Africa Defense Forum

Les mines chinoises en RDC et au Zimbabwe sont accusées de violations des droits de l’homme

PERSONNEL D’ADF

De vastes gisements de cobalt, cuivre, molybdène et autres métaux ont fait de la République démocratique du Congo (RDC) et du Zimbabwe des centres importants de l’industrie minière mondiale, alors que les entreprises cherchent des ressources qui sont vitales pour la technologie moderne.

Les sociétés chinoises ont établi des empreintes minières importantes dans ces deux pays, souvent aux dépens de ceux qui effectuent les travaux harassants ou qui vivent à proximité des mines.

Les chercheurs de l’organisation non gouvernementale Business and Human Rights Resource Centre ont relevé 102 violations des droits de l’homme et des lois de l’environnement dans 39 mines chinoises situées dans 18 pays entre janvier 2021 et décembre 2022. Douze incidents (11,7 %) se sont produits en RDC et sept (6,9 %) au Zimbabwe.

Un rapport précédent du même groupe avait révélé 181 allégations de violation des droits de l’homme dans les mines chinoises d’Afrique entre 2013 et 2020. La plupart des incidents s’étaient produits au Kenya, en Ouganda, en RDC et au Zimbabwe.

« Nos donnée montrent que les violations des droits de l’homme et du droit de l’environnement sont fréquentes lors de l’exploration, l’extraction et le traitement des minerais énergétiques transitoires, déclare le centre dans son rapport. Les communautés locales subissent les conséquences de ces abus, avec leurs moyens de subsistance affectés, leurs droits territoriaux ignorés et les droits indigènes érodés. »

Les métaux énergétiques transitoires tels que le cobalt sont devenus cruciaux pour le développement de la technologie des piles, alors que les sociétés et les pays cherchent à réduire l’emploi de l’énergie fossile. La RDC produit 70 % du cobalt mondial et la majeure partie est transformée par les sociétés chinoises, depuis l’extraction jusqu’au raffinage.

Les opérations minières chinoises se concentrent sur cinq pays africains : l’Afrique du Sud, la Guinée, la RDC, la Zambie et le Zimbabwe. Dans ces pays, les opérations d’extraction chinoises abattent les arbres des forêts tropicales, polluent les sources d’eau et, finalement, forcent le déplacement de la population locale.

Les violations des droits de l’homme et de l’environnement sont souvent axées sur les mines artisanales, où les mineurs individuels tentent de survivre avec chaque pelletée. Les mineurs travaillent avec des outils rudimentaires, ce qui est néfaste pour le corps, selon le Père Rigobert Minani Bihuzo, coordinateur régional du Réseau ecclésial du Bassin du Congo.

L’Association zimbabwéenne du droit de l’environnement a signalé que les mineurs travaillant pour des sociétés chinoises reçoivent de bas salaires et peuvent travailler pendant des mois sans être payés. Ceux qui demandent un traitement équitable sont souvent battus ou abattus à coups de feu, selon l’association.

Après l’achat d’une mine congolaise par une société chinoise en 2016, les mineurs ont signalé que les mesures de sécurité avaient fortement diminué et que les travailleurs qui exprimaient leurs préoccupations avaient été battus.

Les soins de santé dans les mines chinoises sont médiocres ou inexistants, tout comme les équipements de protection, déclarent les défenseurs des mineurs. Les lois locales concernant les heures de travail et la protection de l’environnement sont ignorées.

« Ils sont mal logés, mal nourris et mal soignés ; ils sont incapables d’assumer leurs dépenses familiales », a déclaré le Père Bihuzo, défenseur des mineurs, à la Commission Tom Lantos des droits de l’homme. « Leurs conditions de travail ressemblent à celles des esclaves. »

Le travail des enfants est fréquent dans les mines parce que les enfants peuvent pénétrer dans les puits étroits. De ce fait, des enfants parfois âgés de 8 ans meurent dans les effondrements ou perdent un membre lorsque les puits s’écroulent.

La plupart des enfants qui entrent dans les mines y passent le reste de leur vie, selon l’avocat congolais Hervé Diakiese Kyungu.

Officiellement, les mines artisanales de la RDC sont censées appartenir à des citoyens congolais qui travaillent dans des coopératives. En réalité, des sociétés chinoises supervisent l’exploitation des mines artisanales et expédient les produits hors du pays par l’intermédiaire de sociétés chinoises en Zambie, ce qui fait perdre à la RDC les revenus des mines, selon les experts.

Les abus chinois dépassent le mauvais traitement des ouvriers. En 2022, la RDC a suspendu la possession chinoise de la mine de Tenke Fungurume en accusant la société de ne pas avoir versé à l’état des redevances potentielles à hauteur de plusieurs milliards de dollars.

Étant donné que la demande pour les véhicules alimentés par pile et les technologies similaires est projetée de croître rapidement au cours des prochaines années, les mines de la RDC, du Zimbabwe et d’autres pays africains joueront un rôle crucial, déclarent les experts. Il est donc encore plus urgent que toutes les parties prenantes protègent les ouvriers à la base de la chaîne logistique et les traitent équitablement, selon les analystes du Business and Human Rights Resource Centre.

« Malgré le travail difficile des mineurs artisanaux, déclare le Père Bihuzo, ce qu’ils gagnent ne leur permet pas de satisfaire à leurs besoins humains de base. »

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