Africa Defense Forum

Les chalutiers ciblent illégalement les requins pour leurs ailerons, en décimant ainsi les stocks

PERSONNEL D’ADF

Ceux qui observent depuis longtemps la pêche illégale déclarent que la collecte des ailerons de requin est l’une des pratiques les plus barbares commises en mer. Lorsqu’un requin est pêché, ses ailerons sont en général arrachés et son corps est rejeté à l’eau, pour laisser le poisson mourir d’une mort lente.

Les pays tels que la Gambie et l’Afrique du Sud ont complètement interdit la collecte des ailerons de requins, mais de nombreux autres pays l’autorisent si le nombre de carcasses de requin sur un bateau correspond au nombre d’ailerons.

La société chinoise Dalian Ocean Fishing pêche des quantités stupéfiantes de requins dans les eaux du continent, selon un reportage de Mongabay dans lequel des dizaines de marins qui travaillaient pour la flotte de la société d’environ 35 palangriers ont été interviewés. La soupe d’ailerons de requin est considérée comme un mets de qualité en Chine et dans d’autres régions.

Les palangriers utilisent typiquement des milliers d’hameçons munis d’appâts qui sont remorqués dans l’eau pour pêcher le thon et d’autres poissons. Mais les bateaux de Dalian Ocean Fishing emploient un équipement illégal pour attraper des dizaines ou des centaines de milliers de requins chaque année, y compris des espèces protégées, selon les interviews de Mongabay.

En 2019, les bateaux de la société actifs dans le Pacifique Ouest ont secrètement attrapé plus de requins que le total officiel signalé par toute la flotte chinoise de palangriers dans la région, selon des informations fournies par les anciens matelots à Mongabay.

« Le fait qu’une poignée de bateaux de pêche puisse pêcher plus de requins que le total signalé par leur flotte toute entière pendant l’année met en danger la durabilité, ainsi que la détermination de la situation des stocks de requins par les scientifiques. Il provoque aussi un désavantage concurrentiel pour les opérations de pêche responsables », déclare à Mongabay Rachel Hopkins, directrice de projet pour les pêches internationales aux Pew Charitable Trusts.

Selon Marine Policy, les humains pêchent 100 millions de requins par an et la surexploitation fait courir aux requins un risque d’extinction.

Depuis 1970, les stocks mondiaux de requins ont chuté de 71 %, selon une étude publiée par nature.com.

Nathan Pacoureau, biologiste marin à l’université canadienne Simon Fraser, déclare à Mongabay : « Au cours des cinquante dernières années, la population humaine et les activités de pêche ont doublé alors que la pêche des requins a triplé. Compte tenu de leur nombre en diminution, cela signifie que les pressions relatives exercées par la pêche sur les requins et les raies sont maintenant dix-huit fois plus fortes. »

L’Environmental Justice Foundation a récemment interviewé plus de 115 Indonésiens qui avaient travaillé sur 88 chalutiers chinois. 95 % d’entre eux ont déclaré qu’ils avaient vu des requins dont les ailerons étaient arrachés à bord des vaisseaux.

« Je suis tout à fait ébahi par l’ampleur des abus que nous avons découverts », a déclaré à Mongabay Steve Trent, PDG de la fondation.

Un ancien matelot a dit à la fondation qu’ils avaient pêché « d’innombrables requins ».

« Suffisamment pour détruire tout un écosystème. »

M. Trent ajoute : « La collecte des ailerons de requin semble être pratiquée par l’ensemble de la flotte en eaux distantes chinoise. Ce n’est pas seulement un élément dévoyé. »

En 2019, la Chine a interdit la collecte des ailerons de requin et la pêche délibérée des requins, mais les experts disent que cette interdiction n’est pas appliquée.

« L’agence principale qui en est responsable relève du gouvernement chinois, déclare M. Trent à Mongabay. Ils sont responsables, ils devraient exercer un contrôle beaucoup plus grand mais ils ne le font pas. »

La Chine est le pire contrevenant mondial de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), selon l’Indice de pêche INN.

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