Africa Defense Forum

Les efforts russes de désinformation en matière de santé mettent les vies en danger

PERSONNEL D’ADF

Une épidémie de dengue a tué près de 600 personnes au Burkina Faso en octobre 2023, suivie par un flot de désinformation.

 

Les utilisateurs des réseaux sociaux, y compris de plusieurs apparemment soutenus par le gouvernement russe, ont commencé à attaquer les efforts de Target Malaria (Cibler le paludisme), organisation de recherche sans but lucratif qui lutte contre les maladies provoquées par les piqûres de moustiques. Le groupe, qui est soutenu pas la fondation Bill-et-Melinda-Gates, œuvre depuis 2012 pour prévenir le paludisme au Burkina Faso.

 

Mais les utilisateurs des réseaux sociaux accusent faussement le groupe de propager la maladie.

« Quand est-ce que les Africains comprendront que Bill Gates est un criminel ? », écrit un utilisateur sur X. « Il est impliqué dans la propagation du paludisme, du VIH, de l’Ebola et de Covid. »

 

Un autre utilisateur a accusé Target Malaria d’avoir créé des armes biologiques, mais il a été loué par la Russie, selon l’Agence France-Presse.

 

Face à cette désinformation, Target Malaria a été forcé de répondre en qualifiant les attaques de « fausses » et « profondément regrettables ».

 

La campagne de désinformation est seulement une partie des efforts entrepris par la Russie sur le continent, visant à discréditer les initiatives de santé publique et semer la méfiance contre ceux qui œuvrent pour combattre certaines des maladies les plus meurtrières du monde.

 

Les États-Unis, ayant financé environ 100 milliards de dollars sous forme d’initiatives de santé publique en Afrique au cours des vingt dernières années, sont une cible majeure des attaques russes. Le financement inclut PEPFAR (Plan d’urgence du président pour l’assistance au SIDA), estimé avoir sauvé la vie de 18 millions de personnes dans le monde. Les officiels américains pensent que la Russie, au lieu d’essayer de concurrencer ces accomplissements en matière de santé, lance des campagnes pour les saper.

 

« Il est probable que les Russes se sentent frustrés par le grand succès du soutien américain à la santé, et qu’ils essaient de le contrer et de susciter des doutes chez les gens », déclare James Rubin, envoyé spécial et coordinateur du Centre d’engagement mondial du département d’État des États-Unis.

 

Mais cette désinformation met des vies en danger lorsque les gens se méfient des professionnels de la santé et renoncent peut-être au traitement. « Ils pourraient ne pas se faire vacciner, ne pas recevoir des soins de santé parce qu’ils ont été induit à penser faussement que cela fait partie d’une certaine théorie de conspiration inventée par les Russes, déclare M. Rubin. Ce faisant, les services de renseignement russes démontrent qu’ils ne se soucient pas des vies africaines. »

 

Les observateurs disent que cela s’inscrit dans le cadre de la guerre russe de l’information, qui ressuscite une ancienne tactique : pendant la Guerre froide, l’Union soviétique avait faussement prétendu que le VIH avait été créé dans un laboratoire médical américain et disséminé de fausses informations sur les maladies et les soins de santé.

 

« Ce genre de désinformation sur des questions médicales, en particulier sur les maladies infectieuses et les dangers des programmes de santé sponsorisés par l’Ouest, remonte à l’époque soviétique », déclare Judy Twigg, professeure à l’université du Commonwealth de Virginie et experte des questions de santé mondiale, au Wall Street Journal.

 

Aujourd’hui, un groupe soutenu par la Russie et appelé l’Initiative africaine est responsable pour disséminer une désinformation sur la santé en Afrique, selon un reportage du Wall Street Journal. Le groupe gère des chaînes en langue anglaise et française sur l’appli de messagerie Telegram ; il a récemment organisé une conférence à Ouagadougou dans laquelle les panélistes ont loué la médecine traditionnelle et essayé de saper la crédibilité des sociétés pharmaceutiques occidentales.

 

Cet effort de mésinformation a lieu à un moment particulièrement dangereux. Le Burkina Faso a entrepris un programme de vaccination avec un nouveau vaccin antipaludique, le RTS,S, visant 250.000 enfants dans 27 districts de santé. Le Burkina Faso est l’un des pays du monde qui ont été les plus touchés par le paludisme : environ 12,5 millions de cas annuels provoquant approximativement 19.000 décès. Les enfants et les femmes enceintes sont parmi les plus vulnérables.

 

Mais les professionnels de la santé des cliniques disent maintenant qu’ils combattent la désinformation sur le vaccin. Les médecins et le personnel infirmier écoutent des mères qui répètent des allégations fallacieuses selon lesquelles le vaccin rendra leurs enfants stériles.

 

Ali Diallo, agent de santé de communauté dans le district de santé de Dori, a déclaré à Gavi, l’Alliance du Vaccin : « Nous les rassurons avec des conversations dans les hôpitaux que cela n’est pas le cas. Lorsque les femmes viennent pour une consultation, nous les assurons que le vaccin est sûr et efficace. Notre but est de rompre les chaînes de fausses informations. »

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