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Les trafiquants de drogue prennent pour cible un aéroport éthiopien

PERSONNEL D’ADF

Les saisies de stupéfiants à l’aéroport international de Bole à Addis-Abeba ont plus que doublé l’an dernier, ce qui démontre le rôle croissant de l’Éthiopie comme plateforme des drogues en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe et de l’Asie du Sud.

La commission éthiopienne des douanes déclare que le trafic des stupéfiants entrant en Éthiopie a augmenté de 163 % au cours des onze derniers mois. La valeur des substances trafiquées, notamment la cocaïne, l’héroïne et autres drogues, a plus que doublé, passant de 80 millions à près de 190 millions de dollars entre juillet 2022 et juillet 2023.

Le commissaire des douanes Debele Kabeta a récemment déclaré aux législateurs fédéraux : « Les contrebandiers s’efforcent d’utiliser Addis-Abeba comme lieu de destination et de transit. Ces pratiques à l’aéroport n’ont jamais été une tendance en Éthiopie jusqu’à présent. »

Bien que l’Éthiopie ait enregistré une série de saisies de drogues de contrebande au cours des dernières années, les observateurs déclarent que la hausse récente du trafic traversant Addis-Abeba coïncide avec des contrôles douaniers plus stricts aux aéroports du Kenya et de Tanzanie, ainsi qu’avec l’arrestation de gros trafiquants de drogues en Tanzanie.

« Pendant longtemps, la sécurité de JNIA [aéroport international Julius Nyerere] était mauvaise et les trafiquants exploitaient cela », a déclaré Cassian Nyandindi, commissaire général adjoint de l’autorité de contrôle et de police des drogues de Tanzanie, à la Global Initiative Against Transnational Organized Crime.

La croissance du trafic de drogue coïncide aussi avec l’expansion de l’aéroport international éthiopien, qui a devancé celle de la sécurité aéroportuaire, selon les analystes de la Global Initiative.

Le rapport 2023 sur le trafic des narcotiques des Nations unies révèle que 64 des 165 trafiquants de cocaïne arrêtés au Brésil étaient en route pour Addis-Abeba.

John Wotherspoon, chef de Voice for Prisoners à Hong Kong, a déclaré au site web éthiopien de presse Borkena.com qu’un grand nombre de personnes arrêtées et accusées de trafic de drogue sont des femmes.

Les organisations d’Afrique de l’Ouest, qui ont une grande expérience dans la contrebande du cannabis et de l’héroïne, bâtissent activement des réseaux en Amérique latine et ont joué un rôle clé dans la hausse du trafic et de l’abus de cocaïne en Afrique de l’Est, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Un grand nombre de trafiquants sont des Nigérians qui forcent les femmes à transporter la drogue, selon M. Wotherspoon.

En septembre 2019, une voyageuse originaire de São Paulo (Brésil) a été détenue à l’aéroport international de Bole pour transporter 8 kg de cocaïne. L’année précédente, une autre femme avait été forcée d’avaler des comprimés contenant 644 g de cocaïne qui seraient transportés d’Addis-Abeba à Hong Kong, selon M. Wotherspoon.

Des reportages indiquent que quatorze ressortissants angolais, soit sept femmes et sept hommes, ont été arrêtés et accusés de trafic de cocaïne en Éthiopie alors qu’ils voyageaient en provenance du Brésil. En novembre 2023, six Nigérians ont été arrêtés au Brésil lorsque le service de sécurité de l’aéroport a révélé que chacun avait avalé 150 comprimés remplis de cocaïne avant de monter à bord de leur avion à destination de l’Éthiopie.

Au début janvier 2024, une Namibienne a été arrêtée à l’aéroport international de Bole alors qu’elle transportait de la cocaïne.

Le groupe de M. Wotherspoon a fait appel aux autorités éthiopiennes pour qu’elles renforcent la sécurité à l’aéroport international de Bole pour limiter le trafic des stupéfiants.

Wotherspoon a déclaré : « Nous n’accusons pas le gouvernement mais nous faisons appel à lui pour renforcer de toute urgence la sécurité. »

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