PERSONNEL D’ADF
Depuis six mois, l’Iran fournit des armes aux Forces armées soudanaises (SAF). Certains analystes pensent que cette stratégie est conçue pour préparer une présence navale iranienne sur le littoral soudanais de la mer Rouge.
Jusqu’à présent, le Soudan a refusé la demande d’un porte-hélicoptères iranien sur sa côte. Toutefois, les observateurs croient que les SAF pourraient adoucir leur position à mesure que leur guerre contre les Forces de soutien rapide (RSF) se poursuit péniblement.
Les analystes du Robert Lansing Institute for Global Threats and Democracies Studies ont écrit récemment : « Nous pensons que Khartoum ne sera pas en mesure de résister à la pression iranienne. ».
Les experts du Lansing Institute notent que les drones iraniens Mohajer-6 ont été cruciaux pour les succès des SAF lors de la reconquête de certaines parties d’Omdourman et des zones à l’Ouest de Khartoum, après en avoir chassé les RSF.
Selon les experts, les drones iraniens sont efficaces pour identifier les cibles et nécessitent une formation minimale des utilisateurs.
Les analystes du Lansing Institute signalent que les autorités iraniennes ont loué 17 appartements à Port-Soudan, où le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des SAF et dirigeant de facto du Soudan, a relocalisé son gouvernement après le déclenchement des hostilités en avril 2023.
Suliman Baldo qui publie le Sudan War Monitor a déclaré à la BBC : « L’Iran cherche une prise de pied dans la région. S’il obtient des concessions géostratégiques, il fournira certainement des drones plus avancés et en plus grand nombre. »
En octobre 2023, le Soudan et l’Iran ont rétabli les liens diplomatiques qui avaient été rompus en 2016 après une attaque iranienne contre l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran. La décision de 2023 a renouvelé des liens entre le Soudan et l’Iran qui remontent à plusieurs décennies.
Quelques mois plus tard, des avions militaires iraniens ont commencé à arriver à Port-Soudan et les drones iraniens ont commencé à prendre pour cible les combattants des RSF. Le général Burhan a reçu le nouvel ambassadeur iranien à Port-Soudan le 21 juillet, en formalisant ainsi les relations.
Si elle obtient une prise de pied au Soudan, l’armée iranienne se trouverait au milieu de l’une des voies de transports maritimes les plus affairées du monde, une voie que ses alliés houthistes du Yémen ont passé des mois à perturber avec des attaques contre les navires de fret. Les experts déclarent que l’Iran a utilisé un navire dans le golfe d’Aden pour fournir des renseignements aux Houthis.
Une base navale au Soudan placerait aussi les forces iraniennes à 320 km de l’Arabie saoudite, rivale régionale de l’Iran pour influencer le monde islamique. L’Arabie saoudite reste un allié important des SAF.
S’il permet à l’Iran d’établir une base, le Soudan pourrait être exposé aux attaques d’autres pays. Lorsque l’Iran avait mis à quai des vaisseaux de sa marine dans des ports soudanais il y a plus de dix ans, le Soudan avait été sujet à des frappes aériennes des pays étrangers qui ciblaient les gardiens de la révolution iranienne.
L’influence de la Russie complique encore plus la position de l’Iran vis-à-vis du Soudan. La Russie fournit aussi des armes aux SAF et fait pression pour obtenir sa propre présence navale en mer Rouge.
Malik Agar, vice-président du Conseil de souveraineté du Soudan, s’est rendu en Russie au début juin et a dit aux responsables russes que le Soudan s’était engagé à autoriser un centre de soutien logistique russe sur la mer Rouge. Les experts déclarent qu’il s’agit probablement du précurseur d’une installation navale complète.
Les analystes disent que l’influence de l’Iran dans la guerre entre les SAF et les RSF suit une évolution.
Dans une analyse pour Arab News, Robert Bociaga écrit : « Bien que le soutien de l’Iran puisse avoir un impact, il pourrait ne pas changer le déroulement de la guerre de façon immédiate ou décisive. Mais son influence pourrait devenir plus substantielle avec le temps, en fonction de l’ampleur de l’assistance. »