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Selon un rapport de l’ISS, l’Iran arme les groupes extrémistes de la Corne de l’Afrique

PERSONNEL D’ADF

Depuis des années, les armes iraniennes parviennent en Somalie où elles sont vendues aux groupes extrémistes tels qu’al-Shebab et l’État islamique.

Grâce à des encouragements financiers, l’Iran a créé un réseau d’intermédiaires en Somalie et utilise le pays pour canaliser ses armes vers la milice houthiste du Yémen depuis 2016 environ.

Un nouveau rapport de l’Institute for Security Studies (ISS) révèle aussi que le réseau de contrebande d’armes s’étend probablement à des groupes liés à al-Shebab en Éthiopie, au Kenya et au Mozambique, ce qui augmente l’insécurité autour de la Corne de l’Afrique.

Les armes iraniennes sont aussi expédiées fréquemment en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Tanzanie, selon un reportage du magazine Foreign Policy.

Il n’existe aucune indication que le mouvement illicite des armes va se ralentir.

Au début janvier, les forces américaines ont intercepté un bateau transportant en contrebande plus de 2.000 fusils d’assaut AK-47 dans des eaux internationales entre l’Iran et le Yémen, route utilisée historiquement pour le trafic des armes destinées aux milices houthistes. Cette saisie est la plus récente interception d’armes à destination de la Somalie par les forces américaines.

Mais l’élimination de ce fléau nécessitera plus que l’appui des forces internationales, affirme le rapport de l’ISS.

Les pays de la Corne de l’Afrique peuvent déjà coopérer en matière de sécurité maritime par l’intermédiaire de la force opérationnelle de l’autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sur la mer Rouge et le golfe d’Aden. Et le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine a intensifié ses efforts pour mettre fin au trafic d’armes.

Selon le rapport, ces stratégies devraient être alignées avec les politiques maritimes nationales et régionales, ce qui exige la création d’un groupe consultatif au sein de la Commission de l’UA.

Le rapport offre d’autres suggestions qui pourraient aider à sécuriser le domaine maritime de la région. L’une consiste à élargir le mandat du groupe de contact sur la piraterie au large des côtes de Somalie (CGPCS) pour inclure un plus grand nombre de crimes maritimes.

Le CGPCS est un mécanisme de gouvernance international créé en 2009 pour combattre la piraterie. Cette initiative, ainsi que d’autres, se sont révélées efficaces. Entre 2016 et 2021, seulement 8 attaques de piraterie ont été signalées sur la côte somalienne, comparé à 358 entre 2010 et 2015.

Selon une autre suggestion, le protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les états limitrophes devrait être aligné avec l’initiative « Silencing the Guns » [Faire taire les armes] de l’UA, qui inclut les crimes maritimes. Cet alignement pourrait aider les gouvernements à collaborer sur les questions de sécurité maritime.

Toutefois, certains pays des régions de la Corne de l’Afrique et des Grands Lacs ne sont pas signataires du protocole.

David Willima et Tshegofatso Ramachela, auteurs du rapport de l’ISS, déclarent à ADF dans un e-mail : « Cela signifie certainement que les dispositions du protocole ne sont pas contraignantes pour les parties non étatiques, ce qui crée une lacune dans la coopération au niveau subrégional et dans les efforts liés à la prévention de la fabrication, du trafic et de l’emploi illicites des armes légères et de petit calibre. »

En outre, l’initiative « Silencing the Guns » de l’UA nécessite que les états africains alignent leurs stratégies et politiques nationales avec les structures continentales de l’UA.

« Sans harmonisation des politiques sur plusieurs niveaux, la fragmentation, l’incohérence et la mise en œuvre stagnante continueront à exister », disent les auteurs.

Le rapport de l’ISS fait aussi appel à une force opérationnelle maritime est-africaine dirigée par l’UA et l’IGAD. Elle pourrait susciter une plus grande coopération politique et sécuritaire dans la région.

« Pour le moment, il ne semble pas que des discussions officielles soient prévues pour créer une force de sécurité maritime est-africaine, déclarent les auteurs. De façon idéale, des discussions formalisant une force opérationnelle de sécurité maritime est-africaine devraient être priorisées dans les programmes de l’Union africaine et de l’IGAD. »

En 2019, des états membres de l’IGAD (Éthiopie, Djibouti, Kenya, Ouganda, Somalie, Soudan et Soudan du Sud) ont formé une force opérationnelle pour servir de plateforme dans le dialogue et la coordination des interventions régionales.

Cette force opérationnelle recoupe plusieurs autres initiatives de la région, notamment celle des Forces maritimes combinées qui a créé une nouvelle force opérationnelle navale internationale en 2022 pour améliorer la sécurité maritime sur la mer Rouge.

Des institutions multilatérales telles que le Conseil de la mer Rouge ont aussi été établies pour encourager la coopération en matières économiques et sécuritaires, notamment le trafic d’armes entre les pays arabes et africains. Ses membres incluent l’Arabie saoudite, Djibouti, l’Égypte, l’Érythrée, la Jordanie, la Somalie, le Soudan et le Yémen.

« Cette initiative a été bien accueillie, disent les auteurs du rapport. Toutefois, elle a été victime de la dynamique géopolitique du pouvoir et elle est parfois considérée comme excluant d’autres pays de la région tels que l’Éthiopie, la Turquie, le Somaliland et les Émirats arabes unis, ce qui sape les gains acquis à cause de la nature transnationale des crimes maritimes. »

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