Un nouveau rapport explique en détail ce que sont les navires de pêche illégaux qui appartiennent à la Chine
PERSONNEL D’ADF
Le tiers des navires pratiquant la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) en Afrique appartiennent à des sociétés chinoises, selon une étude conduite par la Financial Transparency Coalition (FTC).
La FTC signale que huit des dix premières sociétés mondiales pratiquant la pêche INN sont chinoises, notamment Pingtan Marine Enterprise et China National Overseas Fisheries Corp. en tête de la liste. Les deux autres sociétés sont originaires de la Colombie et de l’Espagne.
Près de la moitié des vaisseaux INN du monde sont actifs en Afrique, ce qui fait perdre au continent jusqu’à 11,5 milliards de dollars par an. L’Afrique de l’Ouest est la sous-région la plus affectée : la pêche illégale lui fait perdre jusqu’à 9,4 milliards de dollars par an et 40 % de la pêche INN dans le monde s’y produit, selon l’étude.
Matti Kohonen, directeur exécutif de la FTC, a déclaré à la chaîne d’information Al-Arabiya : « La stratégie [de la Chine] consiste à devenir une grande puissance de pêche. Ce faisant, ils finissent ainsi par enfreindre un grand nombre de lois de la pêche. Pour être une puissance responsable, vous devez réprimer ce problème. »
La pêche illégale profite de l’insuffisance de la surveillance, du contrôle et de la vigilance. Cette pratique a fait chuter les stocks de poissons au large des côtes d’Afrique de l’Ouest et menace les moyens de subsistance des travailleurs de la pêche.
Les bateaux de pêche étrangers sont bien connus pour abuser des règles locales en inscrivant un vaisseau de pêche appartenant à et exploité par une société étrangère dans un registre africain pour pêcher dans les eaux locales. Ceci aide les propriétaires du vaisseau à éviter les fardeaux financiers et autre réglementation.
Ces registres en ligne sont ouverts et peu supervisés. Cela veut dire qu’une société de pêche chinoise peut s’enregistrer pour pêcher au Ghana et payer électroniquement les droits d’enregistrement.
Les opérateurs de pêche INN utilisent aussi couramment des sociétés fantômes et des accords de coentreprise qui rendent difficiles l’investigation et les poursuites intentées contre les navires accusés de pratiquer la pêche INN.
Les sociétés fantômes sont créées pour détenir les fonds et gérer les transactions financières d’une autre personne morale ou physique. Elles ressemblent à des sociétés réelles mais n’existent que sur le papier. Un accord de coentreprise est une entente entre deux sociétés ou plus afin de créer une nouvelle société pour leur avantage mutuel.
Le Dr Kohonen a déclaré à Al-Arabiya que, pour la Chine, il s’agit de « l’accès aux eaux de pêche, l’approvisionnement de poisson sur un marché de consommateurs en pleine croissance, qui mangent de plus en plus de viande et de poisson. Ils enfreignent certaines lois de la pêche parce que les contrôles sont inexistants. Les gardes côtières de l’Afrique de l’Ouest n’ont pas suffisamment de capacité, et c’est donc très facile. »
Les autorités ghanéennes en ont assez
Une enquête conduite par l’Environmental Justice Foundation (EJF) a révélé que 90 % des navires de pêche industriels actifs au Ghana appartiennent à des sociétés chinoises, qui agissent souvent par l’intermédiaire de sociétés de façade camouflées. Le Ghana perd annuellement 50 millions de dollars à cause d’accords opaques avec des sociétés étrangères, selon l’enquête.
Au Ghana, les résultats de la surexploitation sont catastrophiques.
Plus de 100.000 pêcheurs et 11.000 pirogues sont actifs dans le pays, mais le revenu annuel moyen a baissé jusqu’à 40 % par pirogue artisanale au cours des quinze dernières années, selon la fondation.
Les stocks de petits poissons pélagiques tels que la sardinelle ont baissé de 80 % au Ghana au cours des vingt dernières années. Une espèce appelée sardinella aurita a entièrement disparu, selon la fondation.
Mavis Hawa Koomson, ministre ghanéenne des Pêches et du Développement de l’aquaculture, a priorisé le renforcement de la répression contre ceux qui enfreignent les lois de pêche du pays, notamment ceux qui pêchent illégalement pendant la saison de fermeture.
Elle a déclaré lors d’une cérémonie du mois d’août pour la livraison d’un approvisionnement aux transformateurs de poissons : « En ce moment, lorsqu’ils sont arrêtés et appelés à comparaître devant les tribunaux, ils sont seulement condamnés à une amende et ils sont libérés. Nous allons avoir une discussion et nous assurer d’inclure aussi dans nos lois que, lorsque vous êtes arrêté, vous devez rester en prison pendant au moins trois mois ou six mois maximum ; ceci pourrait les dissuader. »
D’autres ont fait appel aux pêcheurs artisanaux et aux marchands pour qu’ils signalent les activités illégales qu’ils observent.
Joojo Solomon, président par intérim du Conseil national des pirogues, a déclaré lors de l’événement du mois d’août : « Cessez d’acheter auprès de ceux qui emploient des moyens de pêche illégaux et non réglementés. Ces poissons ne sont pas bons. Et je vous en prie, signalez ces gens lorsque vous les voyez. Si vous voyez quelque chose, dites quelque chose. »
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