Africa Defense Forum

Les décès des gardiens de la paix en RDC font craindre à certains que la CDAA est surclassée en effectifs et en armement

PERSONNEL D’ADF

Les rebelles du M23 ont lancé une attaque meurtrière dans la région orientale de la république démocratique du Congo. Cette attaque, pendant laquelle deux soldats sud-africains ont trouvé la mort, suscite des doutes sur la persistance de la Force de maintien de la paix de la Communauté de développement d’Afrique australe (SAMIDRC).

Depuis l’arrivée du groupe dans l’Est de la RDC en février pour remplacer les soldats de la Communauté d’Afrique de l’Est, dix gardiens de la paix de cette mission ont trouvé la mort.

Plus de trente soldats sud-africains ont été blessés, certains grièvement. Le M23 a capturé deux véhicules de la SANDF au mois de juin.

L’Afrique du Sud a déployé 2.900 soldats en RDC, ce qui constitue la majorité de la mission de 5.000 membres de la CDAA. Des soldats du Malawi et de la Tanzanie y participent aussi.

La taille de cette mission est environ le tiers de celle de la mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO) qui prendra fin en décembre. L’Afrique du Sud a aussi contribué un contingent pour cette mission.

Malgré la présence des soldats internationaux et de l’armée congolaise elle-même, le M23 a conquis plusieurs localités du Nord-Kivu au cours des dernières semaines, notamment Kanyabayonga où vivent plus de 60.000 personnes.

Les combattants du M23 utilisent des armes de qualité militaire qui sont très supérieures à celles employées par les milices, y compris des obus de mortier guidés par GPS, des fusils d’assaut de haute technologie et des missiles sol-air. Les observateurs déclarent que l’armée rwandaise fournit l’entraînement et le soutien tactique au M23.

En février, un drone de surveillance onusien a repéré la présence d’un transport de troupe blindé rwandais à l’intérieur de la RDC, à environ 19 km de la frontière, dans la province du Nord-Kivu. Les soldats rwandais ont détruit le drone à l’aide d’un missile sol-air, selon les analystes militaires.

Les enquêteurs de l’ONU déclarent que le Rwanda a inondé les champs de bataille de drones à voilure fixe, de brouilleurs de drone et d’armes lourdes telles que le lance-grenades antichar russe SPG-9.

« Aujourd’hui, le M23 est plus puissant que jamais ; il est évident que le Rwanda fait jouer ses muscles au maximum », a déclaré l’analyste du Crisis Group Richard Moncrieff à Bloomberg pour un reportage au mois d’avril.

Les critiques disent que la mission sud-africaine a été sous-dimensionnée, sous-équipée et sous-financée dès le début, et qu’elle n’a aucune chance face aux armements lourds du M23.

« Comment peut-on s’attendre à ce que 5.000 soldats ou moins accomplissent ce que les 15.000 soldats environ de la MONUSCO n’ont pas pu faire ? », a déclaré l’expert en matière de défense Helmoed-Römer Heitman au Citizen au début de la mission en février.

Il avait estimé que la mission sud-africaine nécessiterait jusqu’à 20.000 soldats avec soutien aérien pour être efficace. Toutefois, la mission n’a pas le soutien aérien nécessaire pour agir dans une région ayant une couverture forestière dense, selon les analystes. Les hélicoptères d’assaut sud-africains restent cloués au sol à cause des réductions du budget de maintenance.

« Pour leur donner un rôle dans le théâtre, ils doivent être en grande mesure mis à niveau et réparés », a déclaré récemment l’analyste Dean Wingrin à Newzroom Afrika.

L’Afrique du Sud possède seulement quelques hélicoptères de soutien Oryx en état de navigabilité ; certains d’entre eux ont été endommagés par des tirs à partir du sol.

« Tous ceux qui connaissent quelque peu les combats savent que le soutien aérien est très important, en particulier si vous affrontez des gens qui se cachent dans la jungle », a déclaré Pikkie Greeff, défenseur de l’Union de la défense nationale sud-africaine, à SABC News en début d’année.

Les décès récents des soldats de la SAMIDRC auraient pu être prédits, étant donné le manque de ressources de la mission, selon l’analyste de défense sud-africain Kobus Marais.

« Le fait que nos soldats sont rendus à leurs proches dans un sac mortuaire est désormais fréquent, dit-il au Star. La question se pose toujours : quelles sont les raisons réelles pour lesquelles notre force de défense est toujours déployée en RDC ? »

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