PERSONNEL D’ADF
Les organisations terroristes nécessitent des apports constants d’argent pour exister, et il existe des preuves de plus en plus fortes suggérant qu’elles obtiennent ce financement grâce au trafic des ressources naturelles.
Les articles que les groupes terroristes exploitent pour financer leurs opérations incluent le pétrole, le gaz, la faune sauvage, le bois et les minéraux tels que l’or, les diamants et le coltan. Les terroristes profitent souvent de la faiblesse de la réglementation, du manque de transparence et de la corruption manifeste dans les pays où ils saisissent ces ressources.
Alors qu’ils financent leurs propres opérations grâce au commerce illicite, les groupes terroristes retirent l’argent de l’économie locale et menacent la sécurité régionale, selon une analyse de l’Institut pour les études de sécurité (ISS) d’Afrique du Sud.
Selon Paul-Simon Handy, directeur d’Afrique de l’Est pour l’ISS, le problème s’aggrave alors que trop de pays ne font rien pour le résoudre.
Handy a déclaré récemment au Conseil de sécurité de l’ONU : « Les systèmes et les procédures sont en place. Mais les réponses politiques échouent à cause d’une crise d’inaction. »
Il a exhorté les pays africains à œuvrer ensemble pour combattre les activités criminelles transnationales, car les groupes terroristes et les ressources naturelles qui les financent franchissent librement les frontières internationales souvent poreuses du continent.
Dans bien des cas, les ressources illégalement obtenues sont sujettes au blanchiment en les mélangeant avec des articles légaux ou en les étiquetant faussement, avec l’aide des responsables gouvernementaux corrompus, pour faire croire qu’elles sont légitimes. L’une des ressources naturelles les plus trafiquées, le bois de rose, est un exemple de ressource sujette à un tel blanchiment.
Lorsqu’il présidait au Conseil de sécurité en octobre 2022, le représentant du Gabon aux Nations unies a fait appel à une action plus forte pour démanteler le financement terroriste, en particulier concernant la contrebande des ressources naturelles.
Michael Moussa Adamo, ministre des Affaires étrangères du Gabon, a souligné que la lutte contre le trafic des ressources naturelles en Afrique est cruciale pour éviter les conflits sur le continent.
Le trafic illicite des ressources naturelles par les groupes terroristes est un problème majeur au Mali, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, entre autres, selon le rapport du Gabon devant le Conseil de sécurité.
Le Gabon a suggéré plusieurs mesures pour limiter la capacité des terroristes à financer leurs opérations grâce à l’exploitation des ressources naturelles. Elles incluent :
- Ajouter une composante financière aux investigations concernant le trafic de la faune sauvage et des ressources naturelles.
- Renforcer les agences gouvernementales qui travaillent sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
- Partager les informations et les analyses sur le trafic de l’argent et des ressources par les terroristes, dans la région et au niveau international.
- Améliorer la coopération publique/privée pour examiner et valider les chaînes logistiques des ressources naturelles.
Il faut aussi faire plus attention à la façon dont les groupes terroristes utilisent les ressources naturelles pillées comme argent, en les déposant dans des banques clandestines à une extrémité de la chaîne financière et en recevant de l’argent à l’autre extrémité, selon U4 Anti-Corruption Resource Centre.
Les groupes terroristes ont beaucoup de traits communs avec les cartels du crime organisé, en ce qui concerne leurs opérations décentralisées et la façon dont ils financent leurs activités, selon U4.
« Non seulement ils prospèrent dans les mêmes circonstances contextuelles (illégales), mais les terroristes et les réseaux criminels deviennent aussi de plus en plus difficiles à différencier », écrivent les analystes U4 dans une étude sur le financement terroriste.
Selon M. Handy, la situation exige une plus grande coopération entre les pays.
Il a déclaré à l’ONU : « Les actions des états individuels sont insuffisantes pour combattre la criminalité transnationale.Nous exigeons donc une plus grande coopération internationale et une meilleure capacité administrative, sécuritaire et judiciaire de la part des gouvernements. »