, notamment l’amharique et l’oromo.
Les observateurs déclarent que l’arrivée d’autres combattants étrangers en Somalie représente une menace potentielle pour les autres pays. Les combattants étrangers sont souvent des idéologues endurcis qui ne sont pas intéressés par les questions prosaïques qui motivent fréquemment les militants locaux, selon Liam Karr. Leur but est de lancer des attaques de grande échelle au-delà des frontières somaliennes.
« Un afflux de combattants étrangers accroîtrait le risque de développement d’objectifs d’attaque externes par le groupe. Un grand nombre de combattants étrangers ont aussi démontré leur intérêt à retourner dans leur pays d’origine pour monter des attaques après avoir été plus radicalisés dans un théâtre de conflit actif. »