Africa Defense Forum

Le retrait des soldats du Niger peut conduire à un réalignement des forces américaines dans la région

PERSONNEL D’ADF

Les États-Unis et le Niger continuent leurs négociations sur le retrait d’environ 1.000 soldats américains dans deux bases aériennes de ce pays sahélien.

Après avoir annoncé à la fin avril l’intention de retirer tous les militaires, les négociateurs américains continuent à œuvrer avec le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger pour définir les plans bilatéraux futurs et les activités de coopération en matière de sécurité.

Le 25 avril, l’ambassadrice des États-Unis au Niger Kathleen FitzGibbon et le major-général Kenneth Ekman, directeur de la stratégie, de l’engagement et des programmes pour l’état-major unifié des États-Unis en Afrique, se sont réunis avec des responsables du CNSP à Niamey pour discuter d’un « retrait ordonné et responsable » des forces américaines au Niger.

Le 14 mai, le secrétaire adjoint à la Défense Christopher Maier et le lieutenant-général Dag Anderson, directeur du développement des forces interarmées à l’état-major interarmées des États-Unis, sont venus à Niamey pour se réunir avec les responsables nigériens et développer un échéancier commun pour le retrait des forces.

La violence extrémiste au Sahel continue à faire de nombreux morts alors que les groupes liés à Al-Qaïda et l’État islamique (Daech) élargissent leur territoire.

Le Niger a enregistré la plus grande hausse de terrorisme en 2023, avec deux fois plus de décès liés au terrorisme qu’en 2022, selon l’Indice global du terrorisme (GTI) 2024, publié par l’Institute for Economics and Peace.

En 2023, le nombre d’attaques terroristes au Niger est passé à 61, comparé à 54 l’année précédente. Mais les décès liés au terrorisme ont plus que doublé : 486 en 2023 au lieu de 193 en 2022, dans ce que l’indice appelle « une intensification considérable de la létalité des attaques ».

Les militaires nigériens ont subi la majorité des décès liés au terrorisme (73 %). C’était le troisième pourcentage le plus élevé des décès de soldats dans le monde en 2023, selon le GTI.

La demande soudaine du retrait des forces américaines faite par le CNSP peut conduire à une révision de la position des forces de sécurité américaines dans la région pour soutenir les pays africains en première ligne de la lutte contre le terrorisme. Les stratèges américains de la défense ont déclaré qu’ils souhaitaient réévaluer leurs accords de coopération régionaux en matière de sécurité dans le cadre d’un examen en court ; ils anticipent que cela offrira de meilleurs résultats aux états d’Afrique de l’Ouest avec des stratégies de contre-terrorisme exhaustives. Plusieurs pays mettent en œuvre aujourd’hui des stratégies qui traitent des causes fondamentales conduisant à la propagation des organisations extrémistes violentes.

La Côte d’Ivoire par exemple a investi 137,2 millions de dollars pour combattre le terrorisme, notamment dans des programmes visant à équiper et former des unités spéciales antiterroristes, et des investissements dans l’éducation, les soins de santé, l’infrastructure et la formation professionnelle. Les Forces armées du Ghana (GAF) ont mis en œuvre une stratégie militaire afin de faire face efficacement aux organisations extrémistes violentes (VEO) par l’adoption d’approches non cinétiques pour améliorer la résilience sociétale et la cohésion nationale. Le Ghana est un membre fondateur de l’initiative d’Accra pour renforcer la coopération multilatérale et la mise en commun des renseignements entre les pays d’Afrique de l’Ouest.

Les experts recommandent depuis longtemps de combiner l’assistance américaine en matière de sécurité avec les investissements des pays africains dans les programmes d’atténuation des causes fondamentales pour empêcher et vaincre le terrorisme dans la région.

En janvier 2024, le secrétaire d’État des États-Unis Antony Blinken a annoncé une nouvelle assistance à hauteur de 45 millions de dollars aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest pour soutenir leur combat contre l’extrémisme et l’insécurité. Les États-Unis ont aussi adopté la Loi sur la fragilité mondiale, effort pangouvernemental visant à soutenir la prévention des conflits, la résilience et le développement durable dans dix pays du monde qui font face au terrorisme et autres menaces. Parmi les pays sélectionnés pour ce partenariat, sept sont africains : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Mozambique, Libye et Togo.

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