L’index Ibrahim suit la montée de la gouvernance autoritaire et le déclin de la sécurité en Afrique
PERSONNEL D’ADF
Dans l’ensemble, la gouvernance et la sécurité ont empiré en 2023, comparé à dix ans auparavant, pour la plupart des Africains.
C’est ce que déclare l’index Ibrahim de la gouvernance africaine (ILAG) 2024. Selon cet index, la hausse des gouvernements dirigés par des juntes peut aggraver les conflits et s’accompagner d’une tendance de détérioration des conditions de vie. Après des années de progrès réguliers, la performance d’ensemble de la gouvernance africaine est restée figée en 2022, déclare le rapport.
L’ILAG est financé par Mo Ibrahim, milliardaire soudanais et défenseur de la démocratie. Il est publié tous les deux ans.
Adeelah Kodabux, directrice de LEDA Research and Advocacy de Maurice, écrit dans le rapport : « À l’avenir, tout acteur étatique cherchant à améliorer sa performance en tant que fournisseur fiable de biens et services sociaux, politiques, économiques, écologiques et publics nécessiterait d’obtenir des succès dans plusieurs secteurs de gouvernance. Les déclins dans les domaines de la participation, des droits, de l’état de droit, de la justice et de la sécurité sont difficiles à compenser à la longue, à moins que des mesures soient immédiatement prises pour combler les lacunes dans ces catégories. »
Les pays dont la gouvernance d’ensemble a chuté le plus au cours des dix dernières années sont les suivants, dans l’ordre décroissant : Comores, Tunisie, Mali, Maurice, Burkina Faso, Botswana, Namibie, République démocratique du Congo, Niger et Eswatini, selon le rapport. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont tous dirigés par des juntes militaires.
M. Ibrahim, fondateur et président de la Mo Ibrahim Foundation, écrit dans le rapport : « Nous devons travailler plus dur pour assurer que des progrès soient constatés dans la vie quotidienne de notre peuple, et mieux signalés lorsque c’est le cas. Parce que les attentes non satisfaites, en particulier chez les jeunes, alimentent la frustration et la colère, le meilleur moyen de déclencher les troubles et les conflits. »
Environ 80 % de la population africaine vit dans des pays qui reçoivent de mauvaises notes concernant la sécurité et la sûreté, les droits et la participation à la gouvernance. Cette tendance est principalement axée sur la violence contre les civils, selon le rapport. Le problème est particulièrement grave au Burkina Faso, à cause du conflit en cours qui s’envenime dans l’ensemble du pays.
L’index montre que la sécurité et les zones de gouvernance représentative se sont détériorées pour la majorité des Africains, alors que plus de 77 % de la population du continent vis dans un pays où ces dimensions sont pires en 2023 qu’en 2014. Les facteur principaux de ce phénomène sont les crises de sécurité qui s’aggravent et une réduction de la gouvernance participative sur presque tout le continent.
Au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Niger, pays dirigés par une junte qui ont quitté la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’index signale que le climat de sécurité et de sûreté est presque cinq fois pire, comparé aux pays qui sont restés dans la Cédéao.
Les scénarios tels que celui-ci soulignent le besoin « d’interventions urgentes pour traiter de l’insécurité croissante, la corruption et les défis de gouvernance qui menacent le développement durable », écrit dans le rapport l’économiste principal Enock Nyorekwa Twinoburyo, consultant des SDG pour l’Afrique. « Sans effort concerté pour renforcer les institutions et améliorer la sécurité, la perspective de paix et de stabilité demeure incertaine, en paralysant les progrès plus vastes pour atteindre les objectifs de développement durable (SDG) à partir de 2030. »
Le rapport offre aussi un peu d’espoir. Les pays qui se sont le plus améliorés en termes de gouvernance d’ensemble sont : Seychelles, Gambie, Somalie et Sierra Leone. Les Seychelles et la Sierra Leone étaient les deux pays à avoir enregistré des progrès dans chacune des seize catégories évaluées par l’indice Ibrahim. Horst Köhler, ancien président allemand, écrit dans le rapport qu’il est plus que temps de satisfaire à la demande de l’Union africaine pour deux sièges au Conseil de sécurité des Nations unies. Cette opinion est partagée par le secrétaire général de l’ONU António Guterres.
Ce dernier a déclaré au Conseil de sécurité en août : « Les voix africaines, les idées africaines et la participation africaine doivent influencer les délibérations et les actes du Conseil. Ce n’est pas seulement une question d’éthique et de justice. C’est aussi un impératif stratégique qui peut faire augmenter l’acceptation globale des décisions du Conseil, en faisant bénéficier l’Afrique et le monde. »
L’index note aussi les progrès réalisés au cours des dix dernières années par environ 90 % de la population africaine dans les domaines de l’infrastructure et de l’égalité et la santé de la femme. La tendance positive de l’infrastructure est axée sur les progrès dans les communications mobiles, l’accès à l’Internet et à l’énergie. Le Maroc a démontré la meilleure performance d’infrastructure alors que le Lesotho était le seul pays à enregistrer un déclin dans les communications mobiles.
La tendance positive concernant l’égalité des sexes était principalement axée sur les progrès importants dans la législation concernant la violence contre les femmes, la perception publique des femmes leaders et le pouvoir et la représentation politique des femmes.
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