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Le Bénin est aux prises avec la propagation de la violence du Sahel

PERSONNEL D’ADF

Le Bénin a relevé son premier incident de violence extrémiste en 2019 et depuis lors, le nombre d’attaques menées par les organisations terroristes sahéliennes sur le territoire béninois augmente chaque année.
Il y a eu 20 attaques en 2022, surtout menées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda et aussi par l’État islamique (Daech), et 40 en 2023, selon The Defense Post.

L’armée béninoise a déclaré l’an dernier que le pays était sujet à la plus forte hausse du nombre d’attaques par des militants extrémistes en Afrique à mesure que les groupes terroristes des pays voisins du Burkina Faso et du Niger ciblent de plus en plus le Nord du Bénin, en particulier le complexe W-Arly-Pendjari (WAP) de parcs nationaux.

Entre juillet 2023 et juillet 2024, le nombre de décès dus à la violence extrémiste au Bénin a doublé comparé à la période précédente pour atteindre 173, selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA).

Dans tout le vaste complexe WAP de 34.000 km carrés (13.100 milles carrés), les gardes forestiers entraînés pour combattre le braconnage sont maintenant en première ligne de la guerre du pays contre la terreur.

Ibrahim Yahaya Ibrahim, directeur adjoint du projet Sahel pour l’International Crisis Group, déclare à Mongabay : « Les djihadistes sont capables de circuler à travers le [complexe de] parc très facilement, en particulier du côté du Burkina Faso et du Niger. Les autorités béninoises essaient de contrôler leur côté, ce qui les expose à des attaques. »

L’une de ces attaques s’est produite le 28 juillet lorsque les terroristes ont tué au moins sept membres des forces de sécurité et cinq gardes forestiers béninois qui travaillaient dans le parc national de la W avec une organisation sans but lucratif.

La propagation de la violence extrémiste est exacerbée par le nombre en hausse d’enlèvements commis par le GSIM dans le Nord du Bénin, où 75 incidents d’enlèvement ou de tentative d’enlèvement ont été signalés l’an dernier, soit plus du triple du chiffre enregistré en 2022, selon The Defense Post. Entre 2016 et 2021, on avait signalé moins de 25 incidents d’enlèvement au Bénin.

Le GSIM et Daech sont bien connus pour enlever les gens dans le but de semer la peur et produire des revenus grâce au paiement des rançons.

L’analyste Charlie Werb écrit dans The Defense Post : « Ce qui est peut-être le plus important, c’est que les enlèvements aident à éroder peu à peu l’idée que l’état est le principal garant de la sécurité. »

En réponse aux menaces de sécurité, les autorités béninoises ont mobilisé 3.000 soldats dans le Nord du Bénin avec l’opération Mirador. 4.000 soldats de plus y sont aussi déployés en rotation ou temporairement. Les Forces armées béninoises ont aussi recruté environ 1.000 locaux pour améliorer les capacités de collecte des renseignements dans le Nord.

Toutefois, selon le CESA, la présence soudaine des militaires a alimenté les tensions entre les agriculteurs et les pastoraux et intensifié par mégarde les doléances des locaux contre le gouvernement.

M. Werb affirme que le gouvernement béninois pourrait mieux traiter les pressions socio-économiques des agriculteurs et des pastoraux dans le complexe de parc en rouvrant les zones qui avaient été fermées pour raison d’insécurité ; ceci pourrait aider à réduire l’intensité du conflit. Une stratégie visant à fournir des opportunités économiques durables dans la région devrait aussi être considérée, selon lui.

Il fait aussi appel à une meilleure coopération militaire avec le Burkina Faso et le Niger. En 2022, le Bénin a conclu un accord de coopération militaire avec le Niger dans le but de renforcer la sécurité transfrontalière mais la junte militaire qui dirige le Niger a rompu l’accord lorsqu’elle a saisi le pouvoir en juillet 2023. Depuis un an environ, le Niger ferme la frontière de son côté.

Depuis 2021, le Bénin affronte aussi des menaces de sécurité en hausse à cause des bandits nigérians des états de Katsina et Zamfara. Les chefs de bande du Nord-Ouest du Nigeria sont bien connus pour affronter les extrémistes violents et collaborer avec ces derniers.

Les résidents des communes frontalières du Bénin déclarent que les bandits nigérians ont construit des maisons à Kalalé, Kandi, Malanville et Sokotindji. Ce sont toutes des communes qui ont des antécédents de commerce transfrontalier et de pastoralisme.

Le chercheur Kars de Bruijne, chef du programme du Sahel à l’institut Clingendael, écrit pour African Arguments : « Ce qui est surprenant, c’est que les activités des bandits vers l’intérieur du Bénin enregistrent une reprise dans les zones où le GSIM est aujourd’hui actif », notamment dans les communes de Cobli, Kandi, Karimama, Malanville, Matéri et Touncountouna. « Les informations provenant du Bénin suggèrent que les Nigérians sont impliqués dans plusieurs de ces incidents de banditisme. »

Étant donné que les conditions politiques au Sahel sont moins favorables à la coopération contre le terrorisme, écrit le Dr de Bruijne, le Bénin et le Nigeria devraient considérer des façons de renforcer leur coopération transfrontalière bilatérale pour contrer les menaces de sécurité.

Il ajoute que la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pourrait avoir l’opportunité de soutenir les efforts de contre-terrorisme dans les zones frontalières.

« Dans le cas contraire, le panorama sur les zones frontalières entre le Bénin, le Niger et le Nigeria pourrait être dans cinq ans encore plus préoccupant qu’il ne l’est aujourd’hui. »

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