PERSONNEL D’ADF
Lorsqu’un groupe terroriste lance une attaque aujourd’hui, il est probable qu’un ou plusieurs drones enregistrent l’action pour l’utiliser plus tard sur les réseaux sociaux.
Dans toute l’Afrique, les organisations extrémistes violentes (VEO) adoptent rapidement des technologies numériques conçues pour augmenter leurs arsenaux au-delà des coups de feu et des bombes, pour inclure les cyberattaques contre l’infrastructure clé et la propagande visant à recruter de nouveaux membres.
L’évolution rapide de l’intelligence artificielle pourrait aider encore plus les VEO à exploiter ces technologies de façon que les gouvernements et les agences de sécurité aient des difficultés pour suivre cette cadence, selon Geoffrey Jackson, professeur d’histoire militaire et de relations internationales à l’université Mount Royal du Canada.
Le professeur Jackson a déclaré lors d’une réunion des chefs militaires africains à la Conférence au sommet des forces terrestres africaines en Côte d’Ivoire au mois de mai : « L’innovation des acteurs non étatiques sera toujours plus rapide que celle de l’état. Le gouvernement reste toujours sur la défensive, il répond toujours à ces défis et il doit y répondre de façon sophistiquée. »
Il exhorte les gouvernements africains à affecter du personnel et des ressources pour maîtriser les avancées technologiques des terroristes. Cela est particulièrement nécessaire en ce qui concerne les cyberattaques contre l’infrastructure clé, selon lui.
« C’est la plus grande menace et la plus grande préoccupation croissante. »
Alors même que les chaînes de réseaux sociaux telles que Facebook et Twitter essaient d’interdire les VEO sur leurs sites, ces groupes trouvent des moyens de livrer leurs messages, déclare le professeur. Cela inclut souvent l’emploi des « sites balises » qui regroupent les liens informationnels et les sites web que les groupes favorisent.
Par l’intermédiaire des réseaux sociaux, les VEO peuvent accéder à des données d’origine source ouverte telles que l’imagerie satellitaire et les chaînes de vidéosurveillance qu’elles peuvent utiliser pour surveiller les sites et choisir les cibles à attaquer. Elles prennent aussi pour cible les auditoires des réseaux sociaux dans le but de radicaliser les téléspectateurs et de convaincre plus de membres.
« C’est quelque chose que les VEO emploient avec beaucoup de succès et de façon sophistiquée aujourd’hui en Afrique », déclare le professeur Jackson.
Les véhicules aériens sans humain à bord (UAV) appelés couramment des « drones » ont proliféré en Afrique au cours des dernières années. Ils sont employés par les terroristes et les forces de sécurité à des fins de surveillance et de collecte de renseignements. Les VEO utilisent souvent des drones disponibles sur le marché et conçus pour l’usage civil, ce qui présente des difficultés pour limiter l’accès à cette technologie.
Certaines VEO ont pris l’habitude d’envoyer leurs drones pour survoler les communautés qu’elles cherchent à contrôler afin de déployer la menace d’un « œil dans le ciel », déclare le professeur. Les drones qui survolent les champs de bataille jouent aussi un rôle crucial pour le développement de la propagande que les terroristes diffusent ensuite en ligne pour recruter de nouveaux membres.
À mesure que les VEO augmentent leur sophistication technologique, la cybersécurité devient une méthode de plus en plus importante pour lutter contre leurs opérations.
Les cyberattaques contre les éléments d’infrastructure clés tels que les réseaux électriques et les systèmes de distribution d’eau sont conçues pour saper la confiance envers l’état. Bien que ce problème ne fasse que débuter aujourd’hui, l’introduction de l’intelligence artificielle et l’emploi de hackers d’autres pays provoqueront des difficultés additionnelles pour que les gouvernements suivent cette cadence, déclare le professeur Jackson.
En fin de compte, les gouvernements africains font face à des menaces technologiques de plus en plus fortes de la part des VEO, qui ont peu d’obstacles pour adopter de nouvelles méthodes d’attaque. Pour les pays, une réponse partielle consiste à dédier une législation, du personnel et des ressources financières dans le but de confronter de telles attaques, dit-il.
Jusqu’à présent, 29 pays africains ont adopté des lois de cybersécurité conçues pour punir les cyberattaques. La coordination de ces lois entre les pays pourrait les aider à empêcher la propagation de la cybercriminalité, déclare-t-il.
« S’il existe des lois similaires, une infrastructure de sécurité similaire, des pare-feu similaires établis dans les états voisins, cela aidera tout le monde en fournissant une protection mutuelle. »