Le mois de l’amnistie est une petite étape pour « faire taire les armes »
PERSONNEL D’ADF
Les autorités du Liberia, de la Tanzanie et du Togo œuvreront avec les responsables des Nations unies en septembre pour collecter les armes illicites légères et de petit calibre.
Le Bureau des affaires de désarmement de l’ONU (UNODA) collabore avec les trois pays cette année pour soutenir l’initiative « Silencing the Guns » [Faire taire les armes] de l’Union africaine, dans le cadre du programme Agenda 2063 de l’UA. Ce programme approuvé en 2013 représente la vision panafricaine d’un demi-siècle pour une « Afrique intégrée, prospère et pacifique, gérée par ses propres citoyens, représentant une force dynamique dans le contexte international », selon l’UA.
L’initiative « Silencing the Guns » est l’un des quinze programmes envisagés par Agenda 2063. Les autres comprennent la cybersécurité, la stratégie spatiale continentale, le passeport africain assurant le libre mouvement des peuples et l’établissement de la zone de libre-échange du continent africain, qui est entrée en vigueur en mai 2019.
« Silencing the Guns » veut dire mettre fin aux guerres, aux conflits civils et à la violence sexiste, et empêcher les génocides, selon l’UA.
Le but semblerait être un défi colossal sur le continent accablé par plusieurs conflits armés auxquels participent les groupes extrémistes, les milices, les bandes armées et autres conflits ethniques et militaires. Le Nord du Nigeria, le bassin du lac Tchad, le Mali, le Burkina Faso, le Nord du Mozambique et les pays de la région des Grands Lacs affrontent tous des conflits armés insolubles.
Beaucoup d’entre eux, en particulier ceux du Sahel, sont aggravés par la propagation non contrôlée des armes légères et de petit calibre. Depuis 2017, l’UA a désigné septembre comme le « Mois de l’amnistie en Afrique pour faciliter la remise et la collecte des armes illicites légères et de petit calibre », ce qui offre aux pays un moyen limité et réalisable de réduire la prolifération des armes et de la violence.
L’UA prévoyait initialement de poursuivre l’initiative « Silencing the Guns » jusqu’à la fin 2020. Mais à l’époque, il est devenu évident que l’objectif ne serait pas atteint, aussi a-t-elle prolongé la date limite à la fin 2030. Certains observateurs considèrent que cette date constitue aussi un défi.
Liesl Louw-Vaudran, chercheuse principale à l’Institut d’études sur la sécurité d’Afrique du Sud, a écrit en juin 2022 : « Les cyniques prédisent déjà que cela ne sera pas réalisé, étant donné la tendance d’insécurité qu’affronte le continent. Ceci inclut la prolifération du terrorisme et de l’extrémisme violent, la recrudescence des coups d’état, l’instabilité liée aux ressources et les conflits dans des zones telles que la région des Grands Lacs, et les conflits internes tels que ceux du Soudan du Sud, de la Libye, de l’Éthiopie et du Cameroun. »
Toutefois, le programme d’amnistie concernant les armes offre l’opportunité d’un impact mesurable, bien que limité. Le Burkina Faso, Madagascar, la République centrafricaine, le Soudan et la Zambie ont participé au premier mois d’amnistie en septembre 2017. En 2020, l’UNODA a aidé sept pays à y participer : Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Kenya, République centrafricaine et République démocratique du Congo.
L’an dernier, l’UNODA a soutenu la participation de Madagascar, du Niger et de l’Ouganda. Les efforts ont continué jusqu’en avril 2022, lorsque 1.497 armes ont été détruites à l’occasion d’un événement public, selon la publication onusienne Africa Renewal.
Ivor Richard Fung, directeur adjoint de l’UNODA, division des armes conventionnelles, a déclaré à Africa Renewal en 2020 que les civils possèdent 85 % des armes légères et de petit calibre dans le monde. En Afrique, les civils détiennent plus de 40 millions de ces armes, dont la plupart ne sont pas enregistrées.
Il a dit que l’amnistie cible les armes légères et de petit calibre, y compris tous les types de pistolets, mousquets, fusils, fusils d’assaut, carabines conventionnelles et munitions.
La campagne d’amnistie inclut en général la diffusion du danger du trafic des armes légères, la promesse de ne pas traduire en justice ceux qui se présentent en septembre, la collecte des armes et leur destruction.
Certains aspects importants du programme « Silencing the Guns » continueront à poser un défi. Covid et l’éventail complexe des conflits du continent s’avéreront difficiles à surmonter, en particulier à cause de l’impossibilité pour l’UA de contourner la souveraineté de ses états membres, écrit Liesl Louw-Vaudran. Toutefois, pour donner plus de clarté à cet effort, l’assemblée de l’UA a adopté en février 2022 une structure de surveillance et d’évaluation qui répartit les travaux en catégories économiques, juridiques, politiques et sociales. Un plan de mise en œuvre est en cours de développement.
« Si l’on s’appuie trop sur les structures, documents et comités, un danger existe selon lequel les citoyens ordinaires s’attendront à voir des résultats concrets, écrit Liesl Louw-Vaudran. Les Africains souhaitent un continent plus pacifique et prospère avant la fin de la décennie, sans aucune explication. Cela excède clairement l’ampleur de ce que l’UA et ses organes et institutions peuvent fournir si un nouveau moyen de gérer la paix et la sécurité n’est pas adopté. »
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