Africa Defense Forum

Après une série d’échecs en Ukraine, Wagner tourne son focus vers l’Afrique

PERSONNEL D’ADF

Après avoir perdu des dizaines de milliers de ses mercenaires dans la guerre en Ukraine, le groupe Wagner a commencé à réduire ses opérations là-bas pour pouvoir étendre son empreinte en Afrique, selon Bloomberg.

Ce changement se produit alors qu’Evgueny Prigojine, le chef de Wagner, déclare que la Russie limite Wagner en ne lui fournissant pas de munitions et de personnel de soutien.

Après avoir élargi ses forces en Ukraine avec des prisonniers russes et un petit nombre de combattants africains, Wagner a subi des défaites en Ukraine qui lui causent des difficultés pour recruter davantage de combattants, selon les analystes.

Wagner a récemment commencé à recruter pour remplacer les combattants qui sont morts en Ukraine, un nombre estimé à 30.000. Les publicités de recrutement déclarent que les nouveaux combattants passeront six mois en Ukraine, puis un maximum de 14 mois en Afrique.

En tournant son attention vers l’Afrique, Wagner place ses ressources et ses combattants dans un environnement où leur objectif principal sera probablement les gains financiers, selon Julia Steers, correspondante de VICE News à Nairobi et experte de Wagner.

En Afrique, les mercenaires de Wagner sont fréquemment employés contre des groupes rebelles mal équipés et mal entraînés ou contre des civils désarmés, plutôt que les soldats hautement entraînés et équipés qu’ils affrontent en Ukraine. En même temps, les opérations minières de Wagner au Soudan et en République centrafricaine (RCA) produisent des millions de dollars sous forme de minerai et soutiennent ses opérations africaines et l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

C’est la raison pour laquelle, selon Julia Steers, Wagner pourrait souhaiter amplifier le système qu’elle a créé en RCA, où les mercenaires de Wagner sont devenus des acteurs clés dans tous les secteurs, depuis le palais présidentiel jusqu’aux mines d’or et de diamant du pays.

Elle a déclaré dans le podcast « The Horn » de l’International Crisis Group (ICG) : « Ils contrôlent essentiellement tous les intérêts miniers du pays, toute la production minière, et ils contrôlent même leurs propres douanes. Est-ce que cela finira par faire bénéficier la République centrafricaine ? »

Les combattants de Wagner, invités initialement en RCA pour former les forces armées du pays, sont devenus récemment très impliqués dans les conflits internes. Ils ont attaqué brutalement les civils soupçonnés de prendre le parti des rebelles dans la guerre civile du pays, qui remonte à plusieurs décennies. Ils ont planté des mines terrestres sur les routes, attaqué les gardiens de la paix des Nations unies, exécuté les gens non armés et commis d’autres violations des droits de l’homme.

Entre-temps, Wagner utilise son service de propagande pour diffuser des messages pro-russes et anti-démocratiques en RCA et sur les réseaux sociaux des pays où elle cherche à avoir de l’influence, notamment au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo.

« La RCA est vraiment le modèle qu’ils souhaiteraient exporter vers d’autres pays dans un monde parfait », déclare Mme Steers.

Ceci pourrait s’avérer difficile dans les pays qui ont un gouvernement stable ou des forces armées plus robustes, ajoute-t-elle.

« Ils découvriront que cela ne s’applique pas nécessairement ailleurs, dit-elle à l’ICG. À long terme, ces pays ne vont pas bénéficier de la présence de Wagner là-bas. »

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