Les conquêtes des RSF à Sannar ouvrent la voie pour saisir des territoires clés dans l’Est du Soudan
PERSONNEL D’ADF
Les Forces de soutien rapide (RSF) du Soudan ont ajouté l’État de Sannar, une région agricole clé, à leur zone de contrôle alors qu’elles avancent dans le Sud du pays et rencontrent peu de résistance de la part de leurs rivales, les Forces armées soudanaises (SAF).
À la fin juin, les combattants des RSF montés sur des pick-ups militarisés ont attaqué Singa, capitale de Sannar, et ont saisi le quartier général de la 17ème division d’infanterie des SAF. Les combattants ont aussi pillé des maisons et des commerces et ont saisi le contrôle de l’hôpital principal de Singa.
Abdel-Rahman al-Taj, résident de Singa qui s’est enfui le 6 juillet vers l’État du Nil Bleu, déclare à Africa News : « Ils ont fait ce qu’ils avaient fait à Khartoum (la capitale) et dans d’autres villes. De nombreuses personnes ont été tuées, blessées ou détenues. »
L’État de Sannar est le premier gain territorial des RSF depuis leur conquête de l’État d’Al-Jazirah plus au Nord, en décembre 2023. Cet assaut a été lui aussi rapide et a été suivi d’une vague de pillage, d’exécutions et d’assauts contre la population, notamment leur recrutement forcé dans les milices.
Les analystes du groupe ACLED (Armed Conflict Location & Event Data) ont récemment écrit : « Il est impossible de surestimer la chute de Sannar. Il est bordé par quatre autres états, et partage une frontière avec le Soudan du Sud et l’Éthiopie, en contribuant notablement à la production agricole soudanaise. »
En réponse, les SAF ont commencé à arrêter, détenir et déporter les Sud-Soudanais, les Éthiopiens et les Darfouriens des régions que le gouvernement contrôle dans l’Ouest du Soudan, selon le Sudan War Monitor.
La capture de Sannar donne aux RSF de nouvelles routes d’approvisionnement depuis le Soudan du Sud et une nouvelle route d’attaque contre l’État d’Al Qadarif au Nord-Est. Elle isole aussi l’État du Nil bleu dans l’extrême Sud-Est du Soudan et coupe les liens de la 4ème division d’infanterie (Ad-Damazin, État du Nil Bleu), la 10ème division d’infanterie (Abu Jibeha, État du Kordofan du Sud) et la 18ème division d’infanterie (Kosti, État du Nil Blanc) avec le centre de commandement des SAF à Port-Soudan, selon les observateurs.
Les RSF contrôlent désormais plus de la moitié du territoire soudanais. Comme Sannar et Al-Jazirah, beaucoup de ces états sont vitaux pour l’économie du Soudan parce qu’ils produisent des denrées, du pétrole, de l’or et autres ressources clés.
Les RSF ont récemment pris le contrôle d’Al-Fulah, la capitale du Kordofan-Occidental, et de la localité stratégique d’Al-Meiram, lorsque les SAF se sont retirées de leurs bases après un affrontement rapide avec les RSF.
Les RSF ont aussi lancé des drones contre les positions des SAF dans les zones contrôlées par le gouvernement, notamment dans l’État du Nord où les SAF ont abattu trois drones des RSF survolant l’aéroport de Merowe à la fin avril. La zone de contrôle des RSF menace aussi les ressources financières des SAF, qui dépendent de leurs racines profondes dans l’économie du Soudan pour financer leurs opérations. Les SAF contrôlent le littoral soudanais de la mer Rouge et son infrastructure portuaire, ce qui lui donne une influence pour obtenir de l’aide auprès de la Russie et de l’Iran.
Les RSF sont largement auto-financées grâce au contrôle d’une mine d’or importante par le général Mohamed Hamdan Dogolo alias « Hemeti » ; cela lui permet de passer l’or en contrebande vers les marchés des Émirats arabes unis. Toutefois, l’assaut contre Sannar touche le cœur de la production de denrées du Soudan, ce qui suscite des questions sur les catastrophes futures qui pourraient résulter.
Les analystes du Sudan War Monitor ont écrit récemment : « L’invasion de Sannar pourrait perturber les exportations vers d’autres régions du pays, en aggravant la carence déjà grave de céréales au Soudan et en augmentant les risques de famine. En outre, les déplacements en masse et la perturbation économique s’ajoutent aux fardeaux humanitaires dans d’autres villes et villages du Soudan, qui accueillent aujourd’hui des dizaines [de] milliers de gens s’enfuyant de Sinja et d’autres régions de Sannar. »
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