Africa Defense Forum

Selon des analystes, le refus d’accepter les élections est probablement à l’origine du coup d’État de Sao Tomé-et-Principe

PERSONNEL D’ADF

La tentative de coup d’État qui a frappé Sao Tomé-et-Principe vers la fin novembre était probablement due aux élections nationales conduites dans le pays l’année précédente, selon les experts familiarisés avec la politique et l’histoire de ce pays insulaire.

La cause exacte de la tentative de putsch fait toujours l’objet d’une investigation par le Portugal, invité par le gouvernement actuel à conduire cet examen.

Le gouvernement en exercice est dirigé par le président Carlos Vila Nova et le Premier ministre Patrice Trovoada. Ils sont entrés en fonction respectivement en octobre et novembre 2021. La tentative de coup d’État a eu lieu pendant la nuit du 24 au 25 novembre 2022.

Lorsqu’il a demandé une investigation, le président a décrit les putschistes comme « des gens qui n’acceptent pas les résultats des élections ».

L’ex-président de l’Assemblée nationale Delfim Neves est l’un des quatre civils et douze soldats accusés d’avoir participé au putsch. Il était arrivé en troisième place lors des élections présidentielles nationales de juillet 2021. Il avait aussi perdu son poste de leader de l’Assemblée nationale l’an dernier après la défaite de son parti.

À l’époque, il avait déclaré qu’une fraude électorale avait été commise et s’était plaint devant les tribunaux, ce qui avait retardé le deuxième tour de scrutin en septembre 2021. Les tribunaux ont rejeté sa plainte.

La tentative de coup d’État de novembre était la troisième en près de vingt ans pour Sao Tomé-et-Principe, pays qui a gagné une réputation de modèle démocratique en Afrique. Les coups d’État précédents en 2003 et 1995 ont été lancés par des soldats mécontents de leur salaire.

Jonathan Powell, expert des coups d’État à l’université de la Floride centrale (États-Unis), déclare que ce n’est pas le cas cette fois.

Sur le site web Political Violence at a Glance, il note que M. Neves, en tant que président de l’Assemblée nationale, a essayé de retarder le deuxième trou de scrutin présidentiel au-delà du mandat d’Evaristo Carvalho, le président sortant.

Neves a soutenu qu’il deviendrait ainsi président par intérim jusqu’à ce que les élections aient lieu. Les opposants politiques de M. Neves, appartenant au parti Action démocratique indépendante (ADI), l’ont accusé d’organiser en fait une tentative de coup d’État. L’ADI a plus tard remporté une majorité dans l’Assemblée nationale, ce qui a fait perdre à M. Neves son poste de président de cette chambre.

En plus de M. Neves, Alercio Costa est l’une des personnes accusées de la tentative de putsch. M. Costa est un ancien mercenaire et membre du 32ème bataillon d’infanterie d’Afrique du Sud (dissout), appelé aussi le bataillon des buffles. Des membres du bataillon des buffles avaient aussi participé au coup d’État de 2003 à Sao Tomé-et-Principe.

Gerhard Seibert, expert de Sao Tomé-et-Principe à l’université de Lisbonne, pense qu’il existe une autre raison pour le putsch : les intérêts commerciaux du Front démocratique chrétien, le parti politique du bataillon des buffles. Ces intérêts incluent les ressources pétrolières potentielles de Sao Tomé-et-Principe, qui restent pour le moment essentiellement inexploitées.

Comme M. Neves, M. Costa a été arrêté chez lui et identifié comme un « sponsor » de la tentative de coup d’État. Plus tard, disent les forces armées, il est décédé lorsqu’il a sauté d’un camion.

Trovoada signale qu’à la suite de la perturbation du putsch par l’armée, cette dernière a conduit des exécutions extra-judiciaires.

Il déclare à l’agence de presse Lusa du Portugal : « Il y a eu au minimum une carence du commandement. Les personnes prises en charge par les Forces armées ne peuvent pas mourir, elles sont en détention. »

Comments are closed.