Les pertes de champ de bataille peuvent conduire al-Shebab à lancer des attaques transfrontalières
PERSONNEL D’ADF
En 2022, le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a ordonné une offensive majeure contre le groupe terroriste al-Shebab. Avec l’aide des forces de l’Union africaine, ces opérations militaires ont produit des résultats.
Selon un rapport de mars 2023 publié par le ministère de la Défense de Somalie, les opérations militaires ont libéré 70 villes et villages, et plus de 3.000 militants ont été tués et 3.700 blessés.
Mais les analystes avertissent que les pertes de terrain en Somalie pourraient inciter al-Shebab à lancer de nouvelles attaques dans le pays voisin du Kenya.
Les attaques d’al-Shebab au Kenya ont augmenté régulièrement au cours des cinq dernières années, y compris une hausse de 26 % en 2022, selon un rapport publié par le Centre pour les droits de l’homme et les études de politique basé à Nairobi.
La chercheuse Rahma Ramadhan a déclaré : « Al-Shebab continue à être une menace. La fréquence des attaques liées au terrorisme a augmenté au cours de l’an dernier, en prenant pour cible dans une grande mesure les responsables de la sécurité, surtout ceux en mouvement ou en patrouille, avec divers engins explosifs. »
Il y a eu 77 attaques en 2022 qui ont conduit à 116 morts, une augmentation comparé aux 51 attaques et 100 victimes en 2021. La moitié des attaques ont pris pour cible des responsables de la sécurité.
Les attaques de 2022 se sont concentrées dans quatre comtés près de la frontière entre le Kenya et la Somalie. Le comté de Mandera qui a subi 37 incidents liés au terrorisme est le plus affecté.
Le comté de Lamu a enregistré 21 attaques, le comté de Garissa 19 et le comté de Wajir 9.
Le Kenya avait envoyé des centaines de soldats, des chars d’assaut et des hélicoptères dans une action transfrontalière lors de l’opération Linda Nchi (« protégez le pays » en swahili) de 2011 approuvée par la Somalie. L’objet de la mission était de lutter contre l’intensification de l’insurrection d’al-Shebab, responsable pour plusieurs attaques et enlèvements sur la côte du Kenya.
Aujourd’hui, le Kenya est un pays qui contribue des soldats pour la mission de transition de l’UA en Somalie (Atmis), aux côtés du Burundi, de Djibouti, de l’Éthiopie et de l’Ouganda.
Al-Shebab, qui est lié à al-Qaïda, a attaqué plus récemment le Kenya avec une nouvelle approche : la guerre de guérilla.
Les experts tels que Mohammed Ibrahim Shire déclarent que l’intention du groupe terroriste est de « provoquer une réaction excessive et violente » de la part du Kenya contre l’ethnie somalienne vivant près de la frontière.
Le professeur Shire, maître de conférences en gestion des risques de sécurité à l’université de Portsmouth, signale que plus de 70 % des attaques de guérilla transfrontalières d’al-Shebab ont été effectuées dans la région Nord-Est du Kenya, qui inclut les quatre comtés en bordure de la Somalie.
Le professeur Shire écrit dans une étude publiée dans le journal African Security : « Une stratégie de provocation essaie de susciter une réponse violente et disproportionnée de l’état contre un auditoire cible pour mobiliser la population civile mécontente. »
« Son but est d’exposer le “visage répressif” du régime aux yeux de la population civile, auprès de laquelle les militants cherchent à gagner la sympathie et provoquer une résistance généralisée. »
Le professeur Shire, qui s’est entretenu avec 31 transfuges d’al-Shebab et 40 témoins des opérations de guérilla au Kenya, déclare que les terroristes cherchent aussi « un conflit d’attrition prolongé qui harcèle et cherche à épuiser une armée conventionnelle beaucoup plus forte ».
Le Kenya a renforcé la sécurité de sa frontière, notamment avec une unité de police anti-terroriste, des forces armées et des services de renseignement.
Toutefois, leur présence a fourni à al-Shebab davantage de cibles kényanes.
Dans un discours sur l’état de la sécurité en février, le secrétaire de cabinet de l’Intérieur Kithure Kindiki a déclaré que le Kenya a intensifié sa lutte contre al-Shebab.
« Nous avons perturbé à la source un grand nombre de conspirations de terreur, neutralisé et/ou arrêté des douzaines de terroristes présumés, et détruit un énorme dépôt d’armes et d’explosifs qui auraient pu gravement heurté notre personnel s’ils n’avaient pas été interceptés », a-t-il dit.
Il a déclaré que l’offensive des forces somaliennes et de l’UA a « énormément affaibli » al-Shebab. Mais les forces de sécurité kényanes restent en état d’alerte et ont amélioré leur collecte des renseignements pour se préparer au franchissement de la frontière par les militants.
« Nous avons intensifié nos patrouilles frontalières et augmenté notre surveillance de la prolifération des armes illicites et des stupéfiants », dit-il.
« Nous devons toujours frapper les premiers pour les neutraliser rapidement et éliminer leurs réseaux funestes. »
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